Lors d'une traversée de l'Atlantique, lorsque le navigateur en solitaire affronte une énorme tempête, il sait que le mieux pour lui est d'attendre sagement que le vent cesse de souffler, tant il n'a pas prise sur les éléments. Mais lorsqu'il s'agit d'un paquebot, le capitaine sait bien qu'il ne peut attendre le retour du calme pour rassurer ses passagers, même s'il est tout aussi impuissant.
C'est la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui Nicolas Sarkozy. Il doit parler, il le sait mais réfléchit depuis plusieurs jours avec ses conseillers au contenu de son message. Ce sera donc jeudi prochain à Toulon, lors d'une grande réunion publique réunissant 3000 personnes. Ses dernières interviews télévisées jugées brouillonnes l'on convaincu d'agir cette fois autrement.
Mais l'intensité de la déroute financière pourrait l'inciter à s'exprimer avant, comme il l'a confié jeudi matin à quelques journalistes lors de son déplacement dans le Jura. Il faut dire que depuis lundi et la chute de la banque américaine Lehman Brothers, la crise prend une folle tournure. Chaque jour apporte sa nouvelle crainte de faillite bancaire aux Etats-Unis et les banques centrales sont obligées d'injecter des centaines de milliards de dollars de liquidités dans le système pour éviter la paralysie.
En effet, les banques ne se faisant plus confiances pour se prêter de l'argent tant certaines ont joué avec le feu, les autorités monétaires jouent les pompiers. Cette saine réaction permettra d'éviter un scénario du type crise de 1929 mais elle ne sera pas suffisante. Car contrairement à l'éclatement de la bulle financière en 2002 qui concernait les valeurs nouvelles technologies, c'est aujourd'hui les banques, principalement américaines, qui sont attaquées, autrement dit ce qui est au cœur du système. C'est le mode de financement de l'économie mondiale qui est aujourd'hui malade. D'où le qualificatif de "crise systémique". Il va falloir finir de déceler les actifs fictifs, constater toutes les pertes et rebâtir un nouvel édifice.
Face à une telle désolation de la finance outre-Atlantique, le président de la République ne pourra se contenter de dire que le système bancaire français et européen est protégé et qu'il ne faut pas s'inquiéter. Ces déclarations pourraient être partiellement démenties quand on regarde les dépréciations à venir dans les banques françaises, et la situation très délicate d'un établissement comme Natixis. Il n'y a certes pas de risque de faillite majeure mais les conséquences sur l'économie réelle sont certaines.
Avant toute chose, Nicolas Sarkozy ne va pas manquer de pousser un nouveau "coup de gueule" contre la folie du système financier mondial. Un coup de gueule contre ses pires représentants, les banquiers américains qui ont profité pendant des années de l'absence de contrôle pour prêter à tout va sans se soucier de la solvabilité de millions de ménages. Il ne va pas manquer de rappeler que depuis son élection, il n'a pas cessé d'alerter ses pairs du G8 sur l'urgence de mieux réguler le capitalisme mondial. Mais en vain. Son impuissance montre donc une nouvelle fois qu'il n'y a plus de pilote dans l'avion international. Pire, qu'il n'y a même plus de poste de pilotage.
Mais au delà de la posture classique de victime d'un système, le chef de l'Etat va afficher son volontarisme, refuser de parler de crise et encore plus de rigueur. Il va insister sur la nécessité de poursuivre les réformes pour profiter d'une éventuelle embellie fin 2009. Mais l'on attend de Nicolas Sarkozy une mise en cohérence de tous ses choix budgétaires et fiscaux dans un contexte économique qui va évidemment encore se dégrader. La conséquence concrète de cette crise financière va être pour les Français comme pour les entreprises un crédit plus cher, donc des investissements, des achats immobiliers et des créations d'emplois plus difficiles.
Résultat, cette année comme l'an prochain, l'économie française progressera au mieux de 1 %, soit moins que la moyenne de la zone euro. Le déficit public dépassera la barre des 3 % du PIB mais surtout le chômage qui, à 7,2 % au deuxième trimestre, reste l'un des plus élevés d'Europe, risque de repartir à la hausse, comme le montre les derniers plans de licenciements dans l'automobile.
Dans cette conjoncture, comment Nicolas Sarkozy va-t-il justifier la poursuite de l'endettement public, contre les préconisations de son Premier ministre François Fillon ? N'est-ce pas ruiner les marges de manœuvre futures en cas de ralentissement durable de l'économie mondiale ? "Il faut avoir en tête qu'un scénario à la japonaise n'est pas exclu. Là-bas, la crise bancaire a entraîné 15 ans de croissance plate et de faillites à la chaîne dans les années 90, explique un banquier. Or le pouvoir politique a pour mission première de se préparer au pire. Il faut qu'il dise aux peuples que la fête est momentanément finie".
Source: Dabio
C'est la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui Nicolas Sarkozy. Il doit parler, il le sait mais réfléchit depuis plusieurs jours avec ses conseillers au contenu de son message. Ce sera donc jeudi prochain à Toulon, lors d'une grande réunion publique réunissant 3000 personnes. Ses dernières interviews télévisées jugées brouillonnes l'on convaincu d'agir cette fois autrement.
Mais l'intensité de la déroute financière pourrait l'inciter à s'exprimer avant, comme il l'a confié jeudi matin à quelques journalistes lors de son déplacement dans le Jura. Il faut dire que depuis lundi et la chute de la banque américaine Lehman Brothers, la crise prend une folle tournure. Chaque jour apporte sa nouvelle crainte de faillite bancaire aux Etats-Unis et les banques centrales sont obligées d'injecter des centaines de milliards de dollars de liquidités dans le système pour éviter la paralysie.
En effet, les banques ne se faisant plus confiances pour se prêter de l'argent tant certaines ont joué avec le feu, les autorités monétaires jouent les pompiers. Cette saine réaction permettra d'éviter un scénario du type crise de 1929 mais elle ne sera pas suffisante. Car contrairement à l'éclatement de la bulle financière en 2002 qui concernait les valeurs nouvelles technologies, c'est aujourd'hui les banques, principalement américaines, qui sont attaquées, autrement dit ce qui est au cœur du système. C'est le mode de financement de l'économie mondiale qui est aujourd'hui malade. D'où le qualificatif de "crise systémique". Il va falloir finir de déceler les actifs fictifs, constater toutes les pertes et rebâtir un nouvel édifice.
Face à une telle désolation de la finance outre-Atlantique, le président de la République ne pourra se contenter de dire que le système bancaire français et européen est protégé et qu'il ne faut pas s'inquiéter. Ces déclarations pourraient être partiellement démenties quand on regarde les dépréciations à venir dans les banques françaises, et la situation très délicate d'un établissement comme Natixis. Il n'y a certes pas de risque de faillite majeure mais les conséquences sur l'économie réelle sont certaines.
Avant toute chose, Nicolas Sarkozy ne va pas manquer de pousser un nouveau "coup de gueule" contre la folie du système financier mondial. Un coup de gueule contre ses pires représentants, les banquiers américains qui ont profité pendant des années de l'absence de contrôle pour prêter à tout va sans se soucier de la solvabilité de millions de ménages. Il ne va pas manquer de rappeler que depuis son élection, il n'a pas cessé d'alerter ses pairs du G8 sur l'urgence de mieux réguler le capitalisme mondial. Mais en vain. Son impuissance montre donc une nouvelle fois qu'il n'y a plus de pilote dans l'avion international. Pire, qu'il n'y a même plus de poste de pilotage.
Mais au delà de la posture classique de victime d'un système, le chef de l'Etat va afficher son volontarisme, refuser de parler de crise et encore plus de rigueur. Il va insister sur la nécessité de poursuivre les réformes pour profiter d'une éventuelle embellie fin 2009. Mais l'on attend de Nicolas Sarkozy une mise en cohérence de tous ses choix budgétaires et fiscaux dans un contexte économique qui va évidemment encore se dégrader. La conséquence concrète de cette crise financière va être pour les Français comme pour les entreprises un crédit plus cher, donc des investissements, des achats immobiliers et des créations d'emplois plus difficiles.
Résultat, cette année comme l'an prochain, l'économie française progressera au mieux de 1 %, soit moins que la moyenne de la zone euro. Le déficit public dépassera la barre des 3 % du PIB mais surtout le chômage qui, à 7,2 % au deuxième trimestre, reste l'un des plus élevés d'Europe, risque de repartir à la hausse, comme le montre les derniers plans de licenciements dans l'automobile.
Dans cette conjoncture, comment Nicolas Sarkozy va-t-il justifier la poursuite de l'endettement public, contre les préconisations de son Premier ministre François Fillon ? N'est-ce pas ruiner les marges de manœuvre futures en cas de ralentissement durable de l'économie mondiale ? "Il faut avoir en tête qu'un scénario à la japonaise n'est pas exclu. Là-bas, la crise bancaire a entraîné 15 ans de croissance plate et de faillites à la chaîne dans les années 90, explique un banquier. Or le pouvoir politique a pour mission première de se préparer au pire. Il faut qu'il dise aux peuples que la fête est momentanément finie".
Source: Dabio