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18/10/2024 20:39

L'avenir du franc CFA: réalités et perspectives

Le franc CFA (Communauté Financière Africaine) est une monnaie créée en 1945, liée historiquement à la France. Il est utilisé par 14 pays africains regroupés en deux zones : l'Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) et la Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC). Ces pays partagent une même monnaie, émise par deux banques centrales africaines, mais avec une parité fixe garantie par le Trésor français. Cette situation est-elle satisfaisante pour les États africains?



Réalités

A la suite d’une dévaluation majeure en 1994, le franc CFA est arrimé à l’euro en 1999. Cela permet une stabilité monétaire pour les pays utilisateurs. Cependant, cela crée une dépendance vis-à-vis de la politique monétaire européenne, qui n’est pas forcément adaptée aux réalités économiques africaines. Cette parité fixe peut aussi freiner la compétitivité des exportations des pays de la zone CFA, surtout face à des monnaies comme le dollar ou le yuan.

Les critiques du franc CFA sont nombreuses, tant au niveau économique que symbolique. Parmi les reproches : Perte de souveraineté monétaire : Les décisions de politique monétaire sont largement influencées par des acteurs extérieurs, notamment la France et l'Union européenne. Blocage du développement : Certains économistes estiment que la parité fixe et la dépendance vis-à-vis de la France limitent la capacité des pays à adapter leur monnaie aux besoins locaux, notamment en matière de développement économique et industriel. Facteur de stabilité ou de sous-développement ? : Si le franc CFA a permis une certaine stabilité économique et une faible inflation, ses détracteurs estiment qu'il n'a pas permis un développement suffisant pour sortir ces pays de la pauvreté.  

Perspectives

En 2019, une réforme importante a été annoncée avec l'intention de remplacer le franc CFA par une nouvelle monnaie, l’ECO, dans la région ouest-africaine. Le projet de l'ECO vise à créer une monnaie unique pour les quinze pays de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest). Toutefois, cette transition est complexe et rencontre de nombreux défis :

Pour que cette monnaie unique fonctionne, il faut que les économies des pays membres convergent (inflation, déficits, dettes). Ce n'est pas encore le cas pour de nombreux pays de la CEDEAO.

L’une des annonces faites lors de la réforme est la fin de la présence des représentants français dans les organes de gouvernance des banques centrales africaines. Cependant, la garantie de convertibilité par la France demeure, ce qui pose encore la question de la souveraineté.



 

Issues possibles

Si les conditions économiques et politiques s'alignent, la transition vers l’ECO pourrait permettre une plus grande autonomie monétaire pour les pays ouest-africains, bien que des défis demeurent pour harmoniser les politiques économiques des pays participants.

Pourtant, certains pays pourraient préférer maintenir le franc CFA tout en le réformant, en réduisant progressivement l'influence française et en adoptant des mesures plus adaptées aux économies locales.

Enfin, d'autres pourraient opter pour une rupture totale avec le franc CFA, créant leurs propres monnaies nationales. Cependant, cela pourrait entraîner une instabilité à court terme, surtout si la gouvernance économique ne suit pas.

L’avenir du franc CFA est marqué par des incertitudes et dépendra de la capacité des pays africains à renforcer leurs institutions économiques, à assurer une plus grande intégration régionale, et à négocier un équilibre entre stabilité et souveraineté monétaire. La transition vers l’ECO devra permettre d'éviter des chocs économiques et de multiplier les avantages pour les populations locales.

 

Henri Vario-Nouioua








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