De l'autre côté de la Méditerranée, on n'apprécie guère le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, une exception notable subsiste à ce rejet : le devoir d'ingérence. Paradoxalement, sur ce point, le médecin sans frontières du Quai d'Orsay, pourrait se targuer d'avoir quelques-uns de ses meilleurs disciples au Maghreb. Et comme toujours, les élections des Conseils régionaux du culte musulman (C.R.C.M), prévue pour le mois de juin, en sont un bon exemple. Cela ne surprendra personne, encore moins les observateurs du « fait musulman » en France. Alger et Rabat entendent toujours contrôler leurs ouailles religieuses, pour éviter qu'elles s'égarent, au moment du vote. Pourtant, des changements pourraient bien s'annoncer dans la prochaine donne électorale. L'Algérie, en position de faiblesse Ainsi, l'Algérie, en quelques années, a vu son influence politique, auprès des associations cultuelles algériennes, considérablement diminuer. De nombreux responsables religieux locaux, qui ont déjà mené une campagne active en faveur de la Grande Mosquée de Paris (GMP), pour les prochaines élections du C.R.C.M, souvent avec leurs fonds propres, n'ont pas bénéficié du soutien promis par Alger. Résultat : un profond désenchantement qu'ils imputent à une gestion calamiteuse de la question religieuse par la GMP. « Tout commence il y a environ dix ans. Nous avons eu des acteurs, notamment dans la politique religieuse, qui sont passés d'une revendication nationale, en se mettant en œuvre dans des associations telle que l'Amicale des Algériens en Europe, à une revendication religieuse » témoigne Mohamed K., homme d'affaire proche des milieux consulaires algériens de Marseille. « L'Amicale, qui était l'équivalent du ministère de la Jeunesse et des Sports français, comportant donc une délégation de service public, avec des déclinaisons régionales et départementales, était censée mener un travail éducatif auprès des populations algériennes et faire émerger une élite, à tout le moins une solide classe moyenne. En détournant les fonds alloués à ces objectifs, l'Amicale a échoué dans cette mission. Cet échec a entraîné une perte de confiance d'Alger qui s'est depuis désengagé, vis à vis de sa politique d'immigration, ce qui s'est traduit par un gel financier de ses subventions. Une mutation s'est alors avérée nécessaire pour un certain nombre de représentants nationaux. En une dizaine d'années, ils sont passés du statut de président de l'Amicale à celui de président ou responsable de mosquée, avec comme stratégie de mettre le religieux au service du nationalisme. Cette stratégie s'est formellement illustrée par la mise en place de la Fédération de la Grande Mosquée de Paris, qui comporte 8 fédérations régionales », explique Mohamed K. Mais cette mutation, de l'aveu même de ces responsables associatifs, n'aurait pas profité à l'intérêt général. Elle aurait davantage perpétué des logiques de profits et d'intérêts personnels. De l'intérêt personnel « Depuis le début de l'année, plusieurs réunions ont été organisées par les services consulaires algériens, dans chaque fédération régionale de la GMP, avec l'ensemble des acteurs associatifs proches de l'Algérie. L'objectif était de réactiver le nationalisme algérien. Beaucoup d'associations, proches jusqu'à présent de la GMP, ont boycotté ces réunions. Pour vous donner une idée : jusqu'en 2005, la GMP pouvait bénéficier du soutien d'environ 60 à 80 associations dans les régions Sud, Sud-Ouest, Rhône-Alpes et Nord-Ouest. Dans la plupart des fédérations, près de la moitié de ces associations ne se sont pas présentées à ces réunions. Pour une raison très simple : une bonne moitié de ces personnalités proche de la GMP, des présidents de fédérations ou autres, ont utilisé leurs fonctions pour leurs propres intérêts personnels. Un seul exemple : l'ancien président d'une région importante est, en plus de ses fonctions de recteur de mosquée, président de l'association de certification sur le halal, aumônier général des prisons et futur directeur d'un Centre de formation des imams », ajoute l'homme d'affaire. Cette logique de profit se serait accomplie au détriment des engagements matériels de la GMP, envers ses soutiens associatifs locaux. Selon Mohamed K : « Aucune des promesses de ces fédérations de la GMP envers ces associations n'ont été tenues, notamment celles d'œuvrer en faveur des carrés musulmans, pour des lieux de culte plus dignes, de répondre aux besoins en imams ou de participer financièrement aux dépenses des associations, alors même qu'Alger a alloué des fonds. Lorsque Sarkozy a parlé de la nécessité d'avoir des imams français, la GMP a étudié la question et la possibilité de procéder à un recrutement local. Son budget a été réévalué, et une enveloppe financière de 250 000 euros a été versée par l'Algérie. Personne ne sait où est parti l'argent. Même chose pour la campagne électorale des CRCM. Le coût moyen par région de cette campagne se chiffre à 15 000 euros. Trois fois rien. Sauf que ce trois fois rien est bloqué au bureau de la GMP. D'ailleurs, si l'on en croit les déclarations de certains responsables de la GMP, le gouvernement français se serait engagé auprès de Rabat pour que le prochain président du CFCM soit marocain. D'où une grande inquiétude d'Alger. » La conséquence de cette gestion calamiteuse explique la décision de la GMP de suspendre sa participation aux élections, qui pourraient se traduire, pour elle, par un résultat catastrophique. Cette stratégie du boycott, à un mois du scrutin, est une constante chez la GMP qui a toujours jouer la carte de la paralysie (menaces de démissions de la présidence par Boubakeur, dénonciation du poids « fondamentaliste » de l'Union des organisations islamiques de France…), pour mieux négocier sa place, le résultat électoral ne lui permettant plus de conserver sa position historique privilégiée... Lire la suite: http://www.afrik.com/article14281.html
Afrique et Moyen-Orient
15/05/2008 11:39
L’Algérie et le Maroc se disputent l’autorité sur les musulmans de France
A quelques semaines des prochaines élections des Conseils régionaux du culte musulman (CRCM ), qui détermineront eux-mêmes la composition du bureau national du Conseil français du culte musulman (CFCM), l’Algérie et le Maroc semblent, plus que jamais, déterminés à jouer leur carte diplomatique pour peser sur le scrutin. Avec, cette fois-ci, la possibilité d’un changement de présidence qui se profile en faveur du Maroc.
Y.K/sourcesWeb
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