Afrique et Moyen-Orient
25/07/2009 15:55

Importante saisie de substances chimiques en Guinée-Conakry

Les autorités guinéennes ont saisi à Conakry plusieurs centaines de kilos de substances chimiques susceptibles de servir à des trafiquants de drogue confectionnant de la cocaïne ou à des extrémistes cherchant à fabriquer des bombes artisanales.



Selon un rapport du ministère de la Santé et de l'Hygiène publique, dont Reuters a eu connaissance vendredi, il s'agit notamment d'ammoniaque, de méthanol et d'acétone découverts en début du mois en deux endroits de la capitale.

Les autorités ont bouclé les deux sites dans un rayon d'un kilomètre en mettant en garde les riverains contre ces produits très inflammables et susceptibles de rendre aveugle ou d'avoir des effets paralysants.

Elles ont aussi demandé l'aide technique et financière des Nations unies pour enlever les substances saisies.

"Des dizaines de familles ont quitté le secteur. Les gens ont très peur et préfèrent ne pas prendre de risque", témoigne Aly Badara Camara, un habitant de Gbeissa où des produits chimiques ont été découverts.

Antonio Mazzitelli, délégué régional de l'Office des Nations unies contre les drogues et la criminalité (UNODC), a confirmé que ces substances pouvaient servir à fabriquer des explosifs. Mais il penche plutôt pour la piste d'un laboratoire de fabrication de cocaïne.

"Certains produits chimiques servent à transformer de la base de coca en cocaïne, ce qui donne à penser que ce processus de transformation pourrait se faire en Afrique de l'Ouest", a-t-il expliqué.

"En Amérique latine, les substances chimiques sont soumises à un contrôle très strict, d'où leur coût élevé et le fait qu'il n'est pas facile de s'en procurer. En Afrique de l'Ouest en revanche, les contrôles ne sont pas aussi tatillons", a ajouté le responsable de l'UNODC.

La Guinée est devenue l'une des plaques tournantes de la contrebande des narcotrafiquants latino-américains cherchant à écouler leurs marchandises en Europe via l'Afrique de l'Ouest.

Pour les autorités de Conakry, les produits chimiques saisis pouvaient aussi servir à la fabrication de bombes.

"Ces substances servent à fabriquer des stupéfiants et des bombes dans des laboratoires clandestins. Cette situation présente un réel danger pour le pays et doit être prise au sérieux", lit-on dans le document du ministère de la Santé.

D'après un autre rapport émanant d'un laboratoire et commandé par le Conseil national pour la démocratie et la développement (CNDD, junte militaire au pouvoir), les emballages des produits saisis montrent que ces derniers viennent de Côte d'Ivoire et qu'il y a atteinte à la sûreté de l'Etat.

"En conséquence, nous proposons que l'enquête s'oriente vers deux pistes : le réseau Al Qaïda et le trafic de stupéfiants", écrivent les auteurs de ce document également vu par Reuters.

Pour les spécialistes, certains pays de la région où l'Etat est affaibli sont vulnérables à des attentats terroristes mais pour le moment, l'Organisation Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) s'est contentée de s'attaquer aux Etats du pourtour sahélien.

Depuis le coup d'Etat militaire de décembre à Conakry, le CNDD s'est attaqué aux réseaux de trafiquants de drogue opérant à partir de la Guinée. Plusieurs hauts gradés de l'armée accusés d'être de connivence avec de puissants cartels latino-américains ont ainsi été mis aux arrêts.


Source: Reuters via Yahoo News

Awa Diakhate



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