Afrique et Moyen-Orient
12/02/2025 22:51

Le M23 progresse, le Burundi met en garde le Rwanda

Dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la situation sécuritaire reste tendue malgré les appels répétés au cessez-le-feu. Le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, a repris ses offensives, s’emparant de plusieurs localités stratégiques dans la province du Sud-Kivu. Cette avancée intervient alors que le Burundi, allié de la RDC, a lancé un avertissement ferme au Rwanda, accusé de soutenir les rebelles.


Reprise des combats dans le Sud-Kivu


Après une brève accalmie, les combats ont repris de plus belle dans la région de Kalehe, située à une soixantaine de kilomètres de Bukavu, la capitale provinciale du Sud-Kivu. Les forces du M23, appuyées par des éléments rwandais, ont intensifié leurs attaques, visant notamment la zone commerciale d’Ihusi. Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), soutenues par des troupes burundaises, ont opposé une résistance farouche, mais les pertes humaines sont importantes des deux côtés. Un officier burundais a notamment perdu la vie lors des affrontements.

Les combats ont provoqué un nouveau déplacement massif de populations. Des milliers de civils ont fui leurs foyers, cherchant refuge sur l’île d’Ishovu, sur le lac Kivu, ou dans des villages voisins. Ces déplacés vivent dans des conditions précaires, souvent hébergés dans des églises, des écoles ou chez des familles d’accueil.

 

Le Burundi, qui a déployé environ 10 000 soldats en appui aux FARDC, a vivement réagi à la situation. Le président burundais, Evariste Ndayishimiye, a déclaré que son pays répondrait à toute attaque, qualifiant le Rwanda de "mauvais voisin". 

Les chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) avaient pourtant appelé à un cessez-le-feu immédiat lors d’un sommet tenu à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, le 8 février. Cependant, cette trêve fragile a été rapidement rompue, les combats reprenant dès le 10 février.

Plus au nord, dans la province de l’Ituri, des violences intercommunautaires ont éclaté, faisant des dizaines de morts. Les milices rivales Codeco et Zaïre, qui prétendent chacune défendre une communauté différente, sont à l’origine de ces attaques. La Codeco, qui se présente comme la protectrice des Lendu, et le groupe Zaïre, proche des Hema, se sont affrontés dans plusieurs localités, notamment dans le territoire de Djugu.

Ces violences surviennent malgré un accord de désarmement signé en avril 2024 sous l’égide du gouvernement congolais. La société civile locale craint une recrudescence de l’insécurité dans la région, déjà fragilisée par des années de conflits.

À Goma, capitale du Nord-Kivu, les camps de déplacés continuent de se vider sous la pression du M23. Le groupe armé a donné un ultimatum de 72 heures aux déplacés pour quitter les lieux, provoquant un nouvel exode. Des familles entières ont pris la route, souvent sans ressources, cherchant un abri précaire dans des zones plus sûres.

La situation humanitaire reste critique, avec des milliers de personnes déplacées vivant dans des conditions extrêmement difficiles. Les organisations humanitaires peinent à répondre aux besoins croissants, alors que les combats persistent et que les tensions régionales s’exacerbent.
Frank Robin
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