« La tendance la plus évidente » au cours du mois de juillet a été « l'accroissement considérable des enlèvements, du harcèlement, de l'extorsion et des pillages, tant par le Mouvement pour la Justice et l'Egalité (JEM selon son acronyme anglais) que par l'Armée/Mouvement de libération du Soudan (A/MLS), c'est-à-dire les deux groupes rebelles principaux du Darfour, à l'encontre des civils et du personnel humanitaire, indique le Secrétaire général dans son dernier rapport au Conseil de sécurité sur la situation au Darfour.
Les groupes armés ont enlevé des équipes du ministère de la Santé qui menaient des opérations de vaccination contre la polio dans le Nord et le Sud Darfour, indique le rapport, qui précise que si le personnel a été relâché, les ravisseurs ont gardé les véhicules, empêchant ainsi les vaccinations de se poursuivre.
« Tout cela laisse entendre que les chefs des groupes armés manquent à leur obligation d'adhérer au cessez-le-feu humanitaire », indique le Secrétaire général.
Par ailleurs, le banditisme se poursuit sur les grandes routes du Darfour, en particulier entre Nyala et Geneina, y compris lorsque les convois sont accompagnés par la police. De même, « les cambriolages de nuit sont devenus quasiment quotidiens pour les organisations non gouvernementales (ONG) installées à Nyala ».
Le rapport de l'ONU indique aussi que les attaques de Janjaouites, les milices armées pro-gouvernementales, se sont poursuivies au Nord Darfour, visant principalement le bétail.
Le rapport salue par ailleurs la création du Tribunal spécial, présenté par le Gouvernement soudanais comme une solution nationale pour juger les auteurs de crimes graves signalés par la Commission d'enquête de l'ONU au Darfour et renvoyés devant la Cour pénale internationale (CPI).
« Toutefois, aucune des affaires soumises au Tribunal spécial ne répond aux graves violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises lors du conflit au Darfour, entre 2003 et 2004 », indique le Secrétaire général, qui exprime aussi son inquiétude quant à la procédure adoptée par la juridiction.
« Le Gouvernement n'a pas fait assez pour prévenir les actes de violence sexuelle commis de façon continue par les groupes armés autour des camps », souligne par ailleurs le rapport.
Au plan humanitaire, le déploiement de près de 12 500 travailleurs humanitaires a permis d'éviter une catastrophe humanitaire.
Néanmoins, « la vie économique au Darfour a subi une telle dépression que les pertes en revenu pour la ville de Nyala la mènent au bord de la banqueroute », indique le rapport, qui souligne que les parties ont clairement la responsabilité d'améliorer la situation.
Le Secrétaire général engage notamment les parties à parvenir à un accord lors des prochaines négociations à Abuja en vue d'un règlement du conflit.
La reprise de ces négociations est prévue pour le 24 août prochain.