Europe
06/06/2009 17:06

Gordon Brown lutte pour sa survie au pouvoir

'Je ne céderai pas, je ne partirai pas, je vais continuer mon travail' : la voix un peu tremblante, Gordon Brown a affirmé hier qu'il s'accrocherait à Downing Street, coûte que coûte.


Le premier ministre britannique, qui lutte pour sa survie au pouvoir, résiste. Et ce malgré des démissions en série au sein de son gouvernement dix ministres et secrétaires d'Etat ont annoncé leur départ depuis mardi et 'une défaite douloureuse du Labour', pour reprendre ses termes, aux élections locales qui se sont tenues en même temps que les élections européennes jeudi et dont les résultats ont été connus vendredi.

M. Brown a gagné du temps alors que la démission surprise, jeudi soir, de son ministre du travail, James Purnell, l'avait mis en grand danger. Le jeune blairiste de 39 ans l'a en effet sommé de se retirer pour laisser au Labour une chance aux élections législatives prévues d'ici un an. Le lendemain, c'était au tour du ministre de la défense John Hutton, et du ministre des transports, Geoff Hoon.

Les ministres encore en poste ne se sont pas ménagés en déclarations de soutien, y compris les blairistes proches de M. Purnell. David Miliband, ministre des affaires étrangères qui, à l'été 2008, s'était positionné pour succéder à un Gordon Brown déjà contesté, est ainsi resté dans le rang.

Les démissions ont continué, mais aucune d'elle n'a été accompagnée d'une remise en question de la légitimité du premier ministre. Seule Caroline Flint, la secrétaire d'Etat à l'Europe qui a dévoilé son départ au moment même où Downing Street annonçait son remaniement, a fait part de ses griefs : M. Brown l'aurait considérée comme une femme potiche, 'qui fait tapisserie au gouvernement'.

M. Brown est encore là, mais extrêmement affaibli. Il n'a pas pu faire le remaniement qu'il souhaitait, pour rebondir au lendemain d'élections qui s'annonçaient calamiteuses. M. Brown voulait déplacer Alistair Darling, ministre de l'économie, ainsi que M. Miliband pour les remplacer par ses deux fidèles lieutenants. Ed Balls, le ministre de l'éducation, rêvait de la chancellerie, et Peter Mandelson, le ministre du commerce, du Foreign Office. Face au risque de voir MM. Darling et Miliband rallier les partants, le premier ministre a reculé, coincé.

Conséquence, son remaniement est minimaliste. A noter la promotion d'Alan Johnson, le ministre de la santé, qui passe à l'intérieur. L'ancien facteur apparaît aujourd'hui comme le favori de ceux qui veulent déloger le premier ministre, et sa nomination permet sans doute de le neutraliser pour un temps.

Cela dit, rien ne garantit que M. Brown sera encore là dans une semaine. Exaspérés par le scandale des notes de frais de Westminster, angoissés par une récession d'une rare violence, et usés par douze ans de pouvoir travailliste, les électeurs ont signifié au gouvernement leur désamour.

Aux élections locales, le Labour a perdu les 4 comtés qu'il dirigeait encore (sur 27), dans des zones, au nord de l'Angleterre, qui lui sont traditionnellement acquises. Il ne s'est pas rattrapé dans les 3 mairies ni dans les 7 conseils d'agglomération qui étaient mis au vote. Au total, il a cédé 250 sièges, sur un total de 2318, pour n'en conserver que 159. Les conservateurs ont pour leur part gagné 217conseillers, et ils en comptent désormais 1330. Tandis que les Libéraux Démocrates en ont perdu 8 et en maintiennent 439.

Selon des informations, 38% des électeurs ont voté tory, 28% Libéral Démocrate et 23% Labour. C'est un résultat désastreux pour ce dernier, mais les conservateurs, s'ils sont les gagnants du scrutin, ne franchissent pas la barre des 40% visés. Par ailleurs, l'élection a vu le Parti national britannique (BNP, extrême droite) prendre deux sièges, et les petits partis progresser.

Dans ce contexte, de nouveaux parlementaires ont demandé vendredi le départ de M. Brown. Les 'whips' chargés de faire régner la discipline de groupe à Westminster sont à l'œuvre pour décourager les 'rebelles'. 'Vous voulez qu'un membre du cabinet se rende dans votre circonscription pendant la campagne des législatives? Alors faites attention', font-ils, par exemple, valoir.

L'efficacité de leurs menaces dépendra des résultats aux élections européennes connus dimanche. S'ils sont désastreux, les élus contestataires pourraient partir à l'attaque. Ils seraient entre 70 et 80 à être prêts à signer une lettre qui demande le départ de M.Brown. Si tel est le cas, les statuts du parti travailliste prévoient que leur chef consulte ses troupes. M. Brown n'est pas sorti d'affaire.


Source: Le Monde via Yahoo News


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