France
24/08/2012 00:50

Les Roms et la France

La France s’est fait épingler en septembre 2010 en session du Parlement Européen pour le traitement discriminatoire infligé aux Roms sur son territoire. Rien ne semble avoir changé depuis … Deux communautés qu’on rejette avec un égal détachement, les Beurs et les Roms, se détestent en toute cordialité.


A l’école primaire, nous recevions des images en récompense de notre travail, notamment des images de costumes nationaux. Mes deux préférées étaient celles de Hongrie et de Roumanie. A la même époque, mon frère m’avait fait le cadeau d’une poupée de collection en tenue traditionnelle qu’il avait acquise au bazar d’Istanbul. N’en déplaise à tous ceux que les cultures lointaines intéressent, les Roms*, citoyens européens pour la plupart, ont été et sont encore maltraités en France. La preuve :

« La commissaire en charge de la justice et des droits fondamentaux, Viviane Reding, a déclaré que "les Etats membres sont en charge de l'ordre public et doivent assurer la sécurité" de leurs citoyens, mais que les mesures prises doivent être proportionnées. Mme Reding a dit avoir pris note des assurances fournies par les autorités françaises selon lesquelles les Roms ne seraient victimes d'aucune discrimination. Cependant, ses services "vérifient si ce qui a été dit reflète la réalité sur le terrain" a-t-elle déclaré. "Nous avons identifié un certain nombre de points sur lesquels les autorités françaises devront nous fournir davantage d'informations" a-t-elle ajouté. »  (Session plénière du 6 au 9 septembre 2010)
(.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/content/20100714FCS78876/3/html/Reconduites-de-Roms-en-France-le-Parlement-appelle-l%27Union-europ%C3%A9enne-%C3%A0-agir)

Pourtant :

Les Roms, dont le niveau d’instruction reste à la traîne et qui sont victimes de discriminations sur le marché de l’emploi, connaissent des taux de chômage et d’inactivité élevés ou n’occupent que des emplois de qualité médiocre, peu qualifiés et mal rémunérés. Ce gaspillage de main-d’œuvre rend encore plus difficiles les tentatives faites pour assurer la croissance. C’est pourquoi une meilleure intégration des Roms constitue un impératif tant moral qu’économique qui nécessitera par ailleurs un changement de mentalité de la majorité de la population, ainsi que des membres des communautés roms elles-mêmes.
(http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2012:0226:FIN:FR:HTML)

Ainsi, pour ceux que l’immoralité n’atteint pas, il reste l’intérêt économique à structurer et tirer profit d’une main d’œuvre sous-employée. J’en déduis tout naturellement que le Front National n’est sensible ni à la moralité ni à l’intérêt économique. Mais c’est une autre histoire.

Pae delà les traitements réservés aux Roms en France, il y a l’éternel conflit entre sédentaires et nomades. On pourra relire, à ce sujet, le livre de Jacques Attali: L'Homme nomade publié chez Fayard dans la collection Essais en 2003.
En attendant, on est très forts, nous, les Français: on arrive à faire que deux communautés qu’on rejette avec un égal détachement, les Beurs et les Roms, se détestent en toute cordialité. Un jour, peut-être, songeront-ils à s’allier. Il est véritablement nécessaire que les Français changent de mentalité. La vie itinérante, au gré des chemins, au gré des rencontres, les bavardages autour d'un feu de bois le nez dans les étoiles: vous ne pensez pas, quelquefois, à monter dans un camping-car pour n'en descendre que quand vous n'en aurez plus envie?


* Le terme «Roms» fréquemment utilisé , notamment par un certain nombre d’organisations internationales et de représentants de groupes roms en Europe, désignent plusieurs groupes distincts (Roms, Sintis, Kalés, Tsiganes, Romanichels, Boyash, Ashkalis, Égyptiens, Yéniches, Doms, Loms, etc.) et englobe également les Gens du voyage. il faut cependant noter les spécificités et la diversité des modes et conditions de vie de ces groupes.


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