Histoire
27/11/2006 15:32

Istres

La ville d’Istres: Présentation générale de la Ville


I-Un nom a l’origine complexe

A)généralité géographique

-Istres appartient à la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA), arrondissement d’Istres, canton Istres Nord et Istres Sud, le code INSEE 13047, code postal 13800, syndicat d’agglomération SAN Ouest-Provence.
-Latitude 43° 30’54’’nord 4° 59’22’’est
-Altitude moyenne 20 m (0 m mini et 120 m max)
-Superficie 11373 ha, 113,73 Km2 densité de 342 h/km2 (mesure INSEE 1999)
-Ville qui se trouve à la confluence de la Crau/Camargue/et Méditerranée, il y a un encastrement avec l’embouchure du Rhône, l’étang de Berre, les Alpilles, et le Golfe de Fos.
-Deux paysages majeurs pour la ville : la grande plaine de galets de la Crau, ancien lit de la Durance, et les collines de la « mer de Berre ».


B)Etymologie


Les études étymologiques sur la ville d’Istres montrent une origine du nom à la fois complexe et touchée par un imaginaire légendaire, comme la plupart des villes.
Ce phénomène de recherche des origines des villes est un choix des XII-XIII ème siècles, un choix qui vise à affirmer les origines glorieuses des familles dirigeantes vis-à-vis des voisins des autres villes.
Il s’agit d’un phénomène déjà ancien car les villes romaines, a l’image de la grande Rome, se dotent d’histoires pour s’affirmer face aux voisins : c’est ce que les romanisants appellent le « patriotisme municipal ».

Les étymologies d’Istres :

-De Istres, les études trouvent une base linguistique de pré indo-européen –IS- qui signifie « hauteur »
-l’origine grec du nom est aussi avancée « OSTREON » qui fait référence aux parois couvertes d’huitres fossilisées.
-Pline l’Ancien nomme ces lieux « MASTRAMELA » ou « ASTRAMELA » du celte « ISTRE-MEL » qui signifie Montagne d’Istres.

Qui est Pline l’Ancien ? Caius Plinius Secundus, plus connu sous le nom de Pline l'Ancien, est un important auteur et naturaliste romain, notamment auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle. Il est né en 23 après J.-C. à Novum Comum (Côme), et mort en 79 à Stabies, près de Pompéi, lors de l'éruption du Vésuve. Il adopte son neveu Caius Plinius Caecilius Secundus qui prend le nom de Pline le Jeune en 79 après J.-C. L'Histoire naturelle, qui compte 37 volumes, est le seul ouvrage de Pline l'Ancien qui soit parvenu jusqu'à nous. Ce document a longtemps été la référence en matière de connaissances scientifiques et techniques. Pline a compilé le savoir de son époque sur des sujets aussi variés que les sciences naturelles, l'astronomie, l'anthropologie, la psychologie ou la métallurgie.

Le terme d’Istres va évoluer dans l’histoire, en effet le nom de la ville n’a jamais été le même, et cela malgré une racine étymologique commune :

966, Ystro (Charte du roi Conrad le Pacifique qui donne les bienfaits du Castro à une abbaye)
1054 Istro
1092 Castro Istrensi
1170 Istrium/Istrio
1200 Istre
1300 Ystre
1350 Ystrio

II- La légende de la fondation d’Istres

A)Les trois Istres


La légende de la fondation d’Istres est conçue dans un contexte historique flou, en effet elle est à la fois d’inspiration gauloise (puisque des références aux tribus gauloises sont faites) et aussi chrétienne (paroisses).

Les trois « IS », qui, selon la légende, représentent des espaces paroissiaux, sont les lieux de cette histoire.
A l’origine, des tribus gauloises sont installées sur ce qui se nomme « IS-UN », un lieu d’abondance, entouré de riches forêts.

Cependant, malgré le bonheur ambiant, la situation démographique est catastrophique, les femmes des tribus ne mettent au monde que des hommes. Après concertation des sages des tribus, les hommes croient la terre maudite et fuient vers un autre lieu.
Les populations fuient vers la butte du « Castellan ». Sur ces lieux, la vie y est tout aussi agréable que sur « IS-UN », cependant la malédiction continue, les femmes ne donnent naissance qu’à des femmes. La décision est prise de quitter « IS-DEUX ».

Les habitants s’installent dès lors entre les deux étangs sur une colline couverte de forêt et fondent « IS-TRES » sur l’emplacement du vieil Istres, date selon la légende de la création de l’Eglise Notre Dame de Beauvoir.


B)Les enseignements de cette légende.


1-Installations humaines

Les études monographiques d’Istres ont montré l’inexactitude de cette histoire, car les périodes utilisées par les chroniqueurs ne correspondent pas à la réalité des emplacements des populations humaines. Dès le néolithique des populations humaines s’installent sur les emplacements du « Miouvin » au nord d’Istres, sur les grottes de Rassuen, à Lavalduc, Sulauze, à Saint Mitre, à Saint Blaise et sur les zones de Fos sur Mer, un point commun à ces installations, la localisation sur les collines du golfe du Fos.

Sur la période de l’âge du Fer (-800), la région connaît les passages de nombreux marchands, phéniciens, carthaginois, grecs… L’étang de Berre se révèle très vite une zone d’échange commercial dynamique avec les régions danubiennes. C’est ici que l’on côtoie les « Avatiorum » peuple Salyens (celte, mi gaulois, mi ligure) vivant dans ce que l’on nomme les marais de « Maritima Avaticorum » (Martigues). L’installation de ce peuple sur la région d’Istres se fait sur des « oppidum » (hauteurs fortifiées) : Sulauze, Miouvin, Saint Jean, Castellan, Saint Martin et bien plus tard sur le site du vieil Istres.

Sur un plan plus étymologique, le terme « IS » est un non-sens linguistique, ni en latin, ni en provençal il n’existe. Il existe en celte, mais la légende veut qu’il soit latin.

2-Les Salyens : les premiers Istréens

Les Salyens ou Salluviens (parfois aussi orthographié Salliens ; en latin Salluvii) sont une fédération de peuples du midi de la France, qui réunissait les habitants des Bouches-du-Rhône, d'une partie du Vaucluse, du Var et des Alpes-de-Haute-Provence à la fin de la protohistoire. Cette « alliance » comprenait les Gaulois établis entre le fleuve Var, le Luberon et le Rhône. Elle constituait vraisemblablement l'entité la plus importante de Provence au II ème siècle av. J.-C., jusqu'à la conquête romaine de la Narbonnaise (vers -120). La fédération des Salyens ne se forma probablement qu'à la fin du III ème siècle av. J.-C., à partir de la réunion des « Celto-Ligures » de Provence autour de centres proto-urbains, placés sous le contrôle soit d'une aristocratie nouvelle, soit d'une aristocratie préexistante dont le pouvoir s'est renforcé et concentré. Pour expliquer cette évolution, plusieurs hypothèses ont été formulées, parmi lesquelles il faut citer celle des tensions causées par la pression de Marseille.

3-Les Proto-Istréens sur la butte du « Castellum »(Le Castellan)

Pendant l’âge de fer, l’oppidum du Castellan va avoir un rôle important pour la région, il domine certes l’étang de l’Olivier mais surtout les importantes réserves de sels de Lavalduc, tout comme Saint Blaise. Sur cette colline de calcaire qui dispose de peu de terre arable, on va retrouver des indices d’installations humaines. La présence de glyphes religieux montre l’importance d’un tel lieu, le glyphe grec de « MATRON » explique les cultes de ces populations, celui de la « matronis » de la mère, déesse protectrice des villes.
Des restes de céramique ont été retrouvés lors de fouilles sur des ruines d’habitations néolithiques à antiques : elle prouve l’existence de liens commerciaux avec l’Etrurie, la Grèce (Phocéenne, Attique), l’Espagne et l’Italie (Campanie, Padane…). Des monnaies retrouvées prouvent ces liens avec la Grèce et le monde Romain (trois monnaies à l’effigie d’Apollon du -VI ème siècle, et une à l’effigie d’Auguste)

Avec la romanisation de la « Narbonnensis » (province romaine couvrant le sud de la France, Languedoc-Roussillon, et PACA) en -197, la région va se modifier, en effet en -104 est crée Fos sur Mer (Fossae Marcius) afin de défendre la région des invasions des Cimbres et Teutons. Tout l’espace local est remembré par des centuriations et l’installation des colons (Arles). Le pays se couvre de routes, dont la plus prestigieuse : la « VIA AURELIA »

4-Avec le Moyen-âge

Avec le Moyen-âge et surtout le Haut Moyen-âge (V-VIII ème siècles), on a peu de connaissances sur la ville, les sources se font rares et l’oralité des traditions s’impose. On sait que cinq églises sont construites pendant cette période du Haut Moyen-âge. Au X ème siècle, on peut lire la première mention d’un château à Istres « Castra », phénomène naturel dans le royaume de France car le pays connaît l’enchatellement du paysage : « incastallemento ». La région connaît un nouveau type d’habitat (ruralisation et groupement des habitats urbains autour d’une place forte « Castrum »).

On constate la multiplication des chapelles et des nécropoles (une centaine rien que pour Istres). Force est de constater que la christianisation de la région est plus rapide que dans le reste du pays; ce phénomène s’explique par la romanisation forte de la région,. En effet, plus la région est romanisée, plus le christianisme se repend; ce qui explique les zones tardives de christianisation dans les campagnes reculées de Gaule correspondant aux régions les moins romanisées.

Les seigneurs se sont succédés à la tête de la ville. Le comté de Provence et le Royaume de Bourgogne sont rattachés au saint Empire Romain Germanique. Cependant, et même après le rattachement de ce comté au royaume de France, les comtes continuent à garder le contrôle de la région.

Istres a été rattachée à la principauté de Martigues, la baronnie de Berre, à une seigneurie ecclésiastique. Les principaux seigneurs d’Istres furent : les Bosonides, descendants du duc de Vienne (ou seigneurs de Berre investis par Charles le Chauve du royaume de Provence), les seigneurs de Baux qui prennent possession de ces terres (les comtes catalans) de 1113-1245, les comtes d’Anjou 1246-1481, puis les princes de Martigues jusqu'à la Révolution Française (exemple des Villars, Marechal et Duc).

Au XV° la ville est dotée de consuls

III- Symboles d’Istres

C’est en exécution de l’édit promulgué en 1696 par Louis XIV, revu et amendé par ses successeurs, que la ville d’Istres, à l’instar des autres villes du royaume, se vit dans l’obligation de prendre des armes, c'est-à-dire un blason, et ce, bien entendu moyennant finances (50 livres par commune), pour renflouer les caisses de l’Etat, appauvries par les fastes et guerres du royaume. L’écu : Azur à a une étoile d’or.

D’aucuns ont voulu voir dans l’étoile une réminiscence des armes de ma Maison des Baux, premiers seigneurs connus de la ville connus ; rien n’est moins sûr, car cette famille portait : de gueules (rouges) à une comète d’argent à seize raies (rayons).
Il serait aussi la représentation symbolique de l’étoile du berger, car selon la légende Balthazar aurait campé dans la Crau lors de son périple vers Bethlehem.

D’ailleurs, on se demande comment il pourrait en être ainsi puisque deux autres villes de la région (Nibles et Bandol) possèdent des armes semblables.


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