Régions
21/11/2007 15:13

Il faut savoir entendre une grève

La Marseillaise

Grèves et manifs. Impressionnant succès de la journée d’actions des fonctionnaires sur le pouvoir d’achat et les effectifs. Sarkozy préfère jouer l’opposition entre les salariés.



Je fais grève pas uniquement pour moi mais pour défendre le pouvoir d'achat de tous les salariés en France

Plus que jamais, la sempiternelle querelle sur les chiffres semblait dérisoire hier soir tant les rassemblements ont impressionné, partout dans leur pays, par leur nombre et leur détermination à obtenir des résultats sur la question du pouvoir d’achat et des effectifs.
Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault a estimé à "près de 700.000" le nombre de manifestants (375 000 pour la police), dont 70 000 à Paris, 60 000 à Marseille 30 000 à Toulouse et à Nantes. Quant à la grève décidée sur le pouvoir d’achat et les effectifs, elle a été fortement suivie dans la plupart des grands secteurs de la fonction publique atteignant des pointes de 50% de grévistes. Dans l’Education nationale, souvent le baromètre du mouvement social, les syndicats annonce une moyenne de 65% dans le primaire et de 58% dans les collèges et lycées. "Ce sont des taux de mobilisation rarement atteints et c'est important parce qu'il y a quelques semaines encore, on hésitait à aller à la grève, on avait des réticences", commente Patrick Gontier, secrétaire général de l'Unsa-Education.

« Je fais grève pas uniquement pour moi mais pour défendre le pouvoir d'achat de tous les salariés en France »


Comme attendu, dans les manifestations les fonctionnaires sont les plus nombreux, mais ils sont accompagnés dans de nombreuses villes par des cheminots et des étudiants. Au cœur des manifs, l’envie d’en découdre sur les salaires est dominante. "Le pouvoir d'achat devient une vraie question aujourd'hui chez les enseignants qui ont dépassé leur culpabilité", d'avoir la sécurité de l'emploi, analyse Gilles Moindrot (SNUipp-FSU).

A Strasbourg, Daniel Meyer un jardinier fonctionnaire territorial, gagne à peine plus que le SMIC malgré 30 ans d'ancienneté: "j'aimerais bien avoir les 172% d'augmentation de salaire de Sarkozy... Pourquoi pas nous ?", demande-t-il. "Je fais grève pas uniquement pour moi mais pour défendre le pouvoir d'achat de tous les salariés en France, aussi ceux du privé qui ne peuvent pas se permettre de faire grève".

Cette volonté de convergence entre salariés s’illustre notamment sur le lien avec la grève cheminote. « Je manifeste pour tout. Je suis prof, mais je suis aussi solidaire des cheminots", précise Dider Wargny, prof de français à Tourcoing, adhérent au Snes.

Pour Nicolas Sarkozy et le gouvernement, cette journée du 20 novembre apparaît ainsi comme un nouveau coup de semonce du monde du travail qu’il sera difficile de ne pas entendre. Pourtant, le chef de l’Etat poursuit sa stratégie de division et de stigmatisation d’une partie des salariés.

Sarkozy « ne cèdera pas et ne reculera pas »

Hier, devant le congrès des maires, il a lancé un agressif "on ne cèdera pas et on ne reculera pas ». Pointant du doigt les cheminots en grève, il ajoute : « une petite minorité ne saurait imposer sa loi à une majorité, ni dans les services publics, ni dans les universités, ce qui est un comble". Des propos jusqu’au-boutistes qui augurent mal des négociations tripartites qui s’ouvrent aujourd’hui à la SNCF et la RATP.

Ces négociations permettront-elles de déboucher sur une issue positive ? A la SNCF, le directeur général exécutif Guillaume Pepy a assuré qu'"il y aura du grain à moudre".
Pour sa part, Bernard Thibault a averti : "il faut aussi garder intacte sa capacité d'intervention durant tout le processus de négociation, qui, on le sait va être long" a-t-il averti, à la veille de l'ouverture de négociations entreprise-Etat-syndicats à la RATP et la SNCF. La CGT s'est engagé à "consulter" les salariés concernés à l'issue du processus de négociation. Il faut « avoir le souci de l'unité des personnels dans les entreprises concernées, pour définir les formes d'action les plus appropriées réunissant le maximum de personnels concernés par ces réformes" a ajouté Bernard Thibault.

Nicolas Maury



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