Europe
31/12/2008 15:43

Italie: Afflux massif d'immigrants

Rome- Trente-huit Egyptiens ont été mis dans un charter, mardi soir 30 décembre, à Lampedusa, destination Le Caire. C'est le premier refoulement direct de candidats à l'immigration débarqués ces derniers jours sur l'île sicilienne située à moins de 100 kilomètres des côtes africaines.



Depuis Noël, quelque 2 300 migrants illégaux sont arrivés à cette porte d'entrée de l'Europe que les trafiquants d'êtres humains privilégient. Un scénario habituel pour la belle saison, jamais observé jusqu'ici en plein hiver quand les conditions météo mettent encore plus en danger la vie des clandestins entassés par centaines sur de vieux rafiots.

Selon les derniers chiffres du ministère de l'intérieur italien, les illégaux arrivés par mer en Italie ont été 36 900 en 2008, dont 31 000 rien qu'à Lampedusa, contre un total de 20 500 l'année précédente. Pour le ministre de l'intérieur, Roberto Maroni, dirigeant de la Ligue du Nord, engagée depuis des années contre l'immigration illégale, "une situation d'urgence appelle une réponse d'urgence (...). Qui vient illégalement doit savoir qu'il sera rapatrié directement".

Jusqu'ici, les immigrants étaient transférés vers d'autres centres de rétention en attendant l'examen de leur cas et pouvaient espérer ne recevoir qu'un simple ordre d'expulsion et rester dans le pays.

L'approche musclée du ministre a été contestée par les ONG engagées auprès des migrants. Filippo Miraglia, de l'association de gauche Arci, a souligné que "plus de 60 % des personnes qui arrivent à Lampedusa sont des demandeurs d'asile" et que ces opérations menées par le gouvernement sans contrôle "risquent d'envoyer à la mort les personnes rapatriées". La porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) en Italie, Laura Boldrini, a également mis en garde les autorités italiennes contre le risque d'"expulsions généralisées".

Le gouvernement italien s'est tourné aussi vers la Libye, pays d'où proviennent la plupart des embarcations. A partir de janvier 2009, a annoncé M. Maroni, des vedettes seront mises à la disposition de patrouilles conjointes italo-libyennes pour surveiller les côtes. Une délégation italienne s'est rendue à Tripoli ces jours-ci pour mettre au point le dispositif. Un accord en ce sens existe depuis 2006 mais est resté jusqu'ici lettre morte.

Pourtant, l'Italie espérait avoir réglé définitivement la question avec la Libye le 30 août, quand Silvio Berlusconi et le colonel Mouammar Kadhafi avaient signé un accord pour mettre fin à la longue dispute entre les deux pays, liée à la colonisation italienne de la Libye. Le dédommagement exigé par Tripoli a toujours été la condition préalable à toute coopération avec l'Italie en matière de lutte contre l'immigration illégale.

Cette fois, le paquet d'aides décidé pour une valeur de 5 milliards de dollars à verser par tranches annuelles de 250 millions semblait avoir clos le dossier. Mais la ratification de l'accord de la part du Parlement italien, prévue pour fin 2008, n'est pas arrivée. D'où, selon l'opinion courante en Italie, la multiplication des embarcations de ces derniers jours à Lampedusa.

Le ministre de la défense, Ignazio La Russa, croit lui aussi à cette version des faits. Cela fait partie du caractère "levantin" du colonel, reconnaît-il, et choisir la ligne dure contre lui serait contre-productif. Comme par le passé, M. Kadhafi utiliserait l'arme de contrôles plus ou moins intensifs des côtes libyennes pour mettre l'Italie sous pression. Histoire de lui rappeler ses engagements.


Source: Yahoo News

Awa Diakhate



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