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04/02/2009 15:08

La France devrait afficher un déficit commercial record en 2008

Paris- La France devrait avoir enregistré en 2008 un déficit commercial record, proche de 60 milliards d'euros, qui reflétera la chute du volume des échanges mondiaux mais aussi ses faiblesses structurelles bien connues.



La statistique sera publiée vendredi par les Douanes et fera l'objet d'une présentation détaillée, le même jour, par la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac.

Huit économistes prévoient en moyenne un déficit de 5,7 milliards en décembre, qui porterait le total à quelque 58 milliards sur l'ensemble de 2008 et marquerait une nette dégradation par rapport au précédent record de 40,4 milliards atteint en 2007.

"Ce qu'on va regarder dans la statistique de décembre, c'est l'impact de la crise et notamment l'effondrement du commerce extérieur qu'on a eu au quatrième trimestre," indique Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel Leven.

Il s'attend à une contraction à la fois des importations et des exportations, les premières sous l'effet de la baisse de la demande intérieure en fin d'année, les secondes à cause du coup de frein subi tant par la production industrielle que par les échanges internationaux de marchandises au quatrième trimestre.

Témoins de ce coup de froid du commerce mondial, les exportations japonaises ont chuté de 35% en décembre par rapport au même mois de 2008, tandis que les exportations chinoises ont diminué pour le deuxième mois consécutif.

En Europe, la Suisse a annoncé mardi que le quatrième trimestre avait été le plus mauvais pour ses exportations depuis sept ans. L'Allemagne publiera ses propres chiffres lundi après avoir subi en novembre une chute record de ses exportations.

"Avec la faillite de Lehman Brothers en septembre, c'est comme un 11-Septembre puissance dix qui s'est abattu sur l'économie mondiale et on verra l'impact sur les échanges dans la statistique de décembre", ajoute Jean-Louis Mourier.

Au-delà de l'impact de la crise et des effets prix dus aux variations de l'euro et des cours des matières premières, la cuvée 2008 du commerce extérieur français mettra aussi en évidence ses faiblesses structurelles.

Dans son point annuel sur la compétitivité en France, le cabinet de recherche Coe-Rexecode relève que, entre 1998 et 2008, la part des exportations françaises dans le total des exportations de la zone euro est passée de 17,0% à 13,4%.

Les exportations françaises, dont le montant était de 55% des exportations allemandes en 1999, n'en représentent plus que 40% aujourd'hui. Et entre 1999 et 2007, la part des exportations tricolores dans les importations des économies de l'OCDE a reculé de 17,8% alors que celle des exportations allemandes a progressé de 4%.

Coe-Rexecode, proche de l'industrie, cite la taille insuffisante des PME françaises par rapport à leurs homologues allemandes mieux armées pour se lancer à l'assaut des marchés étrangers. Mais, constatant un décrochage des parts de marché de la France depuis 1999, il dénonce aussi les contraintes du système productif avec la baisse de la durée du travail et les hausses du smic et des coûts salariaux qui en ont résulté.

"Les conditions de production peu favorables en France n'entraînent pas une baisse du rapport qualité-prix mais une élimination des entreprises qui ne peuvent pas maintenir un niveau suffisant du rapport qualité-prix", explique l'étude.

A preuve, le nombre d'entreprises françaises qui exportent est passé sous 100.000 ces dernières années, reculant de 0,9% à 98.113 en 2007 contre 106.700 en 2000.

C'était, il y a un an, un des indicateurs retenus par Hervé Novelli, le ministre d'alors, pour mesurer le redressement du commerce extérieur. Vu le contexte international, et malgré les efforts d'acteurs comme Ubifrance, il y a fort à parier que ce nombre ne s'est guère amélioré en 2008.

Parmi ces entreprises, les cent plus importantes réalisent plus de 35% des ventes françaises à l'étranger, et la proportion passe à 70% quand on prend les 1.000 plus importantes.

Pour Michel Didier, président de Rexecode, la récession peut être l'occasion pour l'Etat de renforcer durablement la compétitivité en allégeant les surcharges sur le coût du travail et en soutenant les projets qui répondront le mieux aux besoins et à la demande mondiale.

"Nos plans de relance doivent s'inscrire dans une perspective de compétitivité durable. Pour cela, il faut plus que des mesures, il faut à la France une vision industrielle," affirme-t-il en préambule à l'étude sur la compétitivité.


Source: Yahoo News

Awa Diakhate



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