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16/10/2009 15:46

Le P-DG de France Télécom sur la sellette

Le P-DG de France Télécom, Didier Lombard, a été mis en cause par un membre du gouvernement et des syndicats dans la gestion des conséquences de la vague de suicides qui touche l'entreprise.



Des salariés du centre de recherches de Lannion (Côtes-d'Armor) ont défilé en silence après le suicide la veille d'un ingénieur de 48 ans, qui a laissé une lettre faisant état d'une déception à propos d'une promotion manquée.

Didier Lombard s'était rendu sur place en Bretagne jeudi pour leur exprimer son soutien, mais des délégués syndicaux ont déclaré à des médias qu'il n'avait rencontré qu'une poignée de personnes dans la soirée et avait décliné leur invitation de rester pour s'adresser à l'ensemble du personnel ce vendredi.

Le mois dernier, il avait dû présenter ses excuses après avoir parlé publiquement de la "mode des suicides". Le 5 octobre, son bras droit, Louis-Pierre Wenes, a été remplacé par Stéphane Richard, jusque là directeur de cabinet de Christine Lagarde au ministère de l'Economie.

L'Etat reste le premier actionnaire de France Télécom, ancienne administration d'Etat devenue société anonyme en 1996, et dont l'actionnariat est majoritairement privé depuis 2004.

Au sein du gouvernement, une critique de la réaction affichée par Didier Lombard est venue vendredi du secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi, Laurent Wauquiez.

"La première chose, c'est le boulot interne de France Télécom: il est urgent qu'ils se retroussent les manches, et surtout que le P-DG donne le sentiment d'une empathie et qu'il aille à la rencontre de ses salariés, car je trouve qu'il ne l'a pas suffisamment fait jusqu'à présent", a-t-il dit sur Canal+.

Le président Nicolas Sarkozy a mis aussi en cause le mode de gestion de l'entreprise, sans nommer Didier Lombard. "On a trop privilégié dans certaines entreprises l'avis des analystes financiers et ainsi on a oublié la qualité des relations sociales", dit-il dans un entretien au Figaro publié vendredi.

Le secrétaire général du syndicat Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a de même, mais directement, critiqué la direction de France Télécom.

"L'aveuglement de la direction, doublé d'un mépris profond pour les conditions de travail d'agents qui n'ont jamais démérité, est seul responsable de la crise traversée par cette entreprise", dit-il dans un communiqué.

Le suicide de Lannion est le 25e depuis février 2008, selon un calendrier établi depuis cette date par les syndicats.

La direction de France Télécom soulignait jusqu'au mois de septembre que les statistiques annuelles des suicides montraient plutôt une baisse pour cette entreprise de 102.000 salariés. Elle a changé sa communication au fil des nouveaux décès.

Les personnes se donnant la mort font désormais référence dans les lettres qu'ils laissent à divers problèmes de la vie interne de l'entreprise. Certains inscrivent même explicitement leur geste dans la vague de suicides.

France Télécom a décidé en septembre un moratoire sur les mutations forcées et des négociations ont été ouvertes avec les syndicats pour la mise en oeuvre d'un accord interprofessionnel de 2008 sur le stress au travail.

Les syndicats de l'entreprise, davantage que des mesures spécifiques, demandent un changement de stratégie avec l'arrêt total des fermetures de sites, des suppressions de postes et des mutations géographiques ou professionnelles forcées.


Source: Reuters via Yahoo News

Awa Diakhate



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