Europe
12/11/2007 19:03

Le nucléaire suédois a-t-il perdu la tête?

Le nucléaire suédois a-t-il perdu la tête ? Des filtres qui fuient, des prélèvements jamais analysés, des employés en état d'ébriété... Le tableau brossé par la presse est accablant. Aussi, le gouvernement suédois a-t-il prié l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de venir évaluer la sécurité ses trois centrales. Mi-mars, le chef des missions d'évaluation des installations nucléaires (Osart) s'est rendu à Stockholm pour préparer la venue, à partir de juin, d'une douzaine d'experts internationaux. Une façon de calmer les esprits.


Premier incident sérieux, le 25 juillet, à la centrale de Forsmark, au nord de la capitale. Un court-circuit en bordure du site provoque une panne d'électricité au niveau du premier réacteur. Le système d'arrêt d'urgence s'enclenche, mais seuls deux des quatre générateurs de secours prennent le relais.

Les deux autres doivent être déclenchés manuellement vingt minutes plus tard. L'incident est classé de niveau 2 sur l'échelle d'Ines (International Nuclear Event Scale), qui en compte 7. L'organisme suédois de l'inspection de la sûreté nucléaire (SKI) ouvre une enquête.

La moitié du parc nucléaire du royaume, construit sur le même modèle, est immobilisé une partie de l'été. Le problème se situe au niveau de «la rapidité et la qualité des réactions du personnel dans certaines situations», note le porte-parole de l'organisation. Les deux générateurs de secours n'ont pu démarrer car des pièces n'avaient pas été installées correctement. Et la direction de la centrale a attendu vingt-quatre heures avant de passer en mode maintenance alors que la décision aurait dû être immédiate.

«Dégradation». De nouvelles révélations forcent l'opérateur de la centrale, la compagnie d'électricité Vattenfall, à réagir. Fin janvier, la télévision publique SVT dévoile le contenu d'un rapport interne, rédigé par un employé de Forsmark, qui qualifie l'incident de juillet de «point culminant d'une longue dégradation de la culture de sécurité maison».

Selon l'auteur, trois personnes ont été renvoyées chez elles après un contrôle d'alcoolémie à l'entrée de la centrale. Et un des réacteurs a émis durant trois ans une radioactivité supérieure à ce qu'indiquaient les analyses. Lors d'une inspection en février, des employés découvrent que des joints en caoutchouc sur l'enceinte du premier réacteur ne répondent pas aux normes. Il est arrêté. Aucun contrôle n'avait été effectué depuis sept mois. Le patron de la centrale doit démissionner.

Lors d'un référendum, en 1980, 58 % des Suédois avaient voté pour le démantèlement progressif du parc nucléaire. Depuis, seuls deux réacteurs ont été arrêtés et les trois centrales suédoises continuent de produire 40 % de l'électricité consommée par le pays. Et étrangement, jamais les Suédois ne semblent avoir été aussi favorables au nucléaire.

Source: .liberation.fr/


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