Les news de la Culture et des Lettres
23/12/2008 18:10

Guinée: Mort du président et tentative de coup d'état

Le président avait ensuite relevé l'âge limite d'exercice du pouvoir en 2001. Sa victoire à la présidentielle de 2003 (avec 95 % des voix) lui garantissait de rester au pouvoir jusqu'en 2010. Le scrutin avait été boycotté par l'ensemble de la classe politique sauf par Bhoye Barry, adversaire plutôt proche du pouvoir.


Quelques heures après la mort du président guinéen Lansana Conté, à 74 ans, des soldats ont annoncé la dissolution du gouvernement et de la constitution. Sa succession n'était pas préparée.

Lansana Conté était arrivé au pouvoir en avril 1984 à la suite d'un coup d'Etat. Il a succédé au premier président de l'ancienne colonie française qui a pris son indépendance en 1958. Le général a remporté la première élection présidentielle multipartite en 1993, dont les résultats avaient été contestés par l'opposition. Lors de l'élection de 1998, son principal opposant fut arrêté avant le scrutin. Le président avait ensuite relevé l'âge limite d'exercice du pouvoir en 2001. Sa victoire à la présidentielle de 2003 (avec 95 % des voix) lui garantissait de rester au pouvoir jusqu'en 2010. Le scrutin avait été boycotté par l'ensemble de la classe politique sauf par Bhoye Barry, adversaire plutôt proche du pouvoir. L'opposition pressait Conté de se retirer en raison de sa mauvaise gestion du pays et de son état de santé. Déjà cloué sur un fauteuil en 1998, il cumulait plusieurs maladies et notamment une forme aiguë de diabète et une leucémie. Il s'était rendu à de nombreuses reprises pour se faire soigner à Cuba, au Maroc et en Suisse depuis 2002.

Ce militaire de carrière s'est accroché au pouvoir jusqu'à la fin. Il s'appuyait sur l'armée pour rester à la tête du pays, malgré une tentative de coup d'Etat en 1985, une mutinerie de soldats en 1996 et plusieurs manifestations hostiles à son égard depuis 2007. En mai dernier, un mouvement de colère de soldats guinéens qui réclamaient le paiement d'arriérés de soldes s'était transformé en mutinerie. Les militaires exigeaient le départ de tous les généraux de l'armée, pilier du régime du général Lansana Conté. Le mois dernier, des milliers de manifestants avaient protesté contre la cherté du carburant et les coupures d'électricité. Selon l'organisation Human Rights Watch, la répression de ces manifestations avait abouti à la mort de "quatre" personnes "au moins", les forces armées ayant parfois tiré à balles réelles.

Les ONG ont maintes fois dénoncé la "gestion calamiteuse" du pays par Conté. Celui qui se décrivait comme un "paysan soldat" et affirmait être entré en politique par hasard avait tout d'abord ménagé de bonnes relations avec les soviétiques. Lansana Conté s'était tourné peu à peu vers les Etats-Unis, intéressés par la bauxite guinéenne. Le pays est le premier exportateur mondial de ce minerai qui permet de produire de l'aluminium. Le sous-sol du pays est également riche en fer, diamant et or. La Guinée est pourtant classée au 160e rang (sur 177) de l'indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement. 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté et le PIB a diminué de 30 % entre 1998 et 2003. Le pays est également champion de la corruption selon Transparency International qui l'a classé en 173 e position (sur 180) dans son dernier rapport. Seule la paix est à mettre au crédit de Lansana Conté. La Guinée a échappé aux guerres et aux troubles de ses voisins et le régime a su maintenir la paix entre ses différentes ethnies.

Si une ambiance de fin de règne existait depuis plusieurs années, Lansana Conté n'avait pas désigné de dauphin. Son décès est "une opportunité" pour la Guinée de "tout remettre à plat" pour restaurer la démocratie et les droits de l'homme, a affirmé mardi 23 décembre le président de la Ligue ivoirienne des droits de l'homme, Patrick N'Gouan. Il observe néanmoins : "Quand Sékou Touré est mort, il n'avait pas préparé sa succession, il avait assimilé les institutions à sa personne". Selon lui, "Lansana Conté a suivi l'exemple de Sékou Touré (...) il ne faut pas s'étonner que le même scénario se répète."


Source: Dabio


Lu 877 fois



Dans la même rubrique :