Afrique et Moyen-Orient
13/01/2009 13:57

L'armée éthiopienne quitte ses bases de Mogadiscio

Mogadiscio- Les soldats éthiopiens alliés au gouvernement intérimaire somalien ont quitté mardi leurs principales bases de Mogadiscio, ouvrant un nouveau chapitre incertain pour l'avenir de la Somalie.


Le départ des Ethiopiens a déclenché des manifestations de joie chez de nombreux habitants de la capitale somalienne, même si certains commentateurs n'écartent pas le risque d'une recrudescence de la violence.

Un habitant, Hussein Awale, a rapporté que des centaines de personnes s'étaient rassemblées à l'aube devant un site militaire du nord de la ville évacué dans la nuit.

"Nous avons chanté les louanges d'Allah, qui a fait partir les soldats de notre quartier", a-t-il dit à Reuters.

Les autorités militaires d'Addis-Abeba n'ont pu être contactées dans l'immédiat. Un porte-parole de l'opposition islamiste somalienne a indiqué avoir été informé que l'ensemble des soldats éthiopiens quitterait la capitale dans la journée.

"Les soldats éthiopiens ont évacué leurs principales bases stratégiques à Mogadiscio, et les autres se retireront aujourd'hui (mardi)", a déclaré Souleïmane Olad Roble, membre de l'Alliance pour la re-libération de la Somalie.

Les groupes d'insurgés islamistes affrontent les troupes somaliennes et leurs alliés éthiopiens depuis qu'Addis-Abeba a dépêché il y a deux ans des milliers de soldats en Somalie pour évincer de Mogadiscio l'Union des tribunaux islamiques.

Plus de 16.000 civils ont péri durant la période, et un million ont dû quitter leurs foyers. Face au coût de l'opération et aux divisions au sein du gouvernement, l'Ethiopie a décidé à l'automne de retirer ses 3.000 soldats.

Pour certains analystes, le retrait des troupes éthiopiennes pourrait avoir un impact positif, en incitant la partie modérée des groupes islamistes à participer à un processus d'élargissement du gouvernement.

En attendant, la violence continue d'ensanglanter le pays.

Onze civils ont été tués lundi à Mogadiscio par des tirs d'artillerie qui ont atteint un marché bondé de la ville et ses alentours, lors de combats entre les insurgés islamistes et les soldats somaliens et éthiopiens.

De violents affrontements ont également opposé des factions islamistes rivales dans la ville centrale de Gurael. Plus de 50 personnes y ont trouvé la mort au cours du week-end dans les fusillades opposant les miliciens du groupe radical Al Shabaab à un autre groupe, Ahlu Sunna Waljamaca, selon des témoins.

Les organisations humanitaires estiment qu'entre 45.000 et 60.000 civils ont fui Gurael et la capitale régionale Dusamareb ces derniers jours.

"La situation s'aggrave tous les jours dans la région", déclare Tom Quinn, coordonnateur de Médecins sans frontières en Somalie. "Gurael est devenue une ville fantôme, tout comme Dusamareb."

Certaines factions islamistes semblent se retourner contre Al Shabaab, qui veut imposer une application sévère de la charia, la loi islamique, contraire à une interprétation traditionnellement plus modérée dans le pays.

Dans une interview accordée samedi à Reuters, le président somalien par intérim, Sheikh Aden Madobe, a estimé qu'Al Shabaab représentait la plus grave menace pour le pays et déclaré que son gouvernement avait besoin d'aide.

Madobe, qui était président du parlement, a pris les fonctions de président par intérim après la démission d'Abdullahi Yusuf le mois dernier. L'élection d'un nouveau président est censée intervenir le 26 janvier.

L'Union africaine cherche à renforcer son contingent de maintien de la paix dans le pays, constitué de 3.500 militaires ougandais et burundais.

Ces deux pays, ainsi que le Nigeria, ont promis d'envoyer des renforts mais ceux-ci tardent à être déployés.

Pour les analystes, la mission finira par se retirer comme l'armée éthiopienne si ses effectifs ne sont pas augmentés rapidement.



Source: Yahoo News


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