France
05/09/2014 00:44

Les sans-dents instrumentalisés

Toute la toile en parle, tous les journaux en ligne ont écrit un papier sur le sujet: François Hollande aurait dit des pauvres qu'ils étaient des «sans-dents». C'est, selon la presse, ce qu'a écrit son ex-compagne, Valérie Trierweiler. La contestation a démarré comme une trainée de poudre. Les mouvements contestataires sont à l'extrême droite (qui en profite pour essayer de fâcher les pauvres et les étrangers, les derniers, selon elle, prenant le pain des premiers) et chez Attac, à l'extrême gauche. Certains partisans de l'extrême gauche semblent donc capables de tomber d'accord avec l'extrême droite au moins sur ce point. Il est navrant de constater que ce soutien aux pauvres n'est soulevé que par une formule, qu'il s'évanouira au prochain fait divers et que, dans quelques jours, la pauvreté de près de 15% des Français laissera tout le monde ou presque dans l'indifférence. Ébahis par le camouflet, les commentateurs ne semblent pas avoir rapproché la peine de Valérie Trierweiler de celle qu'elle a provoqué chez les pauvres en publiant cette formule. Hélas, il est à craindre que cette publication fasse faner tous les lauriers qu'elle a récoltés en côtoyant les associations de bienfaisance. Revue de presse:


Les "sans-dents" de Hollande envahissent les réseaux sociaux: Dans son livre "Merci pour ce moment" paru ce jeudi, Valérie Trierweiler écrit notamment: "Il s'est présenté comme l'homme qui n'aime pas les riches. En réalité, le président n'aime pas les pauvres. Lui, l'homme de gauche, dit en privé: 'les sans-dents' très fier de son trait d'humour." Alors que l'opposition évite d'en rajouter, Nicolas Bay, secrétaire général adjoint du Front national, a réagi le premier mercredi au récit acide de l'ex-compagne du chef de l'Etat. "L'expression témoigne du mépris dans lequel le président de la République tient le peuple", a-t-il écrit avant de rappeler son opposition à l'Aide médicale d'Etat destinée aux étrangers en situation irrégulière. "Pour Hollande et les autres, les sans-grade deviennent ainsi les 'sans-dents'. Il est vrai que ces Français-là n’ont même pas l’aide de la généreuse AME pour se soigner convenablement, celle qui permet même aux clandestins de ne pas être des "sans-dents". (Reuters)

Pour Valls, les attaques de Trierweiler abaissent le débat: "On abaisse le débat", a dit le Premier ministre lors d'un déplacement en Moselle, en évoquant "des attaques outrancières". "J'en appelle au respect de la vie de chacun et à la dignité de ces débats publics." "Nous ne nous laisserons en aucun cas entraîner dans ces discussions", a poursuivi Manuel Valls. "Ce que les Français attendent du gouvernement et de moi-même comme Premier ministre, c'est de répondre à leurs attentes." Ségolène Royal, mère des enfants de François Hollande, a quant à elle déclaré jeudi que l'affirmation par Valérie Trierweiler qu'il n'aimait pas les pauvres était "n'importe quoi". (Reuters)


Le premier [mouvement de contestation] est visiblement l'œuvre de militants anti-Hollande déjà rodés, proches du syndicat étudiant UNI, et relayés par les mouvements du type « Hollande démission », à l'origine des sifflets qui ont accompagné le chef de l'Etat lors des défilés du 14-Juillet. En quelques heures, ils ont créé, un compte Twitter, une page Facebook, et même un site web. Leurs revendications sont assez floues : «Hollande méprise le peuple», estiment-ils, appelant à des rassemblements en France. Sans surprise, on retrouve les qualificatifs de «Flamby» et des expressions fleuries, de «Hollande dégage» à «mieux vaut être sans dents que sans couilles». … Mais à l'autre bout du spectre politique aussi, on s'est emparé de l'expression. Le mouvement Attac relaie depuis mercredi un autre compte, «Nous les sans-dents», qui dénonce pour sa part les «chômeurs stigmatisés, salariés maltraités, pauvres insultés, paysans sacrifiés, retraités délaissés…» (Lemonde.fr)


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