Faits Divers - Société
18/12/2007 11:02

Le littoral français menacé par la hausse des océans


Une montée prévisible de plus d’un mètre soixante du niveau des océans au cours du XXIe siècle augmente les risques d’inondation sur le littoral français.


La grande crainte d'une partie de la communauté scientifique semble se vérifier : la fonte des glaces du Groenland s'accélère et pourrait avoir un impact majeur sur la hausse du niveau des mers. L'étude publiée ce week end dans la revue Nature Geoscience explique que la hausse des océans au cours du XXIe siècle pourrait atteindre 1,60 m !. C'est bien plus que la fourchette précédente de 18 à 58 cm au cours du siècle.

Un tel changement d'ordre de grandeur dans l'élévation des mers remet en cause toutes les prévisions et les études de vulnérabilité du littoral français. Les risques sont nombreux, et ne se limitent pas au phénomène le plus spectaculaire, à savoir l'inondation permanente des terrains par l'eau salée. Il faut aussi compter sur «une accélération de l'érosion sur les falaises et les plages, au renforcement de la salinisation des estuaires et à la réduction du volume des nappes phréatiques d'eau douce», selon un rapport de Roland Paskoff, professeur émérite à l'université Lumière de Lyon, pour la mission interministérielle de l'effet de serre.

Les zones à risques – des terrains à la fois bas et proches des côtes –, sont déjà connues, ce sont les deltas de fleuves, les littoraux à lagunes et les marais maritimes. Du nord au sud, ce sont les côtes du Pas-de-Calais, du Cotentin, de la Loire-Atlantique, de la Vendée, de la Charente Maritime, de la Gironde et enfin de la Camargue. Des régions pour lesquelles le littoral est un important enjeu touristique. Mais la simple consultation des courbes de niveau sur une carte ne suffit pas pour dire que telle ou telle région sera submergée par les eaux. La situation est bien plus complexe : «Quand on mesure aujourd'hui une hausse moyenne de 3 mm par an pour l'ensemble des océans de la planète, on constate en fait que les variations sont extrêmement importantes selon les régions, explique Anny Cazenave du Centre national d'études spatiales (Cnes), l'une des meilleures spécialistes au monde pour la mesure du niveau des océans par satellite. On observe même par endroits des hausses ou des baisses allant jusqu'à 2 cm par an ! La très grande complexité du phénomène fait que l'on est aujourd'hui incapable de faire des prévisions fiables à l'échelle des systèmes côtiers.»


«Des défenses efficaces»

La situation est encore compliquée par le fait que les terrains bas ne se comportent pas tous de la même manière face à la montée des eaux. Les marais de Charente ou la baie de Somme par exemple, pourtant proches du niveau de la mer, semblent insensibles à l'élévation de la mer, grâce à d'importants apports en sédiments qui les consolident.

En revanche, la situation est moins rose en Camargue, où les apports de vase par le Rhône sont inexistants à cause des digues construites le long du fleuve, et ne peuvent compenser le lent enfoncement du sol. «Mais je ne peux pas imaginer que la Camargue puisse se retrouver totalement immergée, avec de l'eau jusqu'à Arles, qui est à 3 mètres d'altitude, car heureusement il existe des défenses efficaces contre les attaques marines, sous la forme de cordons de dunes, explique Mireille Provansal, du Centre européen de recherche et d'enseignement des géosciences de l'environnement (Cerege) à Aix-en-Provence. Sous l'assaut des vagues pendant une tempête, ces dunes reculent, mais finissement par se reformer un peu plus loin, pour assurer une nouvelle défense.» En l'absence de dunes, de nouvelles digues vont devoir être construites.

Source: http://www.lefigaro.fr


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