Afrique et Moyen-Orient
12/12/2008 17:51

Le Pakistan réprime les djihadistes cachemiris

Islâmâbâd- Soumises à une forte pression internationale, les autorités pakistanaises ont poursuivi vendredi leur campagne de répression à l'encontre de la mouvance islamiste accusée par l'Inde d'être à l'origine des sanglantes attaques du mois dernier à Bombay.


Après avoir la veille assigné à résidence Hafiz Saeed, chef de l'organisation caritative Jamaat ud Dawa (JuD), les autorités ont fermé plusieurs locaux et arrêté des dizaines de militants du mouvement, considéré comme la vitrine légale du mouvement islamiste interdit Lashkar-e-Taiba.

Le Pakistan a annoncé jeudi qu'il respecterait la décision prise la veille par le Conseil de sécurité de l'Onu d'ajouter le Jamaat ud Dawa et ses dirigeants sur la liste noire du terrorisme lié à Al Qaïda et aux taliban.

L'action répressive des autorités pakistanaises répond à la montée des pressions indiennes et américaines pour qu'elles agissent contre les instigateurs présumés des attentats de Bombay, qui ont fait 179 morts, dont six Américains.

Le secrétaire d'Etat adjoint américain John Negroponte a rencontré vendredi à New Delhi le chef la diplomatie indienne Pranab Mukherjee et le conseiller à la sécurité nationale M. K Narayanan pour examiner notamment les preuves que l'Inde dit détenir d'une implication pakistanaise dans les attaques de Bombay.

"Nous avons fourni d'amples preuves aux Etats-Unis et à d'autres pays et nous continuerons à partager tout nouvel élément qui apparaîtra", dit-on de source gouvernementale indienne.

John Negroponte, qui se trouvait la veille à Islamabad, a déclaré que cette enquête était prioritaire et que les responsables des attaques devraient être jugés. "Nous coopérons à cet effort (...) mais tous nos partenaires diplomatiques ont la responsabilité d'y contribuer également", a-t-il dit.

Le Pakistan assure que l'Inde ne lui a pas fourni de preuves suffisantes d'une piste cachemirie dans les attaques de Bombay. "Sans information et preuves crédibles, nos propres investigations ne peuvent aller au-delà d'un certain point", a dit vendredi le ministre des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi.

Un responsable du renseignement pakistanais a déclaré que, parmi les activistes arrêtés, figurait le maulana Masood Azhar, chef du Jaish-e-Mohammad (Armée de Mahomet), mouvement auquel, avec le Lashkar, a été imputée l'attaque du parlement indien, en décembre 2001.

Selon un des proches d'Azhar, qui dit ne pas savoir où il se trouve actuellement, il pourrait avoir été arrêté "afin de relâcher la pression" internationale sur le Pakistan.

A Muzaffarabad, capitale du Cachemire pakistanais, la police a effectué une descente au siège du JuD, qu'elle a fermé, ainsi que ses deux écoles et sa madrassa (école coranique). Des centaines de sympathisants du mouvement, qui se souviennent de son action lors du séisme de 2005 dans la province, ont manifesté contre ces mesures policières.

"Le Pakistan doit revoir immédiatement sa politique de soumission à la pression internationale, indépendamment des avantages et des inconvénients de son action", a déclaré à Reuters le Maulana Abdul Aziz Alvi, le chef du JuD au Cachemire, lui aussi assigné à résidence.

D'autres locaux du Jud au Cachemire ont été perquisitionnés dans la nuit de jeudi à vendredi. Des descentes de police ont eu lieu également dans plusieurs grandes villes, dont Lahore, Karachi, Bahawalpur, Rahim Yar Khan, Quetta et Multan.

Selon un porte-parole du Jamaat, une centaine d'employés de l'organisation caritative islamiste ont été arrêtés dans la seule province de la Frontière du Nord-Ouest.

A Muridke, dans l'Est, l'important complexe du JuD était désert vendredi. Selon des responsables, le siège du mouvement, ses écoles et ses hôpitaux y ont été fermés le 4 décembre.

Un porte-parole de la banque centrale du Pakistan a annoncé jeudi soir que des directives avaient été prises pour geler les comptes et les avoirs des quatre dirigeants du JuD placés sur la liste noire de l'Onu.

La télévision pakistanaise croit savoir que le mouvement lui-même est sur le point d'être interdit mais il n'y a encore eu aucune confirmation officielle de cette information.

Jeudi, le Premier ministre indien Manmohan Singh avait pris note des mesures adoptées par le Pakistan, tout en les estimant encore insuffisantes et en soulignant qu'elle devaient "être menées à leur terme".

Après l'attaque du parlement indien, en 2001, les autorités pakistanaises avaient réprimé le Jaish-e-Mohammad et le Lashkar mais l'Inde avait qualifié les mesures prises de simulacre et elle réclame aujourd'hui une mise au pas durable de ces mouvements.

Les analystes s'interrogent sur la volonté de l'armée pakistanaise de s'aliéner ces groupes djihadistes qui l'ont aidé à combattre l'Inde dans le passé.


Source: Yahoo News


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