France
28/10/2008 16:14

Les syndicats sans grande illusion

Paris- Les syndicats, qui réclament depuis des semaines des mesures pour les salariés face à la crise, attendent sans grande illusion les annonces du président Sarkozy sur l'emploi


Après les aides aux banques et aux entreprises, Nicolas Sarkozy doit présenter lors d'un déplacement à Rethel (Ardennes) un troisième volet de mesures sur l'emploi, très attendu à deux jours de la publication du nombre de demandeurs d'emploi inscrits en septembre à l'ANPE.

"Les banques ont été largement consultées sur ce qu'il convenait de faire pour les banques, les organisations patronales ont été consultées sur ce qu'il convenait de faire au niveau des entreprises, mais les syndicats de salariés ne sont absolument pas appelés à s'exprimer sur ce qu'il convient de faire" pour les salariés, déplorait la semaine dernière le dirigeant de la CGT, Bernard Thibault.

A Rethel, le chef de l'Etat devrait annoncer qu'il maintient le cap de la fin d'année pour la fusion Unedic-ANPE et la réforme de la formation professionnelle. Il officialisera aussi la relance des contrats aidés et l'extension du contrat de transition professionnelle (CTP) pour les victimes de licenciements économiques.

"Ce sont des mesures de type curatif", a déclaré lundi à l'AFP le secrétaire général de Force Ouvrière Jean-Claude-Mailly. "Et ça laisse complètement vierge la nécessité et l'urgence de modifier la politique économique et sociale, de prendre des initiatives sur la consommation notamment", a-t-il ajouté.

Le gouvernement souhaite également favoriser les emplois dits "de demain", dans des secteurs en expansion comme les services à la personne, le numérique ou l'environnement.

"Si on investit dans la recherche pour les emplois de demain, il faut aussi penser aux emplois d'aujourd'hui", rappelait au début de la crise le secrétaire général de la CFDT François Chérèque.Depuis septembre, les syndicats répètent que la situation économique est aggravée par plusieurs années de politique défavorable au pouvoir d'achat des salariés, qui a fortement pénalisé la demande.

"Le partage dans la valeur ajoutée s'est déplacé de 10% au détriment du travail", a rappelé dimanche Maryse Dumas (CGT). Mais "comme il fallait de la consommation pour que la production puisse s'écouler, on a développé l'endettement des ménages", a-t-elle analysé, estimant que les salariés écopaient aujourd'hui d'une "double peine". "La mesure prioritaire, c'est le pouvoir d'achat, les salaires, les minima sociaux", a résumé la syndicaliste.

D'autant que l'application du slogan présidentiel "Travailler plus pour gagner plus" via des mécanismes comme les heures supplémentaires ou l'intéressement, largement tributaires des variations de l'activité économique, est "aujourd'hui à contre-temps", souligne M. Mailly.

"La défiscalisation des heures supplémentaires détruit des emplois", a souligné M. Chérèque, qui réclame une "suspension" du bouclier fiscal pour dégager des moyens budgétaires et envoyer un signal fort aux salariés.

Car au delà de leur impact économique, les mesures annoncées mardi seront porteuses d'une forte charge symbolique après les appels à "l'unité nationale" du Premier ministre François Fillon.

Aujourd'hui, le sentiment général, c'est surtout que "le travailleur va payer pour le spéculateur", déclarait samedi dans Libération le directeur de l'Institut de recherches économiques et sociales (Ires) Jean-Louis Levet.


Source: Yahoo News


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