Europe
12/02/2007 09:32

Le Portugal se prononce pour la dépénalisation de l'avortement

Les électeurs portugais se sont prononcés dimanche en faveur de la liberté pour les femmes d'interrompre une grossesse au cours de ses dix premières semaines, à l'issue d'un référendum marqué cependant par une forte abstention.


59% pour le OUI, le portugal rejoint le club des pays qui dépénalisation de l'avortement

Plus de 59% des électeurs se sont prononcés pour la dépénalisation de l'avortement qui jusqu'à présent pouvait valoir jusqu'à trois ans de prison aux femmes.

La participation s'est située à 43,60% et n'a donc pas atteint le seuil de 50% requis pour que ce résultat soit contraignant mais le Premier ministre socialiste, José Socrates, a confirmé, comme il l'avait annoncé précédemment, que le parlement, où les socialistes sont majoritaires, modifierait la loi actuelle.
"L'interruption volontaire de grossesse jusqu'à dix semaines pratiquée sur demande de la femme dans un établissement de santé légalement autorisé cessera d'être un crime", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Le résultat de ce référendum "ne signifie pas la défaite d'un camp", a-t-il ajouté, faisant valoir que le Portugal rejoignait "les bonnes pratiques des autres pays européens" pour "combattre efficacement l'avortement clandestin".
"La majorité des Portugais a voté oui (...). J'estime que la volonté de la majorité doit être respectée", a déclaré pour sa part le dirigeant du Parti social-démocrate (centre droit) d'opposition, Marques Mendes.

Les partis de gauche et cinq mouvements de citoyens divers qui ont milité pour la dépénalisation ont salué dans la liesse la "maturité démocratique" des Portugais, voire "la fin de l'obscurantisme".

Au siège des partisans du "oui", des militantes, les larmes aux yeux, se sont félicitées de la fin des "souffrances et de l'humiliation" des femmes contraintes jusqu'à présent d'avorter dans la clandestinité dans des conditions sanitaires plus que douteuses.

Les adversaires de la dépénalisation ont quant à eux insisté sur le fort pourcentage de l'abstention. Le porte-parole de la plateforme pour le "non", Joao Paulo Malta, a estimé que le référendum avait prouvé que "la question de l'avortement divise fortement la société portugaise" et "n'est pas définitivement réglée".

Dans un pays qui se dit catholique à plus de 90%, l'Eglise avait fortement inspirée les organisation anti-dépénalisation et avait mobilisé tous ses moyens en faveur de la "défense de la vie de la conception à la mort" et contre le "crime abominable" de l'avortement.

Certains de ses membres avaient menacé d'excommunication les électeurs qui voteraient "oui", d'autres avaient mis en garde contre la "malédiction" qui ne manquerait pas de s'abattre sur le Portugal s'il rejoignait "l'apostasie silencieuse" du reste de l'Europe et sa "culture de la mort".

Dans les homélies prononcées lors des messes dominicales du matin, plusieurs prêtres avaient encore rappelé la doctrine de l'Eglise.

L'actuelle loi portugaise, une des plus restrictives de l'Union européenne, prévoit des peines pouvant aller jusqu'à trois ans de prison pour les femmes qui pratiqueraient une interruption volontaire de grossesse (IVG), sauf en cas de viol, de danger pour la vie de la mère ou de malformation du foetus.

Au cours de la campagne, les partisans de la dépénalisation avaient notamment insisté sur la nécessité de mettre fin à "la honte nationale des avortements clandestins" pour les femmes d'origine modeste notamment.

Selon l'Association pour le planning familial, 18.000 avortements ont été pratiqués illégalement en 2005 au Portugal et ont conduit 10.000 femmes aux services des urgences des hôpitaux pour diverses complications.


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