Monde: Toute l'Actu
26/11/2014 22:26

La politique de Nicolas Sarkozy

Quelqu'un, un poète, m'a dit un jour: «Pour faire de la politique, il faut aimer tout le monde». Aimer la dame bon chic bon genre qui n'apprécie que ses semblables. Aimer le jeune qui «tient le mur» parce qu'il n'a rien d'autre à faire et qu'il a honte devant sa mère.



Aimer tout le monde, quel qu'il soit, quoi qu'il pense. Aller chercher en chacun ce qui est admirable et ne pas douter même si on ne trouve rien. Aimer l'originale du quartier qui souhaite à tous les passants une journée pleine de joie avec un sourire illuminé qui vous laisse penser qu'elle est déjà heureuse du bonheur sensationnel que vous connaîtrez plus tard dans la journée. L'autre soir, quand elle m'a lancé son gentil vœu, je lui ai répondu dans un souffle: vous avez dû beaucoup souffrir pour souhaiter du bonheur comme ça à tout le monde... Son sourire s'est évanoui. Elle avait trouvé en moi la crapule capable de la renvoyer avec brutalité dans l'enfer qu'elle essayait d'oublier. Et ça n'avait rien d'admirable.

Nicolas Sarkozy est fait pour la politique, c'est incontestable. Dans son dernier meeting, il est allé prétendre que Rachida Dati avait été ministre de la Justice, lorsqu'il était président, parce qu'avoir des parents nord-africains, ça donnait du sens à sa fonction, particulièrement pour ce qui concerne la politique pénale. Tout ça, et son discours sur Rama Yade, c'était pour illustrer la France de la diversité. Dans une autre apparition publique, il avait aussi dit que la loi Taubira, sur le mariage pour tous, devait être abrogée. Il divise les Français sur des opinions à l'occasion desquelles l'intolérance peut s'exprimer. Il ne va pas chercher en chacun ce qui est admirable, lui. Il va plutôt chercher ce qui, pendant les heures obscures, exalte les Puissances du Mal, comme l'écrivait Conan Doyle dans Le chien des Baskerville. C'est la politique de Nicolas Sarkozy. Et Nicolas Sarkozy n'est pas un poète.

Sylvie Delhaye S. D.



Lu 630 fois




Flashback :