Asie & Extrême Orient
19/10/2009 18:20

L'éventualité d'un second tour se renforce en Afghanistan

L'éventualité d'un second tour à la présidentielle afghane s'est renforcée lundi après la remise du rapport de la commission des plaintes électorales sur les irrégularités dénoncées lors du scrutin du 20 août.


Hamid Karzaï doit obtenir plus de 50% des suffrages exprimés pour s'épargner un second tour contre son principal adversaire, l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah. Mais l'invalidation de suffrages réunis par le président sortant pourrait rendre nécessaire la tenue d'un second tour.

On ignore dans l'immédiat les conclusions de la commission des plaintes électorales (ECC). Celles-ci, présentées dans un rapport fourni étayé par des dizaines de pages de détails techniques, ont été transmises à la commission électorale indépendante (IEC).

Dans un communiqué accompagnant son rapport, l'ECC a souligné que l'IEC était désormais "responsable de l'ajustement du nombre des voix des candidats en accord avec la décision de l'ECC".

"L'IEC n'est pas en mesure de rejeter (le verdict de l'ECC) sur le plan constitutionnel, mais cela ne veut pas dire qu'elle ne le fera pas", déclare un diplomate étranger.

Les résultats préliminaires créditaient Karzaï de 54,6% des voix contre 28% à Abdullah. De sources gouvernementales et diplomatiques, on disait récemment s'attendre à ce que l'ECC valide moins de la moitié des voix exprimées en faveur du chef de l'Etat sortant.

Mais même en cas de second tour, les analystes et les observateurs occidentaux estiment depuis longtemps que Karzaï, issu de l'ethnie pachtoune dominante, finira par l'emporter.

Abdullah Abdullah a exhorté ses partisans à accepter le résultat de l'élection à condition que les plaintes pour fraude soient correctement examinées.

Dans son rapport, l'ECC énumère la liste de nombreux bureaux de vote où le dépouillement est jugé suspect parce que la participation y atteint 100% ou les bulletins y sont marqués de manière uniforme.

Peu avant la remise du rapport, l'entourage d'Hamid Karzaï s'en est pris pour la première fois publiquement à l'enquête de la commission des plaintes électorales.

Un membre de l'état-major de campagne du président sortant a mis en cause la méthode employée par l'ECC. "Le bureau de campagne d'Hamid Karzaï met en cause le mode de traitement (...) des bulletins suspects", a déclaré Mohammad Moin Marastyal, qui est également député.

"Cette (procédure) n'est pas correcte et a amoindri le score de Karzaï. Des efforts ont été entrepris pour faire passer le score de Karzaï sous les 50%. Nous sommes maintenant dans l'impasse", a-t-il dit.

Hamid Karzaï n'a pas caché son hostilité à un retour aux urnes et s'est montré critique envers l'enquête sur les fraudes, dénonçant à demi-mot une ingérence étrangère.

D'intenses tractations diplomatiques ont eu lieu ces derniers jours à Kaboul pour l'amener à accepter le principe d'un second tour face à Abdullah, ou un compromis pour sortir de l'impasse.

Washington a prévenu ce week-end que sa décision, actuellement à l'étude, d'envoyer des renforts en Afghanistan dépendait de la crédibilité du gouvernement de Kaboul.

Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, lui a fait écho lundi. "Il nous faut des décisions rapides mais dans le même temps, il faut aussi nous assurer qu'il y aura un gouvernement stable à Kaboul, un gouvernement avec lequel nous pourrons travailler et (...) qui sera jugé crédible par la population afghane", a-t-il dit à des journalistes.


Source: Reuters via Yahoo News


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