Afrique et Moyen-Orient
13/06/2009 16:16

Iran: Ahmadinejad réélu dès le premier tour

Mahmoud Ahmadinejad réélu dès le premier tour en Iran: la campagne très animée laissait présager un scrutin serré, mais d'après les résultats officiels, l'ultraradical président sortant l'a facilement emporté avec près de 63% des voix, déjouant la "vague verte" espérée par les partisans de son principal rival, le réformateur Mir Hossein Moussavi, qui dénonce une "manipulation".


Les résultats de la présidentielle de vendredi ont été accueillis dans une atmosphère tendue à Téhéran, où des affrontements ont éclaté samedi entre la police anti-émeute et les partisans de Moussavi.

Des manifestants portant la couleur verte devenue le symbole de la campagne de Mir Hossein Moussavi ont scandé des slogans dénonçant les résultats officiels et incendié des pneus devant le ministère de l'Intérieur. La police anti-émeute a chargé les protestataires, donnant de la matraque. Ces incidents sont les plus sérieux survenus dans la capitale depuis une décennie.

Ailleurs dans la capitale, des témoins signalaient une banque incendiée. Une grande artère de Téhéran a par ailleurs été bloquée par quelque 300 jeunes qui ont formé une chaîne humaine en scandant "honte à toi Ahmadi, laisse le gouvernement tranquille".

En annonçant les résultats définitifs, le ministre de l'Intérieur Sadeq Mahsouli, a mis en garde la population contre tout "rassemblement non autorisé". "S'il y a des rassemblements à certains endroit, il ne faut pas s'y joindre", a-t-il prévenu. "Ne donnons pas d'opportunité à des individus qui ne sont affiliés à aucun candidat".

L'ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi n'a obtenu que 33,75% des voix contre 62,62% au président sortant, selon les chiffres officiels. Mahmoud Ahmadinejad devait prononcer une allocution publique dimanche à Téhéran, selon l'agence officielle IRNA.

L'ayatollah Ali Khamenei, a d'ores et déjà remercié les électeurs pour leur participation record de 85% au scrutin, demandant les candidats de l'opposition à "éviter une attitude de provocation". "Je suppose que des ennemis comptent supprimer la douceur de l'élection avec leur provocation hostile", a déclaré le guide suprême de la Révolution iranienne, dans une allocution télévisée.

Le chef suprême iranien, qui a le dernier mot sur toutes les décisions politiques du pays, a salué des résultats appelant tous les candidats à soutenir le président.

Le taux de participation atteignait 75% des 46,2 millions d'électeurs iraniens, selon le ministère de l'Intérieur. La veille, de longues files s'étaient étirées devant les bureaux de vote, certains électeurs patientant plusieurs heures avant de déposer leur bulletin.

Lors d'une conférence de presse samedi peu après 0h, Mir Hossein Moussavi s'était proclamé vainqueur sur la base "des indications venant de l'Iran tout entier" et avait accusé les autorités de fraude. Dans un communiqué diffusé samedi sur son site Internet, Mir Hossein Moussavi a encore appelé ses partisans à résister au pouvoir du "mensonge et de la dictature". "Je préviens que je ne céderai pas à cette manipulation", a-t-il promis, dénonçant une "trahison du vote populaire".

Mais il était difficile de savoir combien d'Iraniens avaient pu prendre connaissance de ses accusations. A Téhéran, l'envoi de SMS restait bloqué, une tentative apparente pour bloquer l'un des principaux moyens de communication du mouvement de Moussavi, qui avait fortement mobilisé les jeunes Iraniens. Ni le candidat ni ses conseillers ne pouvaient être joints par téléphone et plusieurs sites Internet pro-Moussavi restaient difficile d'accès.

"Presque tous les gens que je connais ont voté pour Moussavi mais c'est Ahmadinejad qui est déclaré vainqueur", s'étonnait l'un de ses partisans Nasser Amiri, employé dans un hôpital de Téhéran. "Ce que le gouvernement a annoncé, ce n'est rien d'autre qu'une fraude généralisée. C'est très, très décevant. Plus jamais je ne voterai en Iran".

La veille, Barack Obama avait dit croire en "la possibilité d'un changement en Iran". Avant le scrutin, le nouveau président américain avait tendu la main à l'Iran, offrant un dialogue à Téhéran pour sortir de la crise du nucléaire iranien.

Malgré plusieurs vagues de sanctions du conseil de sécurité de l'ONU, l'Iran refuse toujours de geler ses activités sensibles, comme l'enrichissement d'uranium, pouvant servir à la fabrication d'armes nucléaires. Et les tensions avec les Occidentaux ont été attisées par la rhétorique agressive de Mahmoud Ahmadinejad, ses provocations répétées vis-à-vis d'Israël et ses propos négationnistes.


Source: Associated Presse via Yahoo News


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