Afrique et Moyen-Orient
16/01/2025 13:30

Crise humanitaire au Soudan : le Darfour au cœur du désastre

Depuis avril 2023, le Soudan est en proie à une guerre dévastatrice opposant l’armée régulière, dirigée par Abdel Fattah al-Burhan, aux Forces de soutien rapide (FSR) de Mohamed Hamdan Daglo. Ce conflit n’a pas seulement plongé le pays dans une violence endémique : il a bouleversé la vie de millions de personnes, particulièrement dans les régions du Darfour et du Kordofan, où les affrontements s’intensifient. Des milliers de familles fuient leur foyer chaque jour, emportant avec elles l’espoir d’un avenir meilleur, mais se heurtant à une insécurité omniprésente et à des conditions de vie précaires.


Des déplacements massifs et une insécurité grandissante

Le conflit a provoqué l’un des plus grands déplacements de populations au monde. À ce jour, plus de 11,5 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur maison. Dans des villes comme Oum Rawaba, au Kordofan-Nord, et Al Malha, au Darfour-Nord, des milliers de familles cherchent désespérément un refuge, souvent sans accès à la nourriture, à l’eau ou à des soins de base. Ces mouvements massifs sont aggravés par des pillages, l’effondrement des réseaux de communication et une insécurité qui paralyse toute intervention humanitaire.

Le Soudan est aujourd’hui le seul pays au monde confronté officiellement à une situation de famine. Environ 24,6 millions de Soudanais, soit près de la moitié de la population, souffrent de malnutrition aiguë. Parmi eux, 637 000 vivent dans des conditions catastrophiques, marquées par une famine extrême. Les régions du Darfour, notamment les camps de déplacés comme Zamzam ou Salam, sont les plus touchées. Les prévisions annoncent que d’ici mai 2025, plusieurs zones supplémentaires basculeront dans cette situation dramatique.

Les appels à l’aide internationale se multiplient, mais les réponses restent bien en deçà des besoins. Les organisations humanitaires, comme Médecins Sans Frontières (MSF), tentent de mobiliser des ressources pour acheminer de la nourriture et des soins dans les régions touchées. Pourtant, l’acheminement de l’aide est ralenti par des obstacles majeurs : insécurité, manque de financements, lourdeurs administratives et infrastructures défaillantes. Depuis l’ouverture du poste-frontière d’Adré en août 2024, entre le Tchad et le Darfour, moins de cinq camions traversent quotidiennement la frontière, alors qu’il en faudrait 400 par mois pour subvenir aux besoins d’un seul camp.

Une situation sanitaire critique

Le conflit a également détruit le système de santé. Plus de 70 % des établissements de santé dans les zones de conflit sont hors service, privant des millions de personnes de soins essentiels. Bien qu’un accord de financement de 82 millions de dollars ait été signé pour soutenir les populations vulnérables, les besoins dépassent largement les ressources disponibles. Les enfants sont particulièrement touchés : la malnutrition et l’absence de vaccinations les exposent à un risque élevé de mortalité.

Le Soudan fait face à une crise humanitaire parmi les plus graves de notre époque. Les projections pour les mois à venir sont alarmantes : la famine pourrait s’étendre à d’autres régions, tandis que les déplacements continueront de croître. Malgré les appels pressants des Nations Unies pour collecter les 4,2 milliards de dollars nécessaires à l’aide humanitaire en 2025, le financement reste dramatiquement insuffisant.
Frank Robin
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