La gauche pourrait profiter de son duel avec un autre candidat UMP dans une tempête judiciaire. depuis ses années de prison, Alain Carignon se représente devant des électeurs. Condamné, pour corruption, notamment, à quatre ans de réclusion et cinq ans d'inéligibilité, l'ancien maire de Grenoble se porte candidat dans son ancienne circonscription, la 1re de l'Isère. Avant, il s'y faisait élire au premier tour. Mais les électeurs semblent partis pour solder à leur tour le temps des affaires. Selon un sondage publié mardi par le Dauphiné libéré , Alain Carignon n'est pas certain d'être présent au second tour. Et il y serait de toute façon battu par Geneviève Fioraso, la candidate socialiste. «C'était une impasse morale et politique, estime Matthieu Chamussy, gaulliste exclu de l'UMP pour s'être dressé contre le retour du condamné. Elle a miné la droite grenobloise et comme personne ne l'a purgée, c'est le peuple qui va le faire.»
Pour commencer, les électeurs doivent départager deux élus de droite ayant eu affaire à la justice. Face à Alain Carignon, condamné en 1996 (vingt-neuf mois de prison), Richard Cazenave, qui lui avait succédé, s'est maintenu. Lui-même a été condamné en janvier 2005 dans une affaire de financement politique. «Mais il n'a pas fait de prison , insiste l'une de ses proches. Il n'a pas été inéligible, il n'est pas attaquable moralement comme Carignon. Il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes.» Les deux hommes seraient au coude à coude au premier tour selon le sondage du Dauphiné (20 % pour Cazenave, 19 % pour Carignon). Et battus au second par Geneviève Fioraso, qui recueille 62 % des intentions de vote face à Carignon et 53 % face à Cazenave (1). Cette «très forte probabilité de défaite» a poussé hier deux conseillers généraux et cinq maires UMP de la circonscription à demander à Carignon de se retirer.
Les électeurs centristes ne seront d'aucun secours, selon leur candidat, Philippe de Longevialle. «Nous n'appellerons pas à voter pour les condamnés» , assène l'UDF-Modem. Lui-même plafonne pour l'instant à 11 %. «Mais même si je ne gagne pas cette élection, poursuit-il, celle-ci doit permettre de donner un coup de balai. Grenoble a trop souffert d'une image d'affaires et de corruption, parfois associée au grand banditisme. »
Les affaires ont partiellement confisqué la campagne. Pour protester contre le retour d'Alain Carignon, qui lui-même se disait, cet automne, «favorable à une loi prévoyant l'interdiction à vie de se présenter pour un élu condamné» , une centaine de personnalités se sont réunies au sein d'un «groupe Barnave». Du nom d'un révolutionnaire grenoblois qui avait participé à l'arrestation de Louis XVI à Varenne. Fort du soutien de Bernard-Henri Lévy (2) et de Marek Halter, Carignon accuse «la gauche d'avoir refusé d'engager le débat de fond parce que c'était son intérêt de rester sur l'avant-1995». Geneviève Fioraso répond qu'elle n'a pas fait de fixation sur les affaires : «Mais il était difficile de débattre avec lui car il se montre peu. Il a peur du rejet qu'il suscite.»
Les socialistes grenoblois surfent sur la réputation d'Alain Carignon, mais aussi sur les bons résultats de Royal : 58 % à Grenoble le 6 mai. Même la 1re circonscription, nettement plus à droite, n'a donné qu'une très courte majorité à Sarkozy (50,6 %). La mairie met en avant une mutation sociologique sept mille nouveaux habitants depuis 2002, beaucoup de chercheurs, d'ingénieurs, de jeunes cadres. A cet électorat supposé de centre gauche, le PS a proposé avec Geneviève Fioraso une fidèle de Dominique Strauss-Kahn, adjointe aux affaires économiques. Ancienne attachée parlementaire d'Hubert Dubedout, mythique maire des années 70, puis directrice de cabinet de Michel Destot, le maire (PS), elle n'était guère connue que des milieux économiques. «Mais ce qui fait beaucoup de mal à l'opposition , explique son directeur de campagne, c'est qu'elle est soutenue par des hommes d'affaires, des réseaux pragmatiques, et pas forcément de gauche.»
La vie politique locale va aborder un virage important, si la déroute d'Alain Carignon se confirme. La droite pourrait envisager sa reconstruction. Pour la gauche, «ce serait plus difficile , admet Geneviève Fioraso. Mais ce serait beaucoup plus sain».
Pour commencer, les électeurs doivent départager deux élus de droite ayant eu affaire à la justice. Face à Alain Carignon, condamné en 1996 (vingt-neuf mois de prison), Richard Cazenave, qui lui avait succédé, s'est maintenu. Lui-même a été condamné en janvier 2005 dans une affaire de financement politique. «Mais il n'a pas fait de prison , insiste l'une de ses proches. Il n'a pas été inéligible, il n'est pas attaquable moralement comme Carignon. Il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes.» Les deux hommes seraient au coude à coude au premier tour selon le sondage du Dauphiné (20 % pour Cazenave, 19 % pour Carignon). Et battus au second par Geneviève Fioraso, qui recueille 62 % des intentions de vote face à Carignon et 53 % face à Cazenave (1). Cette «très forte probabilité de défaite» a poussé hier deux conseillers généraux et cinq maires UMP de la circonscription à demander à Carignon de se retirer.
Les électeurs centristes ne seront d'aucun secours, selon leur candidat, Philippe de Longevialle. «Nous n'appellerons pas à voter pour les condamnés» , assène l'UDF-Modem. Lui-même plafonne pour l'instant à 11 %. «Mais même si je ne gagne pas cette élection, poursuit-il, celle-ci doit permettre de donner un coup de balai. Grenoble a trop souffert d'une image d'affaires et de corruption, parfois associée au grand banditisme. »
Les affaires ont partiellement confisqué la campagne. Pour protester contre le retour d'Alain Carignon, qui lui-même se disait, cet automne, «favorable à une loi prévoyant l'interdiction à vie de se présenter pour un élu condamné» , une centaine de personnalités se sont réunies au sein d'un «groupe Barnave». Du nom d'un révolutionnaire grenoblois qui avait participé à l'arrestation de Louis XVI à Varenne. Fort du soutien de Bernard-Henri Lévy (2) et de Marek Halter, Carignon accuse «la gauche d'avoir refusé d'engager le débat de fond parce que c'était son intérêt de rester sur l'avant-1995». Geneviève Fioraso répond qu'elle n'a pas fait de fixation sur les affaires : «Mais il était difficile de débattre avec lui car il se montre peu. Il a peur du rejet qu'il suscite.»
Les socialistes grenoblois surfent sur la réputation d'Alain Carignon, mais aussi sur les bons résultats de Royal : 58 % à Grenoble le 6 mai. Même la 1re circonscription, nettement plus à droite, n'a donné qu'une très courte majorité à Sarkozy (50,6 %). La mairie met en avant une mutation sociologique sept mille nouveaux habitants depuis 2002, beaucoup de chercheurs, d'ingénieurs, de jeunes cadres. A cet électorat supposé de centre gauche, le PS a proposé avec Geneviève Fioraso une fidèle de Dominique Strauss-Kahn, adjointe aux affaires économiques. Ancienne attachée parlementaire d'Hubert Dubedout, mythique maire des années 70, puis directrice de cabinet de Michel Destot, le maire (PS), elle n'était guère connue que des milieux économiques. «Mais ce qui fait beaucoup de mal à l'opposition , explique son directeur de campagne, c'est qu'elle est soutenue par des hommes d'affaires, des réseaux pragmatiques, et pas forcément de gauche.»
La vie politique locale va aborder un virage important, si la déroute d'Alain Carignon se confirme. La droite pourrait envisager sa reconstruction. Pour la gauche, «ce serait plus difficile , admet Geneviève Fioraso. Mais ce serait beaucoup plus sain».