Textes Littéraires
01/12/2005 23:55

Les enfants des ténèbres -7-

Roman - Chapitres 6 & 7

Les enfants communient, les enfants prient. Ce jour là, comme tous les jours, ils marchaient. Sans nom, sans terre, sans maison... Ils allaient là où leur instinct le leur ordonnait. Tous savaient qu'il leur faudrait se défendre, survivre. Et avec un peu de chance, passer. Un mince fil mental les reliait, les faisait UN.



"AVE MARIA AVE MARIA
JOSEPH N'EST PAS CE que L'ON DIT
DEMAIN LA NUIT DEMAIN LA VIE
L'ENFANT EST LA L'ENFANT EST NE
DU FOND DES TÉNÈBRES IL EST ARRIVE
IL EST NOTRE VENGEANCE NOTRE RÉPIT
GARE A VOUS TOUS LES MAUDITS
JOSEPH N'EST PAS CE QUE L'ON DIT"
Les enfants communient, les enfants prient. Ce jour là, comme tous les jours, ils marchaient. Sans nom, sans terre, sans maison... Ils allaient là où leur instinct le leur ordonnait. Tous savaient qu'il leur faudrait se défendre, survivre. Et avec un peu de chance, passer. Un mince fil mental les reliait, les faisait UN.
Parfois, l'un ou l'autre récitait. Chacun ressentait, vivait ce chant dans sa tête, sur sa peau. Puis, le froid les pénétrait, la joie les emportait.
Parmi ceux qui croisèrent leur chemin, certains remarquèrent ils leurs cheveux longs jusqu'à la taille, leur grande disparité de couleur de peau et de races ?
C'était trop tard. Les enfants avaient appris la méfiance... Lorsque la nuit tombait, ils formaient des petits groupes. Ils voulaient s'entraider, réfléchir, refuser de n'être qu'instinct.
- Je ne peux pas passer."
- Pas la force?"
- Oui, aide moi."
L'autre se lève, dit: viens. Tous deux s'engagent dans la ruelle qu'ils ont remarquée. L'un avise les barreaux d'une fenêtre. L'autre y insère la tête.
Le premier tire, son corps plongeant brusquement à droite puis à gauche dans un lent mouvement de balancier. La tête casse, se détache du cou. Le premier pleure, l'autre ne sent plus rien, même pas le flot de sang qui, s'échappant, provoque les derniers spasmes de la vie; ceux qui font se soulever et s'abattre sa petite jambe.








CHAPITRE VII








A l'Eguière ... Plusieurs fois par jour, Bébé hurlait son désespoir, sa volonté de ne pas être seul. Souvent, Laurence descendait au sous-sol, là où l'ermite avait aménagé la cage fortifiée. Agrippée aux barreaux de dix centimètres d'épaisseur, elle sanglotait. Bébé était son lien avec l'autre univers, ses sanglots la rassuraient. Ce n'était pas comme ces larmes étrangères qui, s'échappant de ses paupières, pénétraient en elle par la commissure de ses lèvres entrouvertes.
Bébé, de sa voix déjà mûre, savait crier Maman. Il avait alors un sourire à la fois sournois et tendre. Elle ne le percevait pas ainsi. Elle savait ... Laurence savait que Bébé cherchait à les quitter, mais pourquoi? Pourquoi ne comprenait il pas que ses parents étaient ses alliés, qu'ils n'avaient qu'un désir, le suivre?
Il fallait tenir, tenir à tout prix. Jusqu'à ce qu'il soit en âge d'expliquer, de comprendre ... A doc de veiller sur le reste. La confiance qu'elle mettait dans le projet du vieux médecin était infinie. N'avait il pas effacé jusqu'aux cicatrices qui lardaient son ventre?
Et cette façon qu'il avait en lui souriant, de lui susurrer:
- Tu es une rose Laurence, une si jolie petite rose. "

Le chat ... Il était entré dans la cage. Il hurla pendant de longues minutes qui parurent des heures.
Bébé avait fini par le broyer entre ses poings. Lentement, presque avec douceur. Puis il rampa en riant vers la grille et le tendit à Fabien.
Parfois, l'ermite et le couple se réunissaient là-haut, dans la grande pièce à vivre. Le vieux parlait, finissant toujours par dire:
- Il les attend, ils viendront! "
Fabien serrait sa femme contre lui, tous deux pleuraient.
L'ermite, lui ne pleurait pas. Tout juste se contentait il parfois de cligner des paupières pour cacher l'humidité de ses yeux.
Lorsque Fabien, dans ce que sa femme appelait ironiquement "ses moments d'incertitude" l'interpellait, le vieillard frottait ses mains bien à plat l'une contre l'autre, se contentant de hocher plusieurs fois la tête en affirmant dans un murmure:
- Je sais pénétrer les voies!" Puis il riait doucement en caressant le bois de sa canne. Il n'avait pas peur des enfants, ils étaient le lien qui lui permettait de croire, de patienter.
Un jour, il aura la clef. Les enfants, tous les siens et lui-même s'en iront. Là bas, le soleil ne dort jamais, il danse avec la lune, chatoie autour de la terre. Ses rayons ne brûlent que la misère, ils caressent les roses.
Doc ferme les yeux, il se voit n'avoir d'autre existence, d'autre vie que celle d'une plante. Il ne veut plus traîner son nom, chercher sa place. Là bas, sa vie et son être seront dilués dans l'univers tout entier.

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Henri Vario



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