Afrique et Moyen-Orient
08/06/2009 20:50

Les Libanais se mobilisent pour un scrutin test

Les Libanais se sont rendus aux urnes hier pour un scrutin législatif aux enjeux élevés qui opposait le Hezbollah et ses alliés, soutenus par Damas et Téhéran, à un bloc antisyrien bénéficiant de l'appui des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite.


A quatre heures de la fermeture des bureaux de vote (16h00 GMT), le ministre de l'Intérieur Ziad Baroud annonçait que le taux de participation atteignait déjà 40%, ce qui laissait penser que les 45% enregistrés en 2005 seraient dépassés.

Ce serait là un pourcentage important dans un pays dont plusieurs centaines de milliers d'électeurs (sur un total de 3,26 millions) vivent à l'étranger.

De longues files d'attente se sont formées devant de nombreux bureaux de vote de Beyrouth. Certains électeurs ont dit avoir attendu plus de deux heures pour participer à des élections annoncées comme serrées.

Les deux camps sont en conflit sur les moyens militaires du Hezbollah, supérieurs à ceux de l'armée libanaise, et sur les relations avec la Syrie, qui a imposé sa tutelle au Liban pendant trois décennies jusqu'en 2005.

Même si le Hezbollah, son allié chiite Amal et le Courant patriotique libre de l'ex-général chrétien Michel Aoun ravissent à leurs adversaires l'étroite majorité dont ils disposaient à la Chambre des députés, on s'attend à ce que la consultation débouche sur un nouveau cabinet d'union nationale.

Quelque 50.000 membres des forces de l'ordre étaient mobilisés pour assurer le bon déroulement du scrutin, qui fait suite à quatre années de turbulences politiques durant lesquelles le pays a failli plusieurs fois replonger dans le cauchemar de la guerre civile de 1975-90.

"La démocratie est une bénédiction que nous devons préserver, une bénédiction qui fait du Liban un cas particulier au Moyen-Orient", a déclaré le président Michel Souleïmane, s'adressant à la presse après avoir voté dans sa ville natale d'Amchit, au nord de Beyrouth.

Il a invité ses concitoyens à voter "calmement et avec joie" pour favoriser la construction nationale.

Les chrétiens, qui forment 40% de l'électorat libanais, sont divisés entre les deux principaux blocs politiques et leurs suffrages devraient décider de l'issue du scrutin.

"Cette fois, cela va vraiment compter", déclarait Charbel Nakouzi, banquier de 40 ans travaillant à Londres, devant un bureau de vote du quartier à majorité chrétienne du Metn.

Des rumeurs d'achats de voix ont circulé avant le scrutin, mais Baroud a dit que les opérations de vote effectives se déroulaient de façon pacifique et sans irrégularités notables. Les forces de sécurité ont toutefois rapporté qu'une personne avait été blessée par balles à Tripoli, dans le Nord.

Les Etats-Unis, qui ont inscrit le Hezbollah sur leur liste d'organisations terroristes, ont subordonné leur aide future au Liban à la composition et à l'orientation politique du prochain gouvernement. Le Hezbollah, qui affirme la nécessité de garder ses armes pour exercer une dissuasion sur Israël, est représenté dans le cabinet sortant.

Environ 200 observateurs internationaux supervisaient les élections. "Je n'ai pas d'inquiétude quant au déroulement du scrutin. Je suis inquiet au sujet de la réaction de tous les grands partis à l'annonce des résultats", a dit l'ex-président américain Jimmy Carter, qui dirige la mission d'observation.

La coalition majoritaire sortante, emmenée par le sunnite Saad Hariri, est fermement soutenue par des pays occidentaux comme les Etats-Unis et la France ainsi que par l'Arabie saoudite, depuis l'assassinat en 2005 de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, père de Saad.

Ce camp est composé du Courant du futur de Hariri, du Parti socialiste progressiste du chef druze Walid Djoumblatt, des Forces libanaises de Samir Geagea et du Parti phalangiste de l'ancien président Amine Gemayel, deux mouvements chrétiens.

Mais il est probable que le Hezbollah, Amal, que dirige le président sortant de la Chambre des députés Nabih Berri, et le Courant patriotique proposeront au camp adverse une nouvelle coalition, évitant tout virage politique ou économique radical à un pays qui se remet encore de la guerre de 2006.

Le Hezbollah ne brigue que 11 sièges sur 128 à la Chambre mais est sûr de les conquérir aux termes du complexe système électoral confessionnel libanais. Son allié chiite Amal pourrait bien en obtenir plus. Et la victoire du camp prosyrien dépendra du score du camp chrétien de Michel Aoun.

La détente récente dans les relations entre l'Arabie saoudite et la Syrie, les ouvertures du président américain Barack Obama en direction de Damas et de Téhéran, plaident pour un apaisement au Liban.


Source: Reuters via Yahoo News


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