Avec une escale en Arabie saoudite et un très attendu discours au Caire, il plonge mercredi dans le vif de ce périlleux sujet.
Irak, Afghanistan, Abou Ghraïb, Guantanamo... Le fossé et l'incompréhension sont immenses. L'attitude et la rhétorique de George W. Bush, qui sembla pendant deux mandats -et pour cause de 11 septembre 2001- totalement indifférent aux souffrances du monde musulman, l'ont profondément creusé.
Aujourd'hui, les attentes sont considérables, mais nombreux sont ceux qui craignent les déceptions. Le soutien à Israël et la "guerre contre le terrorisme", principales nourritures du sentiment anti-américain, ne risquent toutefois pas de s'arrêter immédiatement. Le monde arabo-musulman attend de Washington une nouvelle approche, pas seulement un nouveau langage, d'autant qu'Obama s'y est engagé.
"Nous espérons que le discours sera positif et bénéficiera aux nations arabes et musulmanes", déclare Najla Abdul-Jalil, qui habite un quartier chiite de Bagdad, en Irak. "Mais en tant que citoyenne, je ne peux pas mettre tous mes espoirs dessus. L'Amérique a la même politique depuis des années."
Dans un entretien à la radio NPR, Obama a reconnu qu'il faudrait beaucoup pour promouvoir le changement, et que tous s'y attèlent: "Les Etats-Unis doivent agir sur ce qu'ils disent. Il est important pour nous d'être clairs sur ce que nous pensons pouvoir mener à la paix. Il n'y a pas à se tromper, et nous n'attendons pas le compromis d'un seul côté. Il faudra que cela vienne des deux côtés."
Pour avancer, il faudrait surtout ramener les relations entre les Etats-Unis et les pays musulmans à la normalité: des relations adultes, dans lesquelles des désaccords pourraient persister sans empêcher la coopération dans d'autres domaines...
Pour Jon Alterman, directeur du Proche-Orient au Center for Strategic and International Studies de Washington, Obama, pour ce faire, peut utiliser ses talents d'orateur et sa faculté à gérer par la raison les problèmes les plus ardus.
"Pour de nombreux auditoires (du monde arabo-musulman, NDLR), le simple fait de passer de l'hostilité violente à la désapprobation de mauvaise grâce serait une énorme victoire", estime-t-il.
Le discours du Caire est le point d'orgue d'une série régulière d'attentions et gestes adressés au monde musulman: dès sa prestation de serment Obama assuma son deuxième prénom, Hussein, pour appeler au "respect mutuel dans l'intérêt mutuel" et à une "nouvelle donne".
Ce prénom, sa filiation musulmane et kenyane, son enfance en Indonésie sont autant d'atouts dans les allées du pouvoir comme auprès de la rue arabe et musulmane.
Sa première interview officielle de président fut pour Al-Arabiya, la chaîne panarabe basée à Dubaï, son premier coup de fil pour le Palestinien Mahmoud Abbas. Il a tendu la main à l'Iran, entamé le processus de fermeture de Guantanamo, reconnu et donné ordre d'arrêter la pratique de la torture... Et à l'occasion de sa venue en Turquie, au printemps, il a déclaré que les Etats-Unis "ne sont pas et ne seront jamais en guerre avec l'islam".
Mais la tâche s'annonce ardue pour Obama à l'Université du Caire, haut-lieu de la contestation étudiante, où il sera également sous le patronage de la mosquée Al-Azhar, institution révérée dans tout le monde islamique.
Au cœur du discours: la querelle israélo-palestinienne. Alors que Washington et Tel Aviv sont en froid sur la question de la colonisation, nombre d'Arabes attendent du président américain qu'il présente les grandes lignes de sa vision pour la paix, en incluant les demandes arabes sur Jérusalem... Mais cela semble peu probable, et donc porteur de déceptions.
Selon son entourage, Obama ne compte pas non plus occulter le fait que l'Egypte, son allié stratégique, est un régime autoritaire, dirigé depuis 1981 par Hosni Moubarak. Il devrait y parler de la nécessité d'un meilleur modèle démocratique et de respect des droits politiques et humains. Il compte aussi visiter une mosquée et s'entretenir avec des jeunes et des journalistes.
L'ajout en dernière minute de l'escale à Riyadh avant l'étape du Caire est un signe important adressé au pays dont le souverain est considéré comme le gardien des Lieux saints de l'islam, Médine et La Mecque, et un acteur de poids sur la scène régionale.
C'est aussi un net appel du pied aux Arabes, que Washington aimerait voir plus engagés derrière le Palestinien Abbas et plus innovants sur le chemin de la paix avec Israël. La bénédiction d'Abdallah d'Arabie saoudite serait en ce sens un atout précieux.
Vendredi, Obama sera en Allemagne, avec au programme une entrevue avec la chancelière Angela Merkel, une visite de l'ancien camp nazi de Buchenwald et un déplacement à Landstuhl pour rencontrer des soldats américains blessés.
Le président américain achèvera son voyage en France, où il s'entretiendra avec son homologue Nicolas Sarkozy et participera samedi à des manifestations liées au 65e anniversaire du Débarquement en Normandie, avant de regagner Washington le lendemain.
Source: Associated Presse via Yahoo News
Irak, Afghanistan, Abou Ghraïb, Guantanamo... Le fossé et l'incompréhension sont immenses. L'attitude et la rhétorique de George W. Bush, qui sembla pendant deux mandats -et pour cause de 11 septembre 2001- totalement indifférent aux souffrances du monde musulman, l'ont profondément creusé.
Aujourd'hui, les attentes sont considérables, mais nombreux sont ceux qui craignent les déceptions. Le soutien à Israël et la "guerre contre le terrorisme", principales nourritures du sentiment anti-américain, ne risquent toutefois pas de s'arrêter immédiatement. Le monde arabo-musulman attend de Washington une nouvelle approche, pas seulement un nouveau langage, d'autant qu'Obama s'y est engagé.
"Nous espérons que le discours sera positif et bénéficiera aux nations arabes et musulmanes", déclare Najla Abdul-Jalil, qui habite un quartier chiite de Bagdad, en Irak. "Mais en tant que citoyenne, je ne peux pas mettre tous mes espoirs dessus. L'Amérique a la même politique depuis des années."
Dans un entretien à la radio NPR, Obama a reconnu qu'il faudrait beaucoup pour promouvoir le changement, et que tous s'y attèlent: "Les Etats-Unis doivent agir sur ce qu'ils disent. Il est important pour nous d'être clairs sur ce que nous pensons pouvoir mener à la paix. Il n'y a pas à se tromper, et nous n'attendons pas le compromis d'un seul côté. Il faudra que cela vienne des deux côtés."
Pour avancer, il faudrait surtout ramener les relations entre les Etats-Unis et les pays musulmans à la normalité: des relations adultes, dans lesquelles des désaccords pourraient persister sans empêcher la coopération dans d'autres domaines...
Pour Jon Alterman, directeur du Proche-Orient au Center for Strategic and International Studies de Washington, Obama, pour ce faire, peut utiliser ses talents d'orateur et sa faculté à gérer par la raison les problèmes les plus ardus.
"Pour de nombreux auditoires (du monde arabo-musulman, NDLR), le simple fait de passer de l'hostilité violente à la désapprobation de mauvaise grâce serait une énorme victoire", estime-t-il.
Le discours du Caire est le point d'orgue d'une série régulière d'attentions et gestes adressés au monde musulman: dès sa prestation de serment Obama assuma son deuxième prénom, Hussein, pour appeler au "respect mutuel dans l'intérêt mutuel" et à une "nouvelle donne".
Ce prénom, sa filiation musulmane et kenyane, son enfance en Indonésie sont autant d'atouts dans les allées du pouvoir comme auprès de la rue arabe et musulmane.
Sa première interview officielle de président fut pour Al-Arabiya, la chaîne panarabe basée à Dubaï, son premier coup de fil pour le Palestinien Mahmoud Abbas. Il a tendu la main à l'Iran, entamé le processus de fermeture de Guantanamo, reconnu et donné ordre d'arrêter la pratique de la torture... Et à l'occasion de sa venue en Turquie, au printemps, il a déclaré que les Etats-Unis "ne sont pas et ne seront jamais en guerre avec l'islam".
Mais la tâche s'annonce ardue pour Obama à l'Université du Caire, haut-lieu de la contestation étudiante, où il sera également sous le patronage de la mosquée Al-Azhar, institution révérée dans tout le monde islamique.
Au cœur du discours: la querelle israélo-palestinienne. Alors que Washington et Tel Aviv sont en froid sur la question de la colonisation, nombre d'Arabes attendent du président américain qu'il présente les grandes lignes de sa vision pour la paix, en incluant les demandes arabes sur Jérusalem... Mais cela semble peu probable, et donc porteur de déceptions.
Selon son entourage, Obama ne compte pas non plus occulter le fait que l'Egypte, son allié stratégique, est un régime autoritaire, dirigé depuis 1981 par Hosni Moubarak. Il devrait y parler de la nécessité d'un meilleur modèle démocratique et de respect des droits politiques et humains. Il compte aussi visiter une mosquée et s'entretenir avec des jeunes et des journalistes.
L'ajout en dernière minute de l'escale à Riyadh avant l'étape du Caire est un signe important adressé au pays dont le souverain est considéré comme le gardien des Lieux saints de l'islam, Médine et La Mecque, et un acteur de poids sur la scène régionale.
C'est aussi un net appel du pied aux Arabes, que Washington aimerait voir plus engagés derrière le Palestinien Abbas et plus innovants sur le chemin de la paix avec Israël. La bénédiction d'Abdallah d'Arabie saoudite serait en ce sens un atout précieux.
Vendredi, Obama sera en Allemagne, avec au programme une entrevue avec la chancelière Angela Merkel, une visite de l'ancien camp nazi de Buchenwald et un déplacement à Landstuhl pour rencontrer des soldats américains blessés.
Le président américain achèvera son voyage en France, où il s'entretiendra avec son homologue Nicolas Sarkozy et participera samedi à des manifestations liées au 65e anniversaire du Débarquement en Normandie, avant de regagner Washington le lendemain.
Source: Associated Presse via Yahoo News