Europe
21/10/2007 19:30

Législatives en Pologne: les électeurs jugent les Kaczynski

Les Polonais votaient dimanche dans des élections législatives anticipées, où l'opposition libérale espérait l'emporter après deux années de pouvoir controversé des frères jumeaux conservateurs Kaczynski.


Dans les jours précédant le scrutin, l'opposition libérale a émergé dans les sondages comme un grand favori de cette consultation aux allures d'un référendum sur les deux années de gouvernement des Kaczynski, qui occupent à la fois le poste de président et de Premier ministre.

Dans le tout dernier sondage publié vendredi soir, les libéraux de la Plateforme civique (PO, opposition) ont pris une avance de 17 points sur le parti conservateur Droit et Justice (PiS) des Kaczynski. Les deux partis étaient crédités respectivement de 47% et de 30% des intentions de vote.

Un tel résultat permettrait aux libéraux de disposer d'une majorité absolue de 250 sièges sur 460 à la Diète (chambre basse).

Tous les autres sondages récents ont également donné la PO gagnante devant le PiS, mais avec un écart moins grand, entre 8% et 10%.

Les résultats du scrutin sont très attendus à l'étranger, les conservateurs au pouvoir ayant multiplié les conflits avec l'Allemagne, l'Union européenne mais aussi la Russie.

Depuis le retour de la démocratie en 1989, la participation électorale peine à dépasser 50%. Il y a deux ans, elle avait été de 40,5% mais cette fois-ci les instituts de sondage prédisaient une plus grande mobilisation.

Selon les premières indications données à midi, le taux de participation atteignait 8,36 % à 10H30 locales (8H30 GMT), contre 6,76 % en 2005 à la même heure.

Les bureaux de vote ont été ouverts à 06H00 locales (04H00 GMT) et fermeront à 20H00 (18H00 GMT). Mais deux bureaux ont ouvert avec du retard et devaient fermer 20 minutes plus tard.

Suite à ces retards, la Commission électorale polonaise a décidé que les premiers sondages réalisés à la sortie des urnes ne pourraient être publiés qu'à 20H20 (18H20 GMT).

Les quelque 30,5 millions de Polonais appelés aux urnes renouvellent les deux chambres du parlement, 460 députés élus à la proportionnelle et 100 sénateurs élus au scrutin uninominal majoritaire à un tour. Sept partis et alliances ont présenté des candidats à l'échelle nationale.

Selon les sondages, deux autres formations, opposées aux Kaczynski, peuvent encore franchir le seuil de 5% des voix requis pour entrer au parlement: l'alliance électorale de centre-gauche LiD et le parti paysan PSL, crédités respectivement de 12% et de 6%.

Les sondages sont unanimes pour prédire l'élimination du parlement des anciens alliés du PiS au pouvoir, le parti populiste Autodéfense (Samoobrona) et l'extrême droite ultracatholique de la Ligue des familles polonaise (LPR).

C'est l'éclatement en été de la coalition du PiS avec ces deux partis qui a été à l'origine des élections anticipées, deux ans avant l'échéance normale.

Mis en minorité au parlement, le Premier ministre Jaroslaw Kaczynski s'était résolu à cette solution, confiant dans son programme de lutte contre la corruption et son ambition de débarrasser la Pologne des vestiges du communisme.

Les libéraux ont plutôt axé leur programme sur l'avenir et promis de stopper l'hémorragie des jeunes, dont plus d'un million sont partis travailler en Grande Bretagne et en Irlande depuis l'adhésion de la Pologne à l'UE en 2004.

La campagne électorale a été brutale. Les conservateurs au pouvoir n'ont pas hésité à se servir des services spéciaux pour discréditer leurs adversaires. Mais le Premier ministre Kaczynski a perdu coup sur coup deux débats télévisés, contre l'ex-président social-démocrate Aleksander Kwasniewski et surtout contre le chef des libéraux Donald Tusk.

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