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04/06/2014 21:35

Entre anti-terrorisme et libertés: quel équilibre?

Le Recteur de la Grande mosquée de Paris, les responsables des institutions musulmanes françaises se plaignent de l’amalgame dont sont victimes les centaines de milliers de musulmans pacifistes de France: on les soupçonne d’intégrisme, de radicalisme et, tant qu’à faire, de possible passage à l’acte djihadiste.


De fait, quand je croise un de ceux que l’on nomme dorénavant salafistes, ornés d’une longue barbe et vêtus d’une djellaba, je veille et me prépare à prendre la défense de celui ou de celle qu’il pourrait haranguer, persécuter. Peine perdue, on a coutume de dire que le port d’une tenue vestimentaire spécifique constitue l’acte 2 de l’endoctrinement. Ceux-là, pour la plupart, ne font que réagir à l’exclusion dont ils souffraient quand ils étaient encore vêtus à l’européenne. Nous, peuple, devons faire notre mea culpa et les gouvernements, depuis 50 ans, aussi.
Les musulmans intégristes capables de passer à l’acte terroriste djihadiste, semble-t-il, sont dissimulés. Il n’empêche, rares sont ceux qui sombrent pour des motifs idéologiques. Ils sombrent parce que la vie les a détruits et parce que rien, hors cette folie, ne leur paraît possible. Il ne s’agit pas de justifier leur attitude - rien ne peut racheter le terrorisme - il s’agit de ne pas susciter les conditions d’en créer d’autres et d'appeler les proches à la vigilance.
En attendant, les musulmans et leurs représentants sont blessés. Outragés. Ils campent malgré eux dans une posture défensive. Devant le score de l’extrême droite aux élections européennes, ils ont, en plus, la pétoche. Par conséquent, ils ne sont pas en position de faire bouger les lignes, de mettre de l’ordre dans leur rangs. Ils ne sont pas en position, stigmatisés eux-mêmes, de faire la chasse aux djihadistes. Pour le mieux, ils nous rappellent que le djihad est une lutte contre soi-même et non contre les autres et que, par conséquent, il est impie de tuer au nom des religions.
Les peuples sont extrêmement manipulables: dans le cadre de la lutte anti-terroriste et anti-djihadiste, nous en venons à entendre sans broncher qu’il est temps de sacrifier une partie de nos libertés au nom de la sécurité, comme si les États n’étaient pas déjà dotés de moyens suffisants pour lutter contre le terrorisme, comme s’ils ne luttaient pas déjà activement, comme s’ils étaient impuissant devant la montée de l’intégrisme hors leurs frontières, incapables de coopérer entre eux. Ça commence par les libertés sur Internet. Personne n’est capable de dire jusqu’où cela ira. Et ceux qui décident du sort de la planète et des humains préfèrent les affaiblir dans des luttes intestines plutôt que d’organiser les conditions honorables de leur survie.


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