France
09/10/2007 19:36

Imigration et ADN: Fadela Amara 'braque' l'UMP

Des élus UMP, échaudés par la stratégie d'ouverture de Nicolas Sarkozy, se sont offusqués mardi des vives critiques de Fadela Amara sur les tests ADN, estimant pour certains que la secrétaire d'Etat à la politique de la ville devait éprouver jusqu'au bout sa liberté en quittant le gouvernement. "Dégueulasse". La fondatrice de "Ni putes ni soumises", qui a toujours revendiqué son statut de "femme libre" au sein de l'équipe de François Fillon, n'a pas mâché ses mots pour récuser l'amendement ADN, déjà dénoncé par d'autres recrues de l'ouverture, Bernard Kouchner ou Martin Hirsch.



"L'ADN, je ne suis pas d'accord, parce que je pense qu'on touche à quelque chose qui n'est pas bon pour notre pays", a-t-elle déclaré lundi à des journalistes en marge de la présentation de son "skyblog".

"Je le dis aussi en tant que fille d'immigrés : y'en a marre qu'on instrumentalise à chaque fois l'immigration, pour des raisons très précises. Je trouve ça dégueulasse!".

Des députés UMP se sont sentis "injuriés" par ces propos.

"Les ministres d'ouverture ne sont pas exonérés de respecter le Parlement", a souligné mardi Bernard Deflesselles, deuxième vice-président du groupe majoritaire.

Pour Claude Goasguen, "il y a des excroissances de langage qu'on ne devrait pas se permettre quand on est ministre".

"Je trouve que d'avoir traité de 'dégueulasse' cet amendement, c'est un peu 'dégueulasse' pour tout dire. Que ce soit un ministre d'ouverture ou un ministre de fermeture, un ministre c'est un ministre", a-t-il jugé.

Le projet de loi sur la maîtrise de l'immigration a été adopté le 20 septembre par les députés et le 5 octobre par les sénateurs. L'amendement ADN, proposé par le député UMP Thierry Mariani, a été expurgé mais conservé. Il prévoit des tests ADN facultatifs pour les candidats au regroupement familial.


"Je suis persuadé que c'est le Parti socialiste qui est visé, parce que je ne pense pas qu'un ministre puisse dire ça de sa propre majorité. Comme elle (Fadela Amara) n'a pas dit qui elle visait, je suis persuadé qu'elle visait ses amis socialistes", a feint de croire Thierry Mariani.

"A l'évidence, le Parti socialiste se livre à une exploitation honteuse. Donc la ministre a entièrement raison", a-t-il affirmé.

Pour François Goulard, député UMP villepiniste hostile à l'amendement ADN, la "cohérence" de l'ouverture, plébiscitée par 62% des Français, selon un sondage, est en jeu.

"Elle est au gouvernement ou elle n'y est pas. Employer un terme aussi fort s'agissant d'actes qui sont soutenus par certains membres du gouvernement, je crois que ce n'est pas cohérent", a-t-il déclaré.

"Je comprends Mme Amara, mais je ne comprends pas son expression et en même temps son maintien au gouvernement", a-t-il ajouté.

L'ex-socialiste Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie, a regretté une polémique "qui n'apporte pas grand'chose et brouille le message" tout en défendant la diversité gouvernementale.

"Chacun son style, chacun sa manière d'être. Fadela Amara est quelqu'un de franc et de direct. Il faut la prendre comme elle est. C'est tout à l'honneur du président d'avoir dans son équipe des gens très divers", a-t-il dit.

Au Parti socialiste, on se réjouit sans l'avouer de l'écart de Fadela Amara, dont l'entrée dans le cercle sarkozien avait été mal perçue.

Pour Arnaud Montebourg, l'épisode Amara dénote "un gouvernement qui est incohérent, tiré à hue et à dia, et dont on doit regarder aujourd'hui la fragilité plutôt que la cohérence".

"Mme Amara doit pousser la logique jusqu'au bout et démissionner si l'amendement Mariani n'est pas retiré", a estimé pour sa part André Vallini, porte-parole du groupe socialiste, radical et citoyen (SRC).

La secrétaire d'Etat à la politique de la ville avait affirmé qu'elle démissionnerait "le jour vraiment où ce sera trop insupportable, le jour où ce sera trop dur".

Bernard Kouchner, ministre emblématique de l'ouverture, concède dans La Croix qu'il n'est "pas toujours facile" de trouver "l'équilibre entre une nécessaire solidarité gouvernementale et l'expression de ses convictions".

H.V/Source Web



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