Afrique et Moyen-Orient
28/07/2008 17:58

Deux organisations dénoncent la pratique de la torture dans les Territoires


La torture est très régulièrement pratiquée par les forces de sécurité palestiniennes dans les Territoires, affirment lundi deux organisations de défense des droits de l'Homme. Leur constat se base sur des témoignages recueillis depuis que le Hamas a pris le pouvoir dans la Bande de Gaza il y a un an, ne laissant au président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas que le contrôle de la Cisjordanie.


Au cours de l'année écoulée, dans les deux territoires, les forces de sécurité ont procédé à grande échelle à des arrestations arbitraires d'opposants, selon l'organisation palestinienne Al-Haq. Celle-ci a estimé que plus d'un millier de personnes avaient été détenues par chaque camp, et ce avant même l'interpellation de 200 partisans du Fatah à Gaza ce week-end, après l'explosion d'une bombe qui a tué cinq activistes palestiniens.

Lundi, apparemment en représailles, les forces de Mahmoud Abbas ont arrêté plusieurs dizaines de partisans du Hamas en Cisjordanie.

L'organisation palestinienne Al-Haq a réalisé un rapport sur la torture de 85 pages, rassemblant des témoignages de 150 détenus. Selon Shawane Jabarin, directeur d'Al-Haq, 20 à 30% des plus de 2.000 détenus arrêtés en 2007 disent avoir été battus et attachés dans des positions pénibles. Il ajoute que trois prisonniers étaient morts en détention à Gaza et un en Cisjordanie.

De son côté, l'organisation Human Rights Watch (HRW), basée à New York, souligne une nette augmentation des arrestations à caractère arbitraire ou politique depuis la prise de contrôle du Hamas dans la Bande de Gaza. "Le recours à la torture est en augmentation, de manière dramatique", déplore Fred Abrahams, qui travaille pour HRW.

Le Mouvement de la résistance islamique a interpellé nombre de ses rivaux du Fatah, tandis que le Fatah faisait de même avec les militants du Hamas en Cisjordanie, note HRW.

Selon Human Rights Watch, les forces de Mahmoud Abbas doivent être mieux surveillées, en raison du soutien massif dont elles bénéficient depuis l'étranger. "La communauté internationale a promis huit milliards de dollars à l'Autorité palestinienne en Cisjordanie, et cela leur donne la lourde responsabilité de s'assurer que les forces de sécurité n'ont pas recours à la torture et respectent les droits de l'Homme", souligne Fred Abrahams, qui souhaite que l'aide soit conditionnée à l'amélioration de sa situation.

Le Premier ministre de Mahmoud Abbas, Salam Fayyad, reconnaît des "défauts" mais assure que les violations des droits de l'Homme ont diminué. "Les prochains rapports seront meilleurs".

A Gaza, un porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a accusé le gouvernement Fayyad d'essayer de détruire le Hamas en Cisjordanie avec le soutien des Etats-Unis. Il a reconnu que "des erreurs" avaient été faites par les forces du Hamas, mais assuré que contrairement à la Cisjordanie, les fautifs sont punis de plus en plus sévèrement.

Le rapport de Al Haq décrit une série de méthodes utilisées par les forces de sécurité dans les deux Territoires pendant les interrogatoires.

Selon ce rapport, fréquemment, les têtes des détenus étaient couvertes de sacs. Ils avaient les mains liés dans le dos, et devaient rester debout pendant de longues heures. Ceux qui bougeaient risquaient d'être frappés sur les bras, les jambes et les plantes de pieds. Ils étaient aussi menacés, humiliés et isolés dans des cellules minuscules.

Trois anciens détenus, deux de Salem en Cisjordanie et un de Gaza, ont rapporté des faits similaires à l'Associated Press. L'un d'eux, Majdi Jabour, un ouvrier du bâtiment de 33 ans, a raconté avoir été interpellé le 17 novembre par le renseignement militaire à Naplouse près de Salem. Selon lui, ceux qui l'interrogeaient exigeaient de savoir où il aurait caché le fusil automatique de son défunt frère, un membre de l'aile militaire du Hamas tué par les Israéliens en 2002.

Majdi Jabour explique qu'il a assuré n'avoir aucun lien avec le Hamas et ignorer tout de l'arme en question. Il dit avoir été roué de coups de poings ou de matraque les six jours suivants, y compris sur la plante des pied. Ses jambes avaient tellement enflé et ses pieds étaient si douloureux qu'il n'arrivait plus à tenir de bout, affirme-t-il. Il ajoute avoir aussi été forcé de rester debout sous la pluie hivernale pendant plusieurs heures.

Finalement il a été conduit à l'hôpital Rafidiyeh de Naplouse après reçu des coups de tournevis dans le dos et s'être évanoui. Ensuite, il raconte avoir été ensuite transféré au service général du renseignement de Naplouse où les sévices auraient cessé. Mais une semaine plus tard, il devait être opéré pour une appendice perforée, selon un médecin de l'hôpital. Relâché sans qu'aucun chef ne soit retenu contre lui, Majdi Jabour dont les hématomes sur les jambes sont encore visibles huit mois après, a reçu ensuite les excuses du gouverneur de Naplouse.

Source: yahoo news


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