Istres un Art de Vivre
17/01/2007 16:13

Istres : un climat politico-judiciaire inopportun.

Chronique libre de Henri VARIO-NOUIOUA

Décidément, vivre à Istres est véritablement un art. Pour comprendre la grave crise politique provoquée par l’arrestation de Bernard Granié, Président du SAN Syndicat d’Agglomération des Communes à l’ouest de l’Etang de Berre (Grans, Cornillon-Confoux, Miramas, Istres, Fos sur Mer, Port-Saint-Louis-du-Rhône), il faut plonger.


L’arrestation de Bernard Granié, candidat PS aux législatives, ouvre une crise politique à l’issue imprévisible et aux enjeux obscurs.

Henri VARIO-NOUIOUA
Plongeons donc dans cet étang putride, le plus grand d’Europe, au risque d’y rencontrer la vase et des anguilles qui s’y prélasseraient.
Si l’on quitte Istres vers le nord, on trouve Entressen, village dortoir planté dans la plaine de la Crau abritant la plus grande décharge d’ordures ménagères d’Europe – pour la décharge comme pour la dépollution de l’étang, la France est condamnable par l’Union européenne.

Sur le même itinéraire, on peut trouver la société Provence Recyclage, celle-là même dont le gérant aurait prétendu verser à Benrard Granié, en sa qualité de président du San, 100 000 euros par an pour obtenir son soutien et des informations quant à l’attribution des marchés publics. Comment ne pas penser que les marchés visés concernent le recyclage ? Et en Provence, lorsqu’on parle d’ordures et de recyclage, impossible de ne pas penser à l’incinérateur de Fos sur Mer.

Le mandat de dépôt se justifierait par la nécessaire recherche de preuves contre le prévenu.

Aux yeux de certains, l’incinérateur causerait un manque à gagner pour Provence Recyclage. Laissons-leur la responsabilité de leurs propos. Il s’agit là de spéculations ou d’éléments concordants et concomitants, sans preuves matérielles directes. La rumeur étaye son accusation par le fait que Bernard Granié, à l’instar de la majorité des maires des communes concernées, a lutté et lutte encore contre l’implantation de l’incinérateur.
Naturellement, il est impossible de penser que c’est sur de telles bases que le Procureur de la république aurait ouvert une instruction et obtenu la détention provisoire, depuis le samedi 14 janvier 2007, de Bernard Granié, citoyen qui offre toutes les garanties de représentation en justice. L’homme de la rue vous expliquerait pourtant que ce mandat de dépôt se justifierait par la nécessaire recherche de preuves contre le prévenu. Diantre ! On incarcèrerait d’abord et on rechercherait les preuves après ? Je ne veux pas le croire. D’autant que, depuis longtemps, l’OIP a mis la France dans son collimateur pour les conditions exécrables de détention dans nos prisons. Là encore, l’Union européenne condamne nos centres d’incarcération – certains médecins détachés auprès de l’administration pénitentiaire allant même jusqu’à affirmer que la détention provoque des dégâts physiques et mentaux irréversibles.
Dans ce contexte, peut-on se réjouir de la mise en détention de Bernard Granié ?

Non, mille fois non. Ne serait-ce que parce qu’il n’est pas question d’incarcérer d’abord et de rechercher les preuves ensuite. C’est cette culture judiciaire inquisitoire qu’il faut dénoncer, autant pour l’affaire Granié que pour toutes


Coïncidences troublantes

Mais revenons donc à Istres, là où Bernard Granié, Jean Noël Guerini et François Hollande n’ont pas approuvé le vote des Istréens lors des élections municipales anticipées des 3 et 10 décembre 2006 en faveur de l’équipe de Nicole Joulia soutenue par François Bernardini, ancien Président du Conseil général et ancien Maire d’Istres, tombé lui-même dans le piège judiciaire que l’on connaît et qui l’a conduit à être inéligible jusqu’à l’automne 2007. J'ai soutenu, avec Editoweb, cette liste et nous continuerons à le faire.
C’est décidément une habitude, dans ce pays, de désapprouver les votes des électeurs et d’admettre que des magistrats non élus leur « arrachent » les femmes et les hommes qu’ils ont choisis. Ceci explique que je n’approuve pas l’action judiciaire contre Bernard Granié et que je conteste la décision d’inéligibilité prise à l’encontre de François Benrardini.
Pourtant, c’est Bernard Granié qui, par son exigence de désigner lui-même les vice-présidents du SAN, a déclenché une crise politique à Istres, ville la plus importante de Ouest Provence. C’est Jean Noël Guerini, « patron » du département qui, en présence de François Hollande, a menacé les Istréens de sanctions économiques pour le cas où l’ex-maire démissionnaire, désavoué par sa propre majorité municipale ne serait pas réélu. Istres est désormais ghettoïsée et ses délégués élus par le Conseil municipal pour siéger au SAN n’y siègent toujours pas.
C’est donc dans ce contexte politique difficile, susceptible de mettre en danger l’ordre public, que le Parquet décide de déclencher l’action publique sans tenir compte, semble-t-il, de la proximité des élections anticipées. Coïncidence dangereuse puisque le Ministère public fait état d’une dénonciation qui l’aurait amené à mettre en cause Bernard Granié. Elle tend à faire penser que « quelqu’un » dans l’entourage de Nicole Joulia ou de François Bernardini en serait, par vengeance, l’auteur. Mon ami Guy Queytan, blogger istréen, n’a-t-il pas titré : « Tel est pris qui pensait prendre ». Non Guy, il n'y a pas à se réjouir, ce serait donner des armes à nos adversaires pour l'echéance municipales de 2008 et faire passer notre ville pour un fief de la "voyoucratie politico-financière".


Petites anguilles et crocodiles

Et les législatives alors ? Eh bien ! Il y a fort à parier que l’UMP en tire les marrons du feu, utilise l’argument judiciaire pour décrédibiliser la gauche toute entière y compris le député PCF sortant Michel Vaxes.
Enfin, et parce qu’il faut bien conclure, Jean Claude Gaudin aura plus facilement son incinérateur aux flux cancérigènes. Décidément, le fond de l’étang de Berre me fiche la trouille: il me semble y avoir aperçu des crocodiles croquant à pleines dents nos délicieuses anguilles.
Voilà une chronique qui va confirmer à certains que, décidément, Henri VARIO ne comprend rien à la politique et qu'il ferait bien de retourner à sa littérature. Peut-être finirai-je par obtempérer, ce qui ferait taire les rumeurs selon lesquelles je serais le "laquet internet municipal de service" de François Bernardini.

NB : Ce soir, 17 janvier 2007, Conseil Municipal d’Istres. J’ose y espérer (en ai-je le droit ?) un souhait fraternel pour la libération de Bernard Granié.



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