Le Parisien-Aujourd'hui en France mercredi, le ministre des Affaires étrangères, qui s'exprime à l'occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, reconnaît une "erreur" et regrette une "contradiction permanente entre les droits de l'homme et la politique étrangère d'un État, même en France". "On ne peut pas diriger la politique extérieure d'un pays uniquement en fonction des droits de l'homme. Diriger un pays éloigne évidemment d'un certain angélisme", relève-t-il.
Un aveu qui sonne, à première vue, comme un tacle à l'encontre de Rama Yade, secrétaire d'État aux Droits de l'homme. Pourtant, dans cette interview - réalisée au cours du week-end -, le chef de la diplomatie française aurait, d'après nos informations, cherché au contraire à faciliter le départ de Rama Yade d'un portefeuille devenu trop étroit pour elle, en vue du remaniement ministériel annoncé pour janvier. Bernard Kouchner aurait voulu remettre en cause la "structure" et non la personne de Rama Yade, qui occupe ce poste depuis juin 2007. "Elle a fait, avec talent, ce qu'elle a pu", souligne-t-il. "Vous ne pouvez pas tout faire respecter, et par conséquent, vous êtes attaqué en permanence, même quand vous agissez." En voulant lui donner un coup de pouce, Bernard Kouchner aurait donc, involontairement, mis en difficulté Rama Yade.
Une thèse rejetée par l'entourage de la secrétaire d'État pour qui les propos du ministre "ne sont en rien bienveillants". Rama Yade se sentirait bel et bien visée. "S'il avait voulu plaider en sa faveur, il n'aurait jamais laissé passer cette interview telle quelle, sachant qu'il avait, jusqu'à hier soir [mardi soir, NDLR], la possibilité de faire rectifier ses déclarations", glisse-t-on au sein de son secrétariat d'État.
À la mi-journée, Rama Yade a elle-même tenu à clarifier sa position. Lors d'une remise de prix à Paris, la secrétaire d'État a rappelé que "les droits de l'homme servent à quelque chose" et que l'on ne construit jamais rien sur le "renoncement" aux valeurs et principes. "Certes, personne n'est assez naïf pour croire que la politique étrangère se construit uniquement sur des valeurs, mais la France n'a pas renoncé à être la patrie des droits de l'homme." Dans une réponse implicite à Bernard Kouchner, qu'elle n'a jamais citée dans son discours, Rama Yade a également déclaré aux organisations non gouvernementale (ONG) : "Vous en trouverez toujours pour renoncer à ce beau combat. Ceux-là ont le droit d'être dans le renoncement, je suis prête avec vous à reprendre le flambeau car, avec le Président, nous restons à vos côtés." La prise de position de Bernard Kouchner aurait heurté les ONG scandalisées que le French Doctor puisse remettre en cause l'utilité même d'un secrétariat d'État aux Droits de l'homme.
"Il faut qu'elle comprenne que c'est moi qui décide"
Mercredi matin, Bernard Kouchner a tenu à réaffirmer sur Europe 1 que la secrétaire d'État pouvait "être fière". "Elle fait tellement bien son travail." Apparemment gêné par la tournure des événements, il aurait même tenté de joindre Rama Yade sur son portable. Un peu plus tard, à l'issue du conseil des ministres, il a de nouveau insisté devant la presse sur le fait qu'il ne visait pas la secrétaire d'État elle-même. "J'ai simplement dit mon opinion, et surtout mon opinion favorable à l'action de Rama Yade, encore la semaine prochaine sur la violence faite aux femmes, sur les enfants soldats, sur beaucoup de choses." "Simplement, c'est ambigu, c'est tout. Et comme c'est moi qui l'ai proposée [la création d'un secrétaire d'État aux Droits de l'homme, NDLR], je fais amende honorable sur le fond, pas sur Rama Yade, que j'aime et que je respecte et dont je respecte le travail", a conclu Bernard Kouchner.
En toile de fond de cet imbroglio, demeure aussi, bien évidemment, la position délicate dans laquelle s'est placée Rama Yade, dimanche, en déclarant qu'elle ne mènerait pas la liste UMP aux élections européennes de juin 2009. Un mandat "prématuré", selon elle, qui ne lui permettrait pas de donner "le meilleur" d'elle-même.
Cette sortie aurait passablement agacé Nicolas Sarkozy, que la secrétaire d'État aux Droits de l'homme avait tenu à avertir samedi. Problème : le chef de l'État tenait absolument à sa présence comme tête de liste aux européennes. "Je suis davantage motivée par un mandat national que par un mandat européen. C'est comme si vous vouliez me marier de force avec le prince Albert", disait Rama Yade , la semaine dernière . "Il faut qu'elle comprenne que c'est moi qui décide", aurait lâché Nicolas Sarkozy. Et, le chef de l'État, "profondément déçu", aurait décidé après ses propos de ne pas nommer Rama Yade aux Affaires européennes, en remplacement de Jean-Pierre Jouyet.
Source: Dabio
Un aveu qui sonne, à première vue, comme un tacle à l'encontre de Rama Yade, secrétaire d'État aux Droits de l'homme. Pourtant, dans cette interview - réalisée au cours du week-end -, le chef de la diplomatie française aurait, d'après nos informations, cherché au contraire à faciliter le départ de Rama Yade d'un portefeuille devenu trop étroit pour elle, en vue du remaniement ministériel annoncé pour janvier. Bernard Kouchner aurait voulu remettre en cause la "structure" et non la personne de Rama Yade, qui occupe ce poste depuis juin 2007. "Elle a fait, avec talent, ce qu'elle a pu", souligne-t-il. "Vous ne pouvez pas tout faire respecter, et par conséquent, vous êtes attaqué en permanence, même quand vous agissez." En voulant lui donner un coup de pouce, Bernard Kouchner aurait donc, involontairement, mis en difficulté Rama Yade.
Une thèse rejetée par l'entourage de la secrétaire d'État pour qui les propos du ministre "ne sont en rien bienveillants". Rama Yade se sentirait bel et bien visée. "S'il avait voulu plaider en sa faveur, il n'aurait jamais laissé passer cette interview telle quelle, sachant qu'il avait, jusqu'à hier soir [mardi soir, NDLR], la possibilité de faire rectifier ses déclarations", glisse-t-on au sein de son secrétariat d'État.
À la mi-journée, Rama Yade a elle-même tenu à clarifier sa position. Lors d'une remise de prix à Paris, la secrétaire d'État a rappelé que "les droits de l'homme servent à quelque chose" et que l'on ne construit jamais rien sur le "renoncement" aux valeurs et principes. "Certes, personne n'est assez naïf pour croire que la politique étrangère se construit uniquement sur des valeurs, mais la France n'a pas renoncé à être la patrie des droits de l'homme." Dans une réponse implicite à Bernard Kouchner, qu'elle n'a jamais citée dans son discours, Rama Yade a également déclaré aux organisations non gouvernementale (ONG) : "Vous en trouverez toujours pour renoncer à ce beau combat. Ceux-là ont le droit d'être dans le renoncement, je suis prête avec vous à reprendre le flambeau car, avec le Président, nous restons à vos côtés." La prise de position de Bernard Kouchner aurait heurté les ONG scandalisées que le French Doctor puisse remettre en cause l'utilité même d'un secrétariat d'État aux Droits de l'homme.
"Il faut qu'elle comprenne que c'est moi qui décide"
Mercredi matin, Bernard Kouchner a tenu à réaffirmer sur Europe 1 que la secrétaire d'État pouvait "être fière". "Elle fait tellement bien son travail." Apparemment gêné par la tournure des événements, il aurait même tenté de joindre Rama Yade sur son portable. Un peu plus tard, à l'issue du conseil des ministres, il a de nouveau insisté devant la presse sur le fait qu'il ne visait pas la secrétaire d'État elle-même. "J'ai simplement dit mon opinion, et surtout mon opinion favorable à l'action de Rama Yade, encore la semaine prochaine sur la violence faite aux femmes, sur les enfants soldats, sur beaucoup de choses." "Simplement, c'est ambigu, c'est tout. Et comme c'est moi qui l'ai proposée [la création d'un secrétaire d'État aux Droits de l'homme, NDLR], je fais amende honorable sur le fond, pas sur Rama Yade, que j'aime et que je respecte et dont je respecte le travail", a conclu Bernard Kouchner.
En toile de fond de cet imbroglio, demeure aussi, bien évidemment, la position délicate dans laquelle s'est placée Rama Yade, dimanche, en déclarant qu'elle ne mènerait pas la liste UMP aux élections européennes de juin 2009. Un mandat "prématuré", selon elle, qui ne lui permettrait pas de donner "le meilleur" d'elle-même.
Cette sortie aurait passablement agacé Nicolas Sarkozy, que la secrétaire d'État aux Droits de l'homme avait tenu à avertir samedi. Problème : le chef de l'État tenait absolument à sa présence comme tête de liste aux européennes. "Je suis davantage motivée par un mandat national que par un mandat européen. C'est comme si vous vouliez me marier de force avec le prince Albert", disait Rama Yade , la semaine dernière . "Il faut qu'elle comprenne que c'est moi qui décide", aurait lâché Nicolas Sarkozy. Et, le chef de l'État, "profondément déçu", aurait décidé après ses propos de ne pas nommer Rama Yade aux Affaires européennes, en remplacement de Jean-Pierre Jouyet.
Source: Dabio