Ci-dessus et ci-dessous, trois extraits d'un ouvrage publié en octobre 1814 par le philosophe Claude-Henri de Saint-Simon et qui font l'effet d'une étrange actualité pourvu qu'on remplace "Roi" par "Président".
«Aujourd'hui, par un reste d'habitude de l'ancienne forme de gouvernement, une partie de la nation rapporte tout au Roi, fait le Roi centre de tout, mobile de tout, et ne regarde les autres pouvoirs que comme une émanation du pouvoir royal. Cette opinion qu'on n'a pas pris assez soin de détruire, et que l'amour des Français pour leur prince entretient encore parce qu'on se plaît à penser qu'on obéit à ceux qu'on aime, est la plus funeste aux intérêts du Roi, la plus fatale à la dynastie, la plus propre à pousser contre elle tout l'effort de la révolution qui s'avance ; car c'est contre celui qu'on croit cause de tout que s'élèvent tous les murmures ; c'est lui qu'on accuse de tous les maux, qu'on charge de toutes les fautes.»
«Moins on contrarie les intérêts des autres en travaillant aux siens propres, moins on éprouve de résistance de leur part ; plus facilement on arrive à son but. Ainsi, cette maxime tant répétée, on ne peut être vraiment heureux qu'en cherchant son bonheur dans le bonheur d'autrui, est aussi certaine, aussi positive que celle-ci : un corps lancé dans une certaine direction, est arrêté ou retardé dans sa course s'il rencontre en chemin d'autres corps lancés dans une direction contraire.» Dans l'ouvrage, cet argument est utilisé pour convaincre du bénéfice à tirer d'une Europe unifiée. Dans le contexte actuel du mouvement des Gilets Jaunes, il s'appliquerait plutôt à l'antagonisme entre l’intérêt général et les intérêts particuliers.
Tout cela me laisse songeuse et me donne bien envie de faire l'autruche en disant : pour vivre heureux, vivons cachés. Ah! C'est lâche!
Source: «De la réorganisation de la société européenne» Claude-Henri de Saint-Simon et Augustin Thierry, Éditions A. Égron, Paris 1814 - Image: libre de droits
«Aujourd'hui, par un reste d'habitude de l'ancienne forme de gouvernement, une partie de la nation rapporte tout au Roi, fait le Roi centre de tout, mobile de tout, et ne regarde les autres pouvoirs que comme une émanation du pouvoir royal. Cette opinion qu'on n'a pas pris assez soin de détruire, et que l'amour des Français pour leur prince entretient encore parce qu'on se plaît à penser qu'on obéit à ceux qu'on aime, est la plus funeste aux intérêts du Roi, la plus fatale à la dynastie, la plus propre à pousser contre elle tout l'effort de la révolution qui s'avance ; car c'est contre celui qu'on croit cause de tout que s'élèvent tous les murmures ; c'est lui qu'on accuse de tous les maux, qu'on charge de toutes les fautes.»
«Moins on contrarie les intérêts des autres en travaillant aux siens propres, moins on éprouve de résistance de leur part ; plus facilement on arrive à son but. Ainsi, cette maxime tant répétée, on ne peut être vraiment heureux qu'en cherchant son bonheur dans le bonheur d'autrui, est aussi certaine, aussi positive que celle-ci : un corps lancé dans une certaine direction, est arrêté ou retardé dans sa course s'il rencontre en chemin d'autres corps lancés dans une direction contraire.» Dans l'ouvrage, cet argument est utilisé pour convaincre du bénéfice à tirer d'une Europe unifiée. Dans le contexte actuel du mouvement des Gilets Jaunes, il s'appliquerait plutôt à l'antagonisme entre l’intérêt général et les intérêts particuliers.
Tout cela me laisse songeuse et me donne bien envie de faire l'autruche en disant : pour vivre heureux, vivons cachés. Ah! C'est lâche!
Source: «De la réorganisation de la société européenne» Claude-Henri de Saint-Simon et Augustin Thierry, Éditions A. Égron, Paris 1814 - Image: libre de droits