Afrique et Moyen-Orient
02/12/2024 14:07

Des affrontements mortels lors d'un match de football en Guinée

Le 1er décembre 2024, un match de football à N’Zérékoré, dans le sud-est de la Guinée, a viré au drame, faisant au moins une cinquantaine de morts, selon des sources médicales. L’incident a eu lieu lors de la finale d’un tournoi dédié à Mamady Doumbouya, le chef de la junte au pouvoir. Alors que l’équipe locale affrontait celle de Labé, des violences ont éclaté dans les tribunes à la suite d’un penalty contesté, provoquant une tragique bousculade.


Une décision arbitrale contestée déclenche la violence

Alors que les deux équipes étaient à égalité à quelques minutes de la fin du match, l'arbitre a sifflé un penalty controversé en faveur de l’équipe locale. Cette décision a provoqué une forte contestation, d'abord sur le terrain entre les joueurs, puis dans les tribunes. Des supporters en colère ont commencé à lancer des pierres et à manifester leur mécontentement de manière violente. Face à cette agitation, les forces de l'ordre ont réagi en utilisant des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser la foule.

Cependant, cette réponse a exacerbé la situation. La panique s'est rapidement installée parmi les spectateurs, et une bousculade meurtrière a éclaté alors que la foule cherchait désespérément à fuir vers la seule issue du stade. Les autorités locales ont été prises de court, et la situation a échappé à tout contrôle.

Un bilan humain lourd à N’Zérékoré

Le bilan humain est tragique. Selon les sources médicales, plusieurs dizaines, voire une centaine de personnes, ont perdu la vie dans ces affrontements. Les victimes sont principalement des jeunes, souvent des adolescents, qui se sont retrouvés piétinés ou étouffés dans la bousculade. À l’hôpital régional de N’Zérékoré, la scène est apocalyptique. Des témoins affirment que des corps sont alignés dans les couloirs de l’hôpital et que la morgue est pleine. Les médecins, souvent sous anonymat, rapportent qu’ils sont débordés par l'afflux massif de blessés, certains dans un état critique. Les hôpitaux de la région sont incapables de répondre à l'urgence, ce qui aggrave encore la situation.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs vidéos ont circulé montrant des scènes de chaos dans les rues de N’Zérékoré après les affrontements. On y voit des corps inanimés jonchant le sol, des témoignages de témoins choqués, et des scènes de panique généralisée. Les images, bien que difficiles à vérifier dans leur authenticité, illustrent l'ampleur de la violence qui a défiguré cette journée de fête censée célébrer le sport et la solidarité.

Le gouvernement guinéen, quant à lui, est resté silencieux dimanche soir concernant l'incident. Aucune déclaration officielle n’a été faite, et aucune action publique n’a été entreprise pour gérer la situation à ce moment-là.

Le tournoi en question, bien que présenté comme un événement sportif, était en réalité fortement politisé. Il a été organisé pour célébrer le président de la junte, Mamady Doumbouya, arrivé au pouvoir à la suite du coup d’État de septembre 2021. En Guinée, ces derniers mois ont vu se multiplier des événements comme ce tournoi, qui sont perçus par certains comme des signes de soutien à une possible candidature de Doumbouya aux élections présidentielles à venir.

La violence qui a éclaté à N’Zérékoré soulève des questions sur la gestion de ces événements, organisés sans garanties de sécurité adéquates pour les spectateurs. L'usage excessif de la force par les autorités et l'incapacité à contrôler la foule ont directement contribué à la tragédie. D'après les témoignages, la décision de l'arbitre, bien que controversée, n’était que le déclencheur d’une série d’événements hors de contrôle.

Cet incident tragique révèle des tensions profondes dans la société guinéenne, exacerbées par le climat politique instable. Les affrontements entre supporters de football, souvent passionnés, ne sont malheureusement pas nouveaux en Guinée, mais la violence qui a défiguré ce match est sans précédent. 


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