France
08/10/2008 21:48

Fillon à l'épreuve de l'union sacrée

PARIS- A défaut de rassembler sur son appel à "l'unité nationale", François Fillon affiche son union sacrée avec Sarkozy dans la tourmente financière, une épreuve qui pourrait receler les clés de sa survie à Matignon.



Les circonstances commandant d'aligner un "exécutif de crise", les états d'âme et interrogations passés, même s'ils demeurent, s'effacent sous une démonstration d'unité frappée du sceau élyséen du volontarisme.

S'inscrivant résolument dans la ligne de Nicolas Sarkozy, le Premier ministre a loué ainsi mardi à deux reprises, et avec force superlatifs, la réactivité d'un "homme d'Etat à la barre".

"Ils sont 'raccord', la situation l'impose", souligne un proche, qui s'amuse des spéculations sur la relégation supposée du Premier ministre, notamment lors du sommet du G4 samedi. "Sarkozy est en première ligne, c'est dans le contrat !".

Pour cet autre observateur féru de géométrie, le triangle Elysée-Matignon-Bercy (et le trio économique de conseillers François Pérol-Antoine Gosset-Grainville-Stéphane Richard) - est "équilatéral". "L'interaction est bonne", même si le pilotage échoit à la présidence. En clair, l'ère des "couacs" paraît temporairement révolue.

Les contacts entre l'Elysée et Matignon, qui ont souffert des éclipses, sont réguliers depuis le début de la crise et le Premier ministre retrouve des marges de manoeuvre dans son rôle offensif de chef de la majorité.

"On est dans un scénario très légitime. François Fillon accompagne le travail de Nicolas Sarkozy en termes d'action politique et de visibilité médiatique", estime François Miquet-Marty, directeur de l'institut Viavoice.

Au point désormais d'épouser la courbe déclinante de la cote présidentielle.

Selon un sondage LH2 réalisé les 3 et 4 octobre, Nicolas Sarkozy et François Fillon perdent respectivement six (39% de satisfaits) et sept points (45%).

MISE À L'ÉPREUVE

La surexposition de Nicolas Sarkozy n'épargne pas à son Premier ministre la zone rouge de l'impopularité et là réside peut-être l'assurance de son maintien.

Les rumeurs sur la constitution d'un "gouvernement de crise", qui ont gagné jusqu'aux officines du Fonds monétaire international (FMI) à Washington, où le socialiste Dominique Strauss-Kahn, locataire des lieux, serait dépeint en "Premier ministre de combat", sont balayées au sommet de l'Etat.

"Les échéances sont telles qu'on est plutôt sur un scénario de mise à l'épreuve. Un changement de Premier ministre à court terme, ce serait une haute prise de risque", relève François Miquet-Marty.

"Nicolas Sarkozy a plutôt intérêt à laisser François Fillon faire son travail, quitte à ce que sa popularité s'érode, et à remanier plus tard", estime-t-il.

Aux dires des analystes, un changement de Premier ministre ne susciterait pas l'électrochoc attendu vu les funestes perspectives conjoncturelles, qui désormais semblent devoir dicter la donne politique plus que les échéances des élections européennes (juin 2009) et régionales (printemps 2010).

"Faire sauter un fusible en janvier 2009 après la présidence française de l'Union européenne, c'est prendre le risque de voir un nouveau Premier ministre discrédité à la fin du premier semestre 2009", conclut le directeur de Viavoice.

L'épisode de la crise financière et les répercussions macroéconomiques qui s'ensuivront seraient-ils pour le Premier ministre un purgatoire obligé avant la "libération"?

Depuis quelques jours, François Fillon grimace à nouveau. Pas à cause de la crise, mais en raison de son mal de dos, qui récidive.

La sagesse orientale dit que quand l'âme est bâillonnée, le corps parle. A méditer jusqu'à fin 2009 ?


Source: Yahoo News

Awa Diakhate



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