Amériques
17/08/2009 14:52

La torture des Noirs aux Etats-Unis en carte postale

Le 7 août 1930, une foule de plusieurs milliers de personnes attaque la prison de Marion (Indiana) avec une idée fixe : 'Buter ces maudits Nègres.' Les portes ne résistent pas longtemps. Un détenu noir, Thomas Shipp, est battu à mort, puis son corps est exhibé à la fenêtre de la prison pour que chacun puisse le voir. Un autre est frappé, mutilé. Enfin, on pend les deux hommes à un arbre.


Un photographe est là pour immortaliser la scène : Lawrence Beitler, qui a un studio en ville, imprime des cartes postales à 50 cents la pièce. Il en vend plusieurs milliers. On y voit deux corps ensanglantés, pendus à un arbre au-dessus d'une foule visiblement ravie du spectacle. Au premier plan, un homme pose en pointant du doigt un des 'Nègres'. A côté, deux jeunes filles agrippent des 'souvenirs' : des bouts de tissu noir arrachés au pantalon d'un pendu. D'autres préféreront emporter une touffe de cheveux comme trophée de chasse.

Cette carte postale insoutenable, soigneusement encadrée avec une poignée de cheveux crépus, fait partie d'une exposition instructive et glaçante, 'Without Sanctuary', présentée cet été aux Rencontres de la photographie d'Arles. 70 documents - en majorité des cartes postales, mais aussi des affiches et coupures de presse - reviennent sur le lynchage des Noirs aux Etats-Unis.

Entre 1882 et 1968, au moins 5 000 personnes ont été tuées de la sorte, en majorité dans les Etats racistes du Sud. Les cartes postales de pendus rendent à ces chiffres leur horreur concrète. La quasi-totalité de ces photos réalisées sur place ont été faites non pour dénoncer les lynchages, mais pour les glorifier. Les cartes postales étaient vendues librement dans les bureaux de tabac aux touristes et aux habitants, conservées dans les albums de famille.

Cette collection a été réunie par un antiquaire de Floride, James Allen. Dans les années 1980, un client embarrassé lui vend un bureau 'avec une chose intéressante à l'intérieur'. Il découvre une carte postale montrant un homme pendu à un arbre, Leo Frank. 'J'ai fait des recherches, explique-t-il à Arles. Petit à petit j'ai trouvé d'autres cartes. Mais aucune institution ne s'intéressait à ça. Et personne ne voulait en entendre parler.' L'antiquaire passe des annonces dans la presse, convainc des héritiers de lui vendre des cartes - 'En général, les gens les découvrent à la mort du grand-père et s'empressent de les mettre à la poubelle.'... lire la suite de l'article sur Le Monde.fr


Source: Le Monde via Yahoo News


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