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22/05/2008 10:57

D'ici dix ans, Thales veut doubler son CA


Alors que les marchés spéculent à intervalle régulier sur la vente du bloc de 20,8% détenu par l'équipementier télécoms franco-américain dans le spécialiste de l'électronique de défense, Denis Ranque, P-DG de Thales, a assuré au cours d'une interview accordée à Reuters n'avoir décelé aucun signal en ce sens.


Thales ne dispose d'aucune information laissant penser qu'Alcatel Lucent pourrait sortir de son capital et a l'ambition de doubler son chiffre d'affaires dans les dix prochaines années grâce au renforcement de ses trois principaux métiers.

Le dirigeant a cependant prévenu qu'il préserverait les intérêts de son groupe si des tensions venaient à surgir d'un changement dans son tour de table.

"Nous sommes très satisfaits de la présence d'Alcatel-Lucent au capital, cette entreprise a constamment soutenu notre stratégie. Leur sortie éventuelle est une décision qui leur appartient, pas la mienne. Je n'ai aucune indication d'une intention de vente et j'ai même noté qu'ils avaient laissé entendre le contraire auprès du marché", a-t-il déclaré.

"Ce n'est pas à moi de décider qui est actionnaire du groupe. Ma seule mission, avec le soutien du conseil d'administration, est de veiller qu'aucun actionnaire n'ait de conflit avec la société", a-t-il ajouté.

Denis Ranque fête en 2008 ses dix ans à la tête de Thales. Interrogé sur l'évolution de l'environnement de l'entreprise au cours de la dernière décennie, il a noté que "la frontière entre guerre et paix" s'était estompée : "il y a aujourd'hui une sorte de 'continuum' entre les deux."

"En réalité, nous sommes face à une confusion sémantique. Ce que nous appelions la guerre froide était en réalité une paix armée. Aujourd'hui, nous sommes dans un état de guerre permanent oscillant entre interventions lourdes, comme en Afghanistan, et missions de sécurisation dans d'autres régions. Sans vouloir être arrogant, je crois que Thales a essayé d'accompagner cette évolution du monde", a-t-il expliqué.

Le périmètre d'activité de Thales, concurrent en Europe de BAE Systems, de Finmeccanica et dans une moindre mesure d'EADS, a considérablement évolué ces dernières années et ce jusqu'en 2007, année au cours de laquelle l'ancien Thomson-CSF a intégré les activités spatiales d'Alcatel et pris une participation de 25% dans DCNS en échange de l'apport d'activités navales.

RESTER HOMOGÈNE

"Je serai très heureux si nous parcourons autant de chemin que depuis 1998 sur les dix prochaines années", a souligné Denis Ranque.

Le P-DG a prédit que Thales serait une société proche de ce qu'elle est aujourd'hui en 2018, mondialisée et essentiellement organisée autour de ses trois grands métiers : l'aéronautique et l'espace, la défense et la sécurité.

Denis Ranque veut doubler le chiffre d'affaires du groupe sur la période. L'an dernier, celui-ci a atteint 12,29 milliards d'euros .

Questionné sur l'impact des variations de changes sur les comptes de son groupe, Denis Ranque a balayé les propos de certains analystes selon lesquels la dépréciation de la livre et du dollar contre l'euro se traduirait par un impact négatif sur les ventes.

"Je suis surpris par certains commentaires d'opérateurs. Ce qui importe, ce sont les cas où vos coûts de fabrication sont en euros et ceux de vos concurrents en dollars. C'est le cas pour environ 15% de l'activité chez Thales. Ce n'est pas négligeable mais bien moins que pour les autres groupes aéronautiques européens."

"Nos prévisions tiennent compte de l'impact négatif des parités sur les marges", a-t-il dit. Pour 2008, Thales vise une marge opérationnelle de 8%.

Alors que le Livre blanc de la défense et de la sécurité nationale doit définir la doctrine militaire de la France jusqu'en 2025 - le texte sera présenté au Parlement le 8 juillet -, Denis Ranque a estimé que les budgets militaires dans l'Hexagone devraient rester stables au cours des années à venir et voir leur croissance ralentir au Royaume-Uni, deuxième marché de Thales derrière la France.

Le groupe souhaite par ailleurs augmenter la part de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis, actuellement autour de 10%.

Comme son rival EADS, Thales veut également croître par croissance externe. "Nous ferons des acquisitions mais elles prendront le temps qu'il faut", a commenté Denis Ranque.

Le groupe regardera du côté des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine, ndlr) mais également vers le premier marché mondial de la défense - celui des Etats-Unis - malgré les barrières politiques destinées à protéger des technologies sensibles.

Le dossier DRS Technologies - Finmeccanica (les deux groupes ont convenu d'un rapprochement la semaine dernière) devrait faire office de test.

"Nous aurions examiné ce dossier si nous en avions eu l'opportunité, a noté Denis Ranque, avant d'assurer que l'approche du groupe italien ne remettait pas en cause ses partenariats avec Thales.

Thales et Finmeccanica contrôlent trois coentreprises et envisagent d'en nouer une quatrième dans les sonars.

Source: news.yahoo.com


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