Art et Culture
20/11/2008 15:22

Lucien Clergue raconte Picasso

Paris- Picasso aimait être photographié, à condition d'imposer la pose. Lucien Clergue l'a démontré lors d'une conférence donnée aux Beaux-Arts de Paris le 13 novembre.



Le photographe, connu pour avoir fondé les Rencontres photographiques d'Arles, revenait en mémorialiste sur ses rencontres avec le peintre.

Le ton est juste, le récit appuyé sur de nombreuses photos, certaines méconnues. Les plus anciennes datent du jour de 1953 où le jeune homme reconnaît l'artiste parmi les aficionados qui entrent aux arènes d'Arles. Les dernières sont de 1971, deux ans avant la mort de Picasso.

Entre-temps, ses visites au peintre dans les ateliers de la Californie et de Notre-Dame-de-Vie, à Mougins (Alpes-Maritimes) sont nombreuses. Clergue, avec son appareil ou sa caméra, saisit des images du capharnaüm picassien, oeuvres anciennes et toiles à peine sèches mêlées, masques africains et bibelots. Des projecteurs sont installés parce que Picasso aime travailler la nuit. Les amis - Cocteau, Clouzot - sont là souvent, les marchands - Zette Leiris, Sam Kootz - aussi, et Jacqueline presque toujours. Elle veille.

Sur la plage, Picasso se montre en dieu antique, drapé dans une serviette de bain. A la corrida, il apparaît coiffé du chapeau de cow-boy que lui a offert Gary Cooper. Il joue aussi bien au grand-père gâteau qu'à l'oracle impénétrable. Un soir où le guitariste Manitas de Plata joue chez lui, il se déguise en femme pour danser le flamenco. Il compose sa légende. Clergue le dit : "J'ai travaillé pour lui."

Parmi ses souvenirs, il en est qui appartiennent à l'histoire, tels ceux sur les relations tortueuses de Picasso avec Matisse et sur sa collaboration avec les frères graveurs Aldo et Piero Crommelynck. D'autres sont moins attendus : Picasso ironisant sur la symbolique de la colombe - "une idée d'Aragon" - ou offrant une tournée de manzanilla pour fêter la fin des grèves de Mai 68... Ou cet autre, une phrase énigmatique que Picasso, raconte Clergue, a écrite un soir sur une petite toile à l'attention de son ami Edouard Pignon : " Tant que ton tableau n'est pas raté, c'est qu'il est raté."


Source: Yahoo News

Awa Diakhate



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