France
16/12/2008 15:44

La chute de l'inflation éclipsée par l'emploi

Paris-Sous une forte baisse des prix de l'énergie, le taux d'inflation a reculé à 1,6% en novembre, son plus bas niveau depuis 14 mois, mais les économistes doutent de son effet sur le pouvoir d'achat alors que se confirme la dégradation du marché du travail.



Les prix à la consommation ont baissé de 0,5% par rapport à novembre, en grande partie grâce à une chute de 5,5% des prix de l'énergie, selon des données publiées mardi par l'Insee.

Le taux d'inflation tombe ainsi à son plus bas niveau depuis septembre 2007 (il était alors à 1,5%). Il avait culminé à 3,6% en juin et juillet, au plus fort de l'envolée des prix des matières premières.

L'indice des prix IPCH, qui permet une comparaison au niveau européen, a également diminué de 0,5% en décembre pour s'établir à 1,9% sur un an contre 3,0% en octobre, à comparer à des pics à 4,0% durant l'été.

Cette tendance, due au dégonflement des prix du pétrole, s'est retrouvée dans l'ensemble de la zone euro où le taux d'inflation a baissé à 2,1% en novembre contre 3,2% en octobre, selon l'estimation publiée le 28 novembre par Eurostat.

Christine Lagarde, la ministre française de l'Economie, a salué dans un communiqué "le retour de l'inflation à des niveaux normaux (qui) constitue un facteur important de soutien au pouvoir d'achat des ménages en cette période difficile."

Mais, et même s'ils écartent pour le moment le risque d'une déflation, les économistes ne croient pas à un effet miracle sur la consommation dans un contexte de crise.

"La baisse de l'inflation est, du point de vue macroéconomique, complètement compensée par la hausse du chômage et il n'y a pas, pour l'heure, d'amélioration décelable du pouvoir d'achat des ménages," tranche Nicolas Bouzou, du cabinet Asteres.

La publication des chiffres de l'inflation a coïncidé avec l'annonce par l'Insee de 36.600 destructions d'emplois dans les secteurs concurrentiels au troisième trimestre, dont 47.000 dans les secteurs principalement marchands (hors agriculture et emploi public).

En première estimation le mois dernier, l'Insee avait fait état de 10.800 pertes d'emplois dans les secteurs marchands.

L'emploi salarié a ainsi reculé de 0,3% par rapport au deuxième trimestre, au lieu de -0,1% initialement annoncé, avec des baisses de 0,4% dans l'industrie et le tertiaire mais une hausse inattendue de 0,6% dans la construction, toujours soutenue par les travaux d'entretien.

La surprise de la révision tient aux services, où les destructions d'emplois ont été révisées à 41.600 au lieu de 2.200 annoncé il y a un mois. L'industrie a perdu 15.200 emplois mais la construction en a créé 9.800. L'intérim a perdu 26.000 postes équivalent temps plein mais c'est moins que les 48.500 du deuxième trimestre.

Au deuxième trimestre, 27.500 emplois ont été détruits au total dans les secteurs principalement marchands, après 47.800 créations nettes sur les trois premiers mois.

Le solde depuis le début de l'année passe ainsi dans le rouge avec 26.700 destructions d'emplois, contre 230.700 créations pour la même période de 2007.

Sans espoir de redressement au quatrième trimestre, 2008 devrait voir des destructions nettes d'emplois pour la première fois depuis 2003.

"Le marché du travail est un indicateur différé. Bien entendu on craint des nouvelles bien plus mauvaises dans les prochains mois," remarque Holger Schmieding, économiste Europe chez Bank of America à Londres.

Les dernières enquêtes PMI, également publiées mardi, confirment les sombres perspectives pour le quatrième trimestre avec, comme dans les chiffres de l'emploi, une nette dégradation dans les services.

Les indices d'activité calculés par Markit ont touché de nouveaux plus bas depuis que cette enquête a été créée en 1998, à 35,9 dans l'industrie et 41,6 dans les services, contre respectivement 37,3 et 46,2 en novembre.

Un indice sous 50 témoigne d'une contraction de l'activité.


Source: Yahoo News

Awa Diakhate



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