Mais le sommet de Saint-Pétersbourg prend une tournure particulière en raison de la nouvelle position de la Russie sur la scène internationale. Alors même qu'elle prenait la présidence tournante du G8, le Kremlin avait glacé l'Occident dans la guerre du gaz russo-ukrainienne. Le journal russe Kommersant résume la situation : "L'Occident doit répondre à une série d'ultimatums posés par la Russie, dont son refus des règles européennes sur le marché énergétique, sa position particulière concernant l'Iran et l'exigence d'une non-ingérence dans les affaires intérieures russes."
"En privé, les autres dirigeants du G8 regrettent d'avoir donné à la Russie leur approbation, il y a quatre ans, pour qu'elle organise la réunion de cette année", note Time. "Au lieu d'être une carotte pour encourager un comportement meilleur, leur venue devient pour Poutine une tribune spectaculaire pour proclamer un message différent : la Russie est de retour." Un message renforcé de façon opportune par la mort de l'ennemi public numéro un de Moscou, le chef terroriste tchétchène Chamil Bassaev, annoncée le 10 juillet.
S'appuyant sur ses richesses énergétiques et grâce aux prix élevés du cours du pétrole, la Russie revendique une place de choix dans le nouvel ordre international, ce qui n'est pas sans inquiéter l'Occident. Désormais, à l'instar du vice-président américain, Dick Cheney, certains dirigeants occidentaux critiquent ouvertement Moscou pour ses restrictions des libertés civiles et pour sa politique énergétique d'intimidation.
Dans une analyse publiée par Foreign Affairs, le politologue Dmitri Trenine souligne les bouleversements en matière de politique extérieure. "Jusque récemment, la Russie se voyait comme la planète Pluton dans le système solaire occidental, très loin du centre mais fondamentalement intégrée. A présent, elle a totalement quitté cette orbite : les dirigeants russes en ont assez d'être une partie de l'Occident et ont commencé à créer leur propre système, avec Moscou au centre." Cette politique se traduit par la priorité qu'affiche le Kremlin de restaurer son influence sur les anciennes Républiques soviétiques – le "proche étranger" –, mais aussi par un rapprochement avec Pékin.
Sur le plan organisationnel, la Russie a accordé un soin particulier à son image. Newsweek souligne les agissements des autorités pour embellir la situation de Saint-Pétersbourg, la ville natale du président russe, aux yeux des dirigeants étrangers. Saint-Pétersbourg, qui fut un bastion du libéralisme en Russie, a payé cher sa proximité avec le chef du Kremlin, explique l'hebdomadaire américain. Les autorités ont transformé l'ancienne capitale impériale, conçue par son fondateur Pierre le Grand comme une fenêtre russe sur l'Europe, en "une fenêtre occidentale sur la nouvelle Russie". Non seulement les sans-abri et les vendeurs à la sauvette ont été délogés, mais les opposants politiques et les libres-penseurs, qui ont fait la réputation de la ville, sont désormais muselés. "C'est bien plus qu'un nettoyage en vue du G8", commente Newsweek.
"Cependant, l'Occident n'a visiblement pas encore pensé à ce qu'il allait faire face à la nouvelle position de la Russie", observe Kommersant. Si certains plaident pour des pressions ou, inversement, pour la non-ingérence, d'autres encouragent une "influence en douceur", en matière économique, juridique et sociale.
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dans Le courrier international
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"En privé, les autres dirigeants du G8 regrettent d'avoir donné à la Russie leur approbation, il y a quatre ans, pour qu'elle organise la réunion de cette année", note Time. "Au lieu d'être une carotte pour encourager un comportement meilleur, leur venue devient pour Poutine une tribune spectaculaire pour proclamer un message différent : la Russie est de retour." Un message renforcé de façon opportune par la mort de l'ennemi public numéro un de Moscou, le chef terroriste tchétchène Chamil Bassaev, annoncée le 10 juillet.
S'appuyant sur ses richesses énergétiques et grâce aux prix élevés du cours du pétrole, la Russie revendique une place de choix dans le nouvel ordre international, ce qui n'est pas sans inquiéter l'Occident. Désormais, à l'instar du vice-président américain, Dick Cheney, certains dirigeants occidentaux critiquent ouvertement Moscou pour ses restrictions des libertés civiles et pour sa politique énergétique d'intimidation.
Dans une analyse publiée par Foreign Affairs, le politologue Dmitri Trenine souligne les bouleversements en matière de politique extérieure. "Jusque récemment, la Russie se voyait comme la planète Pluton dans le système solaire occidental, très loin du centre mais fondamentalement intégrée. A présent, elle a totalement quitté cette orbite : les dirigeants russes en ont assez d'être une partie de l'Occident et ont commencé à créer leur propre système, avec Moscou au centre." Cette politique se traduit par la priorité qu'affiche le Kremlin de restaurer son influence sur les anciennes Républiques soviétiques – le "proche étranger" –, mais aussi par un rapprochement avec Pékin.
Sur le plan organisationnel, la Russie a accordé un soin particulier à son image. Newsweek souligne les agissements des autorités pour embellir la situation de Saint-Pétersbourg, la ville natale du président russe, aux yeux des dirigeants étrangers. Saint-Pétersbourg, qui fut un bastion du libéralisme en Russie, a payé cher sa proximité avec le chef du Kremlin, explique l'hebdomadaire américain. Les autorités ont transformé l'ancienne capitale impériale, conçue par son fondateur Pierre le Grand comme une fenêtre russe sur l'Europe, en "une fenêtre occidentale sur la nouvelle Russie". Non seulement les sans-abri et les vendeurs à la sauvette ont été délogés, mais les opposants politiques et les libres-penseurs, qui ont fait la réputation de la ville, sont désormais muselés. "C'est bien plus qu'un nettoyage en vue du G8", commente Newsweek.
"Cependant, l'Occident n'a visiblement pas encore pensé à ce qu'il allait faire face à la nouvelle position de la Russie", observe Kommersant. Si certains plaident pour des pressions ou, inversement, pour la non-ingérence, d'autres encouragent une "influence en douceur", en matière économique, juridique et sociale.
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