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13/08/2008 16:58

Le poète Mahmoud Darwich enterré

RAMALLAH - Mahmoud Darwich, le poète de la cause palestinienne décédé aux Etats-Unis, a été enterré mercredi à Ramallah, en Cisjordanie, lors d'imposantes funérailles nationales.



Des dizaines de milliers de personnes, selon la police, ont accompagné la dépouille vers sa dernière demeure, près du palais de la Culture de Ramallah, dans un lopin de terre depuis lequel peut être aperçue la banlieue de Jérusalem, dont les Palestiniens ambitionnent d'en faire la capitale de leur futur Etat.

Le corps de Darwich, décédé le 9 août à l'âge de 67 ans dans un hôpital aux Etats-Unis après une intervention cardiaque, a été transporté depuis Amman par un hélicoptère militaire jordanien qui a atterri dans la Mouqataa, le QG du président palestinien Mahmoud Abbas.

Une garde d'honneur a présenté les armes devant le cercueil, enveloppé du drapeau palestinien et porté par huit officiers.

M. Abbas, d'une voix émue, a rendu hommage au poète qui incarnait l'aspiration de son peuple à l'indépendance et racontait leurs souffrances causées par l'exil et l'occupation.

"Nous ne pouvons croire qu'il est parti", a dit le président palestinien devant des membres de la famille de Darwich, dont sa mère de 92 ans, des responsables, des diplomates et des dignitaires religieux. "Tu resteras avec nous Mahmoud car tu nous a laissé tout ce qui nous unit. Nous ne te disons pas 'adieu' mais 'au revoir'".

Il a promis que les Palestiniens réaliseraient le rêve du poète de "hisser le drapeau palestinien" à Jérusalem.

La France était représentée à la cérémonie par l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, qui connaissait personnellement Darwich auquel il s'est référé, dans un de ses ouvrages, comme un homme qui "a la lumière d'une étoile triste".

Le cercueil a été conduit vers la tombe sur un véhicule militaire qui a arpenté les rues de Ramallah dans des funérailles sans précédent depuis celles de Yasser Arafat, le chef historique des Palestiniens décédé en novembre 2004. Darwich a été mis en terre à l'ombre de trois palmiers fraîchement plantés.

Des portraits de Darwich, frappés du vers "Sur cette terre, il y a ce qui mérite la vie" tiré d'un de ses poèmes, étaient déployés sur des façades d'immeubles ou brandis par la foule. La pierre tombale portait la même inscription.

"Il était le symbole de la cause palestinienne et exposait notre souffrance au monde entier. Avec lui disparaît l'un des derniers symboles de notre peuple", a estimé Riham Baydoun, une Palestinienne de 24 ans.

Des poèmes récités par Darwich ont été diffusés par haut-parleurs. "Ici, aux pentes des collines, face au crépuscule et au canon du temps, près des jardins aux ombres brisées, nous faisons ce que font les prisonniers, ce que font les chômeurs: Nous cultivons l'espoir", clamait sa douce voix.

A Amman, où une brève cérémonie a eu lieu, notamment en présence du Premier ministre palestinien Salam Fayyad après le rapatriement du corps des Etats-Unis, le célèbre chanteur libanais Marcel Khalifé, qui a interprété plusieurs poèmes de Darwich, a chanté avec émotion l'un d'eux.

"J'ai la nostalgie du pain de ma mère, du café de ma mère, des caresses de ma mère... Et l'enfance grandit en moi, jour après jour, et je chéris ma vie, car si je mourrais, j'aurais honte des larmes de ma mère".

Darwich avait acquis une notoriété internationale, avec près de trente ouvrages traduits en quarante langues. Entre autres récompenses, il avait reçu à La Haye le prestigieux prix Prince Claus pour "son oeuvre impressionnante".

Son célèbre poème de 1964, "Identité", sur le thème d'un formulaire israélien obligatoire à remplir, deviendra un hymne repris dans tout le monde arabe.

Originaire du village d'Al-Birweh, en Galilée, rasé à la création d'Israël en 1948, il avait choisi l'exil au début des années 1970, avant de s'installer dans les territoires palestiniens en 1995.

Source: yahoo News

Awa Diakhate



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