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08/03/2010 22:32

L'UE réfléchit à un Fonds monétaire européen

L'Union européenne envisage de créer un fonds d'aide qui pourrait donner lieu à des changements fondamentaux et à une coopération économique plus étroite entre les Vingt-Sept après la crise de la dette traversée par la Grèce.



Wolfgang Schäuble
L'idée d'un fonds monétaire européen (FME) a été évoquée au cours du week-end par le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. Il s'est dit favorable à la mise en place d'une institution qui dispose de l'expérience du Fonds monétaire international et bénéficie de pouvoirs exécutifs similaires.

La Commission européenne a fait savoir lundi qu'elle était prête à proposer un nouveau fonds d'aide européen pour les 16 pays membres de la zone euro afin d'empêcher une répétition de la crise grecque, sans préciser si cela nécessiterait un changement du traité européen, ce qui exigerait l'approbation de ses 27 pays membres.

Il est peu probable qu'un tel fonds soit mis en place à temps pour aider la Grèce dont la crise de la dette souveraine menace la crédibilité et l'unité de la zone euro, mais il pourrait contribuer à empêcher à l'avenir de nouvelles crises analogues dans d'autres Etat lourdement endettés.

"La Commission est prête à proposer un tel instrument qui a le soutien des pays membres de la zone euro", a déclaré le commissaire aux affaires économiques et monétaires Olli Rehn au Financial Times Deutschland publié lundi.

Le porte-parole de l'exécutif européen Amadeu Altafaj a indiqué qu'il était trop tôt pour dire si ce fonds monétaire européen serait un simple instrument financier ou une nouvelle institution dotée d'un budget et d'un personnel attitrés.

Il a en revanche précisé que les propositions faites pourraient être mises en place d'ici la fin du mois de juin.

En Allemagne, Clement Füst, qui préside la commission de conseil technique du ministère des Finances, a déclaré que l'existence d'un Fonds monétaire européen n'aurait de sens que s'il permet aux Etats de faire faillite.

"Un tel fonds doit prévoir une procédure d'insolvabilité des Etats," a-t-il dit à Reuters.

"Une solution doit être trouvée pour cela, de sorte que la faillite d'un Etat ne conduise pas à une nouvelle crise financière, à un deuxième Lehman", a-t-il ajouté en référence à la faillite en septembre 2008 de la banque d'affaires américaine qui avait accéléré la dernière crise.

Clement Füst a estimé que le FME pourrait utiliser ses réserves pour racheter de la dette des Etats en faillite, mais les créanciers ne pourraient pas être entièrement remboursés et devraient accepter des décotes.

La chancelière Angela Merkel a déclaré qu'elle soutenait le principe d'un FME mais qu'il fallait régler un certain nombre de détails avant d'envisager un accord sur ce dossier, comme les modalités de mise en place d'une aide et les contributeurs.

"La question c'est: 'Qu'est-ce que l'Union européenne peut faire pour s'aider elle-même?' Je pense que l'idée est bonne", a dit Angela Merkel lors d'une rencontre avec des journalistes de l'association de la presse étrangère.

La Commission discutera des idées émises lors de sa réunion de routine mardi mais ne devrait pas entériner de décision, a indiqué son porte-parole Amadeu Altafaj.

Selon ce dernier, il est également prématuré de dire si la création d'un fonds impliquera une modification du traité européen, ce qui serait alors une procédure longue et difficile.

Le traité de Lisbonne entré en vigueur le 1er décembre 2009 ne permet pas de renflouer les Etats utilisant l'euro mais il autorise les aides aux pays de l'UE en dehors de la zone euro.

Certains analystes estiment que le FME pourrait être créé en vertu de la disposition du traité qui permet à un groupe de pays de coopérer sur certains dossiers plus étroitement que sur d'autres.

Dans ce cas de figure, cela renforcerait la coordination des politiques dans la zone euro, mais marginaliserait également les pays membres de l'UE en dehors de ce bloc monétaire.

Pour être véritablement efficace, la création d'un FME devrait s'accompagner d'une coopération politique et fiscale accrue, à laquelle de nombreux pays se sont opposés jusqu'ici de peur de céder trop de pouvoir aux institutions européennes.

"Les fédéralistes de l'UE aiment l'idée d'un fonds car cela signifierait probablement une plus grande intégration de ses membres", a déclaré un diplomate européen.

L'idée d'un FME a été initialement proposée par les économistes Daniel Gros, du Centre d'études de politiques européennes, et Thomas Mayer, de Deutsche Bank. Selon eux, ce fonds devrait être initialement financé par un emprunt sur le marché et éventuellement par la contribution des Etats dont l'endettement et les déficits dépassent les critères de l'UE.

L'Allemagne avait rejeté l'idée d'une émission obligataire pour la zone euro il y a trois ans mais, selon des diplomates, elle pourrait avoir changé d'avis compte tenu de l'opposition de l'opinion à l'utilisation de fonds publics pour aider la Grèce.

La semaine dernière, le Parti socialiste européen (PSE) a proposé la création d'un fonds de soutien géré par la Banque européenne d'investissement, qui permettrait d'empêcher des défauts de pays de la zone euro en difficulté comme la Grèce.


Source: Reuters via Yahoo News

H. V. N. / source web



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