Afrique et Moyen-Orient
04/08/2009 21:35

Mahmoud Abbas ouvre le congrès du Fatah

Le premier congrès du Fatah depuis 20 ans s'est ouvert mardi à Bethléem, "un miracle" pour Mahmoud Abbas qui espère renforcer un parti très affaibli ces dernières années. Le président de l'Autorité palestinienne a appelé à rejeter le terrorisme et ne pas renoncer aux pourparlers avec Israël malgré l'absence de progrès du processus de paix.


"La tenue même de ce congrès est un miracle, et sa tenue dans notre patrie est un autre miracle", a déclaré le président de l'Autorité palestinienne et chef du Fatah dans les centaines de délégués du parti. "Mais l'issue du congrès est plus importante que ces deux miracles."

Vingt ans après Tunis en 1989, le Fatah fondé par le défunt Yasser Arafat apparaît fragilisé par ses divisions, une réputation de corruption et la montée en puissance des islamistes du Hamas. Ce premier congrès en territoire palestinien est censé lui permettre de se renouveler, surmonter ses échecs et retrouver la confiance des Palestiniens.

Mahmoud Abbas espère une démonstration d'unité qui lui donnerait plus de poids face au Hamas, au pouvoir dans la Bande de Gaza depuis deux ans, et au nouveau gouvernement israélien de Benyamin Nétanyahou, hostile aux concessions.

Les délégués réunis pour trois jours à Bethléem en Cisjordanie seront appelés à entériner l'approche pragmatique de Mahmoud Abbas et renouveler la direction du parti -mais pas le président.

Dans son long discours d'ouverture, Mahmoud Abbas est revenu sur l'histoire du Fatah, fondé en 1965 comme mouvement de guérilla palestinien jusqu'aux accords d'Oslo de 1993 marquant le début du processus de paix avec Israël.

Le dirigeant palestinien a reconnu nombre de revers dans des pourparlers désormais au point mort. Depuis son retour au pouvoir cette année, Benyamin Nétanyahou n'a apporté son soutien que du bout des lèvres et sous conditions à la création d'un Etat palestinien indépendant. "Les gens ont le droit de dire (...) que ces négociations sont vaines", a reconnu M. Abbas. "Pour autant, il y a une lueur d'espoir et nous devons poursuivre sur cette voie, dans l'intérêt du peuple."

Abou Mazen a expliqué que le Fatah avait renoncé au terrorisme quand Yasser Arafat avait proclamé unilatéralement pour la première fois l'indépendance des Palestiniens en 1988. "Nous ne sommes pas des terroristes, et nous rejetons toute description de notre lutte légitime comme du terrorisme", a-t-il lancé. "C'est notre position ferme et permanente."

Le Congrès ne manquait néanmoins pas des symboles de la résistance armée, comme une bannière montrant un petit garçon une Kalachnikov à la main. Le projet de programme politique n'exclut pas non plus explicitement l'usage des armes.

Toutefois, alors que dans le précédent programme de 1989, l'appel à la "lutte armée" contre Israël jouait encore un rôle central, elle est marginalisée dans le nouveau projet, au profit des négociations et des manifestations de rue.

Le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak a néanmoins dit ne pas se sentir concerné outre mesure par les déclarations du congrès. "Le test, ce sera après le Congrès. Nous verrons ce que l'Autorité mettra sur la table des négociations. C'est ça qui compte."

Mahmoud Abbas a aussi fustigé le Hamas. Signe des tensions accrues entre les deux factions rivales, le Mouvement de la résistance islamique a empêché quelque 400 délégués du Fatah de quitter la Bande de Gaza pour Bethléem.

Le Hamas, qui avait remporté les législatives palestiniennes de 2006, contrôle la Bande de Gaza depuis son coup de force de juin 2007. Mahmoud Abbas a accusé ses dirigeants de mener une vie aisée alors que la population de la Bande de Gaza souffre sous le bouclage d'Israël et de l'Egypte.

Il a aussi jugé que le refus du Hamas de reconnaître le droit à l'existence d'Israël, comme le réclame la communauté internationale, représentait un obstacle à la reconstruction du territoire après les trois semaines d'offensive israélienne cet hiver. Mais il s'est dit prêt à reprendre les pourparlers de réconciliation lancés au printemps sous l'égide de l'Egypte, jusqu'ici sans résultat.

Le parlementaire du Hamas Mushir al-Masri a rétorqué que Mahmoud Abbas s'était "comporté comme un clown dans son discours et (avait) mélangé de nombreux faits".

Les luttes intestines du Fatah, en proie notamment à un sérieux conflit de générations, s'annoncent tout aussi vives. Seul un quart des plus de 2.200 délégués ont été élus par la base. Les autres ont été désignés par M. Abbas et un petit comité, ce qui pourrait se révéler un obstacle à un réel renouvellement de la direction.


Source: Associated Presse via Yahoo News


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