Régions
11/02/2008 15:18

David Martinon renonce à Neuilly-sur-Seine


Sondages et critiques contre son "parachutage" ont eu raison de la candidature de David Martinon à la mairie de Neuilly-sur-Seine, où le porte-parole de l'Elysée espérait emboîter le pas à Nicolas Sarkozy, qui fut maire de cette ville pendant près de 20 ans.



"Les conditions ne sont plus réunies pour que je mène la campagne des municipales à Neuilly. J'en tire toutes les conséquences et je me retire", a déclaré David Martinon lundi à la presse.

"Je tiens à remercier tous ceux, et ils sont nombreux, qui m'ont accompagné, qui m'ont aidé, qui m'ont fait confiance et qui se sont investis dans cette campagne comme je me suis investi, c'est-à-dire sans compter. Je ne les oublierai jamais" a-t-il ajouté, l'air grave, au milieu de partisans.

Cette décision était attendue, au sortir d'un week-end tempétueux pour l'énarque de 36 ans qui se présentait pour la première fois devant des électeurs.

Propulsé en octobre tête de liste à Neuilly, où Nicolas Sarkozy fut maire de 1983 à 2002, David Martinon n'est pas parvenu à faire taire les critiques contre son "parachutage", malgré des dizaines de réunions chez des particuliers et autres déambulations électorales dans les marchés de la ville.

Selon un sondage cité samedi par Le Figaro, la liste UMP qu'il conduisait était devancée par une liste divers droite emmenée par le chef d'entreprise Jean-Christophe Fromentin, qui vit dans cette ville des Hauts-de-Seine depuis plus de 20 ans, David Martinon n'y habitant que depuis quelques mois.

Jean Sarkozy, un des fils du chef de l'Etat, et plusieurs dirigeants locaux de l'UMP se sont désolidarisés dimanche de sa candidature.

David Martinon a annoncé avoir présenté en outre sa démission de ses fonctions de porte-parole au président de la République, qui l'a refusée. Il a renoncé à accompagner Nicolas Sarkozy lors de sa visite en Guyane française, entamée lundi.

"TRAGICOMÉDIE"

"Il a pris une décision dans l'intérêt de sa famille politique", a estimé Yves Jégo, porte-parole de l'UMP, lors du point de presse hebdomadaire de son parti. "Il a sacrifié ce qui pouvait être un intérêt personnel à l'intérêt de sa famille, à l'intérêt de la ville de Neuilly".

Jean-Christophe Fromentin a déclaré de son côté qu'il mènerait la bataille des municipales jusqu'au bout et n'a pas exclu d'accueillir des candidats UMP sur sa liste.

"Je serai candidat jusqu'au bout", a-t-il dit sur France Info. Quant à fusionner sa liste avec celle de l'UMP, "ça n'améliorerait pas le débat", a-t-il estimé.

Une réunion prévue lundi soir à la mairie de Neuilly en présence du secrétaire général de l'UMP, Patrick Devedjian, devait déboucher sur la désignation de la nouvelle tête de liste UMP dans la ville, l'une des plus riches de France.

L'épisode neuilléen, qui fait lundi la "une" de toute la presse, a inspiré des mots sévères aux ténors de l'opposition.

Le premier secrétaire du PS, François Hollande, a dénoncé une "tragicomédie".

"Dans quelle République sommes-nous où on nomme et on renvoie les commis du chef de l'Etat", a-t-il dit à la presse. "On ne sait plus très bien qui décide (...) Dans tous les cas de figure, cela déconsidère la fonction présidentielle".

Pour le maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, qui s'exprimait sur LCI, "c'est révélateur d'une culture politique, d'une manière de faire de la politique qui me heurte, qui me choque, qui ne correspond pas du tout à mes propres engagements".

Interrogé sur France Inter, François Bayrou a dénoncé quant à lui un phénomène de cour.

"Il est profondément malsain de croire qu'une ville appartient à un homme ou à un camp et qu'on veuille imposer de l'extérieur un certain nombre de solutions", a estimé le président du Mouvement démocrate. "Beaucoup de Français écoutent ça en n'en croyant pas leurs oreilles et en se disant 'quand est-ce que ça va s'arrêter et où va-t-on aller ?'"

Des arguments rejetés par l'UMP, qui veut éloigner les déboires de David Martinon du président de la République.

"Vouloir faire de cette affaire de Neuilly une affaire de politique nationale me semble être une grave erreur", a estimé Yves Jégo. "Le président, évidemment, n'est pas désintéressé de ce qui se passe dans la ville qu'il a gérée pendant des années mais l'organisation de tout ça, le choix des hommes se fait à l'UMP et nulle part ailleurs"

A. M. / source web



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