Art et Culture
11/02/2008 16:42

Le jack-pot de Jerry Bruckheimer


Il est des films dont l'existence même relève du mystère. "Benjamin Gates et le livre des secrets" est de ceux-là. Voici un "sequel" en langage hollywoodien, une "suite" en français, qui poursuit les aventures de Benjamin Gates, historien détective à la recherche des grands secrets du temps passé.



Sorti en 2004, avec une recette gigantesque de 347 millions de dollars, le premier volet, "Benjamin Gates et le trésor des templiers", se penchait sur la franc-maçonnerie et le trésor de guerre des Croisés, tandis que le deuxième opus (sortie mercredi dans les salles en France) s'intéresse à l'assassinat d'Abraham Lincoln et au trésor légendaire des Cités d'or.

Lorsque réapparaît une page manquante du journal de John Wilkes Booth, l'assassin d'Abraham Lincoln, tout indique que l'arrière-arrière-grand-père de Benjamin Gates (Nicolas Cage) a joué un rôle clé dans la conspiration qui a conduit au meurtre de l'ex-président américain.

Bouleversé, Ben refuse que la réputation de sa famille soit salie. Avec l'aide de son père, Patrick Gates (Jon Voight), et de sa mère, Emily Appleton (Helen Mirren), il décide de prouver l'innocence de son ancêtre. Son fidèle assistant, Riley Poole (Justin Bartha), le rejoint dans sa quête de justice, tout comme sa femme, Abigail Chase (Diane Kruger) qui accepte de suivre cette dernière lubie, même s'ils sont en instance de divorce.

Au mépris de toutes les lois américaines et européennes, ils remontent la piste tracée par une série d'indices, de Washington à Paris, de Londres au fabuleux Mont Rushmore, avec à leurs trousses, l'agent Sadusky du FBI (Harvey Keitel) et le chasseur de trésor Mitch Wilkinson (Ed Harris).

Marqué par de surprenantes révélations, le périple de Benjamin Gates va lui permettre de découvrir une nouvelle fois les secrets les mieux gardés du monde...

A l'instar du volet précédent, "Benjamin Gates et le livre des secrets" est produit par Jerry Bruckheimer et réalisé par John Turteltaub, un cinéaste américain plutôt obscur qui a commis quelques blockbusters plus ou moins ratés, mais curieusement toujours avec de grands acteurs: "Sale môme" avec Bruce Willis, "Instinct" avec Anthony Hopkins et Donald Sutherland, ou "Phénomène" avec John Travolta, Robert Duvall et Forest Whitaker.

Et cette fois encore John Turteltaub a réussi à entourer d'un casting incroyable. Tous les acteurs du premier volet de Benjamin Gates ont re-signé: Nicolas Cage, homme à la veste de serpent de David Lynch dans "Sailor et Lula" et mari déjanté des frères Coen dans "Arizona Junior"; Jon Voight, héros paumé de "Macadam Cowboy" et vétéran du Vietnam dans "Retour"; Harvey Keitel, "Bad lieutenant" d'Abel Ferrara et choisi par tant d'autres cinéastes, de Quentin Tarantino ("Pulp Fiction") à Martin Scorsese ("La dernière tentation du Christ") en passant par Jane Campion; et enfin la ravissante Diane Kruger, star montante d'Hollywood.

A cette belle affiche, s'ajoutent pour ce nouvel épisode deux grands noms: Ed Harris, brillant acteur caméléon ("History of violence", "Pollock", "Abyss"), et Dame Helen Mirren, comédienne shakespearienne par excellence et Oscar 2007 de la meilleure actrice pour son immense interprétation dans "The Queen".

D'où le mystère, la véritable énigme de "Benjamin Gates et le livre des secrets". Comment ce gros blockbuster américain, au scénario passablement douteux -intrigue abracadabrante et dialogues si légers qu'ils sont et sonnent creux- a pu séduire de si grands talents du septième art? Envie de s'amuser à jouer dans une comédie d'action pour les uns, profonde amitié pour le réalisateur ou le producteur pour les autres, ou encore, le très gros chèque obtenu en fin de tournage pour tous?

Difficile de savoir ce qui a motivé tous ces magnifiques acteurs, mais ce qui est sûr, c'est qu'ils constituent le seul et l'unique intérêt du film. Sans eux, il serait tout bonnement impossible de regarder ces nouvelles aventures de Benjamin Gates. Mais leur présence charmante, ajoutée à la cocasserie de quelques scènes et au rythme enlevé du scénario, rend le film supportable, voire distrayant.

Du moins pour les spectateurs qui aiment manger de temps à autre un gros burger américain, avec sa ration de frites tièdes, et sa boisson gazeuse servie dans un gobelet en plastique, à l'instar des héros de "Benjamin Gates" dans la scène finale du film.

Pour les autres, il vaut mieux s'abstenir de remplir les poches déjà pleines de Jerry Bruckheimer, et attendre la sortie prochaine des aventures d'un autre archéologue américain, autrement plus haut de gamme: un certain Indiana Jones, "Indy" pour les intimes, alias Harrison Ford. Produit par Frank Marshall et George Lucas, réalisé par Steven Spielberg, le quatrième volet de cette série, "Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal", est annoncé pour le 21 mai prochain.

A. M. / source web



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