À Saint-Herblain, en Loire-Atlantique, commune limitrophe de Nantes, treize participants se sont disputé les quatre places pour la finale du 5 mai à Carhaix-Plouguer (Finistère), où se retrouveront les 68 meilleurs joueurs de "skrabell".
"L'objectif est de faire sortir la langue bretonne du seul cercle familial et de l'école, où elle a tendance à se cantonner", explique Eric Bainvel, enseignant de 41 ans et organisateur du concours à Saint-Herblain. "Cela permet aussi de créer des occasions pour se retrouver et parler breton."
En Loire-Atlantique, le championnat présente en outre un enjeu symbolique : le département a été détaché administrativement de la Bretagne en 1941 et sa "réunification" fait depuis l'objet de vifs débats. "C'est une manière de montrer qu'on est en Bretagne", souligne Eric Bainvel.
Le concours fait office de test grandeur nature pour un éditeur qui envisage, d'après les organisateurs, de lancer une édition en langue bretonne du Scrabble. Le jeu est déjà présent dans 121 pays et existe en 29 langues.
"Il faudra changer la valeur des lettres", relève Mevena Guillouzic-Gouret, une étudiante de 19 ans qui a pris part aux qualifications. "En breton, par exemple, le X et le Q n'existent pas, alors que le K revient très souvent."
Le "premier championnat de scrabble en breton" est organisé dans le cadre du 30e anniversaire du réseau associatif Diwan, qui regroupe 36 écoles, cinq collèges et un lycée en Bretagne et à Paris. L'enseignement, laïc et gratuit, se fait en langue bretonne.
On estime à 300.000 le nombre de gens qui parlent breton dans le monde, dont "95% ont plus de 60 ans", d'après Eric Bainvel. La langue serait d'après lui "une des plus menacées en Europe".