Sénégal d'Aujourd'hui
06/01/2012 00:02

Le Député PDS Guediawaye Kalidou Niasse fait le point

Kalidou Niasse, député PDS, député de Guediawaye et ancien maire de la Commune de Wakhinane-Nimzatt, fait part à Editoweb de son point de vue sur l’administration locale et les événements importants de la vie politique sénégalaise au cours de l’année 2011.


Editoweb: Quels sont les problèmes des administrations locales au Sénégal?
Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: Les rôles  politiques sont mal divisés et même mal définis. Ces divisions entrainent le plus souvent des conflits entre les compétences de la ville et des communes. On note des problèmes concernant le budget des fonds d’investissement des communes.  Les recettes sont à trouver sur le même terrain et cela provoque des disputes. Le Préfet devrait être un arbitre mais il n’en est rien. Nous avons voulu copier le système politique français mais, chez nous, ce n’est pas possible dans la mesure où nos mairies, avec la loi sur la décentralisation de 1996, se sont retrouvées isolées.

Editoweb: Comment êtes-vous entré en politique?
Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: En 2000,  j’étais le responsable des jeunes libéraux de Guédiawaye. Wade nous consultait et nous avions une influence sur ses décisions en sa qualité de Secrétaire général du Parti démocratique sénégalais(PDS)

Editoweb: Vous êtes député depuis 2001: vous étiez très jeune comment votre ascension s’est-elle faite?
Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: A l’époque, je ne pouvais pas être titulaire mais, au bout de deux mois, le Président a fait nommer des jeunes dont moi. Sur 120 députés, nous étions 13 jeunes. Nous organisions les procédures pour le budget. Des cessions de formations pour les jeunes nous ont permis d’apprendre la législation. Ainsi en 2001 j’étais député; en 2002 je suis devenu maire. J’avais 33 ans. Je suis resté maire jusqu’en 2009.

Editoweb: Pendant ses deux mandats, le Président a-t-il laissé faire l’opposition?
Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: Oui. Ayant été lui-même opposant pendant de longues années, il estime qu’il doit y avoir une véritable Opposition. Si nous avions gagné les municipales de 2009, nous n’aurions pas à corriger aujourd’hui.

Editoweb: Les membres du PDS sont-ils toujours «opposants»?
Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: Oui, nous sommes des opposants dans le sens où le Président lui-même demeure un éternel opposant.

Editoweb: Vous étiez Maire de Wakhinane-Nimzatt: c’est un secteur à inondations. Qu’avez-vous fait?
Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: Face aux problèmes d’inondation, j’ai apporté, avec le ministre de l'Aménagement du territoire Karim Wade, mon assistance et de l’argent à la mairie et au département de Guediawaye.

Editoweb: Que pensez- vous de l’actualité politique de ces derniers temps, notamment avec l’affaire Barthélémy Dias?
Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: Au Sénégal le maire n’est pas le patron de la police: il a fait le cowboy. Il y a longtemps qu’il a dérapé - à Tambacounda par exemple - et ceci est inadmissible dans une république et un pays de droit. De ma vie, je n’ai jamais porté une arme: le maire doit éduquer et non punir. Nous avons un rôle éducatif. Même moi, j’ai fait l’objet de menaces pendant le vote du projet de loi sur le ticket présidentiel le 23 juin passé pour autant, le peuple sénégalais est pacifiste, un élu, qu’importe son parti, doit garder en tête de représenter le peuple.

Editoweb: Justement, le 23 juin n’a pas été une journée calme…
 Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: Ce jour-là, nous examinions le projet de loi instituant le ticket présidentiel avec l’élection simultanée du Président de la République et du Vice-président. A la pause, le ministre nous a dit que les données avaient changé: ce n’était plus 25% qui correspondent au quart  bloquant, c’était désormais 50%.  Après la reprise des débats, j’ai demandé la suspension de la séance parce qu’il y’avait un obstacle majeur: cette loi allait résoudre les problèmes de leadership du Benno; nous étions donc en train de consolider cette coalition.

Editoweb: Mais on dit que c’est à cause de la manifestation que la majorité a cédé?
Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: Ce n’est pas le PS qui a contrôlé la manifestation. Même au PDS, nous avons des gens qui ont manifesté. Le peuple a exprimé son opinion, je déplore juste la violence.

Editoweb: Ce ticket présidentiel aurait modifié profondément le mode d’élection du Président de la République et remis en question le deuxième tour des élections…
Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: Le deuxième tour est anti–démocratique, c’est plus du marchandage que de la politique. Cela  explique le nombre élevé de candidats au premier tour de la présidentielle: au deuxième tour, il y a des négociations soit pour avoir une parcelle de pouvoir soit pour de l’argent.

Editoweb: Que dites-vous aux jeunes?
Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: Nous avons une crise d’autorité. Contre ça, il faut éduquer les populations dès le plus jeune âge. Lorsque le Conseil Constitutionnel rendra sa décision, les jeunes ne devront pas céder à violence. Si le Conseil valide la candidature de Wade, il faut être discipliné. Wade pourrait être réélu. Le PS et l’opposition le savent. Ils jouent sur l’âge de Wade mais les réalisations du Président  sont là.

Editoweb: Comment pourrait-on, selon vous, régler le problème de la Casamance?
Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: Il faut privilégier le dialogue, surtout avec la Guinée Bissau, à cause des problèmes de drogue. Les Guinéens viennent en Casamance pour profiter de l’instabilité de la zone casamançaise.

Editoweb: Certains responsables politiques disent être victimes de pressions…
Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: Les histoires de pression subies par tel ou tel responsable politique, ce sont des jeux médiatiques: ça fait de l’audimat.

Editoweb: Qu’est-ce que vous retenez de Moustapha Niasse?
Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: C’est particulièrement son opposition à Ousmane Tanor Dieng. Il n’est pas un homme de paix.

Editoweb: Quel est votre modèle politique?
Kalidou Niasse Député PDS Guediawaye: Ma référence politique, c’est Wade. Quand j’avais 15 ans, Abdou Diouf était au pouvoir. Puis il y a eu le Sopi. Je n’ai connu qu’Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. J’ai suivi Wade, il a influencé mon orientation vers les sciences politiques, je voulais être comme lui.


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